Ce contenu a été publié le 27 septembre 2023 – 11:58
(Keystone-ATS)
L’ambassadeur de France au Niger a quitté Niamey tôt mercredi matin. Cette demande des militaires au pouvoir a été acceptée par Paris après plusieurs semaines de confrontation.
“L’ambassadeur”, Sylvain Itté, “et six collaborateurs ont quitté Niamey vers 4 heures du matin”, a déclaré une source diplomatique à l’AFP. Son départ a été confirmé par une source nigérienne au ministère de l’Intérieur qui a précisé à l’AFP que l’avion était en route vers le Tchad.
Le président français Emmanuel Macron avait annoncé dimanche soir que M. Itté rentrerait à Paris “dans les prochaines heures”. Le lendemain, le régime nigérien arrivé au pouvoir par un coup d’Etat le 26 juillet a déclaré attendre “que cette déclaration soit suivie d’actes officiels venant des autorités françaises compétentes”.
Les militaires exigeaient le départ de M. Itté depuis fin août. Ils lui avaient retiré son immunité et son visa diplomatiques, mais Paris refusait jusqu’ici de le rappeler.
La France affirme depuis le coup d’Etat qu’elle ne reconnaît pas la légitimité des militaires au pouvoir et que son interlocuteur reste le président renversé Mohamed Bazoum.
Né à Bamako en 1959, Sylvain Itté était en poste depuis un an, quasiment jour pour jour, au Niger. Diplomate depuis 35 ans, il a été nommé ambassadeur en Uruguay en 2013, puis ambassadeur en Angola de 2016 à 2020.
Départ des soldats
Emmanuel Macron a également annoncé dimanche que les 1500 soldats français engagés au Niger dans la lutte contre le terrorisme quitteraient le pays d’ici la fin de l’année, répondant à une autre demande du régime de Niamey.
Selon M. Macron, la France met ainsi fin à sa coopération militaire avec les autorités de fait du Niger, car elles ne veulent plus lutter contre le terrorisme.
Les militaires ont qualifié ces annonces de “nouvelle étape vers la souveraineté du Niger”, mais ont également souhaité que ce retrait se fasse “dans un cadre négocié et d’un commun accord pour une meilleure efficacité”.
Le Niger, tout comme ses voisins le Burkina Faso et le Mali, est régulièrement la cible d’attaques djihadistes sur son territoire depuis plusieurs années.
Les relations entre Niamey et Paris, son ancienne puissance coloniale, sont très tendues depuis le coup d’Etat du 26 juillet. Des manifestations et des rassemblements pour le retrait des troupes françaises au Niger ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes ces dernières semaines dans la capitale.
C’est le troisième pays sahélien à demander le retrait des troupes françaises en moins de deux ans, après le Mali et le Burkina Faso, également dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’Etat.
La France doit “revoir sa présence”
“La France n’a pas su se retirer au bon moment et a voulu continuer à jouer le rôle de leader dans un contexte où l’environnement sociologique a beaucoup changé”, analyse Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur principal à l’Institut des études de sécurité (ISS), spécialiste du Sahel.
“La France doit totalement revoir sa présence en Afrique, pas seulement au Sahel. Nous avons des populations très jeunes, décomplexées, qui ont accès à toutes les informations sur ce qui se passe dans le monde, et la France n’est plus la référence numéro 1 pour beaucoup de personnes”, ajoute-t-il.
Les États-Unis, qui ont 1100 soldats au Niger, ont indiqué qu’ils évaluaient également leurs options concernant un éventuel retrait. La semaine dernière, l’Allemagne avait prévenu que ses cent soldats déployés au Niger pourraient également se retirer si la France choisissait cette option.
