Il y a une frustration refoulée en Chine. Cette semaine, cela s’est traduit par une violente confrontation entre plusieurs centaines de travailleurs et la police dans la plus grande usine d’iPhone au monde.
Ceci est un commentaire. Le commentaire exprime la position de l’auteurLes Chinois sont soumis aux mesures corona les plus strictes au monde. Aujourd’hui, la Chine est frappée par une nouvelle vague d’infection. Cela signifie des mesures encore plus invasives.
Sur un autre bord du grand pays, à Urumqi dans le Xinjiang, les gens manifestent également dans les rues contre les mesures strictes de corona. Ils pensent que la fermeture de la ville a retardé les travaux de sauvetage après qu’un incendie s’est déclaré jeudi dans un immeuble. Dix personnes sont mortes.
Dans d’autres pays, des sociétés ont été rouvertes. Nous avons appris à vivre avec le virus. En Chine, le virus doit être éradiqué, par tous les moyens.
Les Chinois n’y sont pas parvenus. La Chine n’a pas enregistré auparavant autant de nouveaux cas de Covid qu’elle ne l’est actuellement.
Il y a trois ans, les habitants de la grande ville de Wuhan ont commencé à tomber malades à cause d’un virus nouveau et inconnu. La maladie a ensuite reçu un nom, covid-19. Pendant quelques mois d’hiver, l’infection s’est propagée dans le monde entier et est devenue la pandémie la plus grave depuis la grippe espagnole il y a plus de 100 ans.
Lorsqu’une harmonie sociale recherchée et imposée est perturbée, en l’occurrence par un virus, les autorités chinoises deviennent soudainement folles. La censure normalement efficace n’empêche pas l’expression du mécontentement.
Comme à Wuhan il y a trois ans. Et à Zhengzhou et Urumqi cette semaine.
Lorsque le virus s’est propagé à Wuhan, la première réaction des autorités a été de fermer les yeux et de punir les lanceurs d’alerte. C’était la pire chose qu’ils pouvaient faire face à un virus inconnu et hautement contagieux.
Les médias sociaux ont été utilisés pour diffuser des informations, mais aussi pour exprimer une critique rare des autorités. Pendant un moment, le Parti communiste a perdu le contrôle de la situation.
Cette semaine, des séquences vidéo ont été publiées sur les réseaux sociaux montrant les événements dramatiques survenus sur l’immense site de l’usine de Foxconn à Zhengzhou, où 200 000 personnes vivent et travaillent pour fabriquer des iPhones pour le marché mondial.
Des travailleurs abattent des barricades et se battent avec des policiers en tenue de protection. Les employés sont battus et arrêtés. Ils crient de nous payer des salaires et de défendre nos droits. Les raisons des protestations seraient la frustration suscitée par les mesures corona, les primes différées et les mauvaises conditions de travail.
Les manifestations après l’incendie d’Urumqi se sont également propagées sur les réseaux sociaux.
À Wuhan, le temps libre pour les déclarations critiques sur les réseaux sociaux était rapidement terminé. Après avoir d’abord nié qu’il y avait un problème, les autorités ont introduit des mesures draconiennes pour arrêter la propagation du virus. Les villes étaient isolées du monde extérieur. Des millions ont été en pratique assignés à résidence. À Zhengzhou, les autorités ont réagi en fermant la ville pendant au moins cinq jours.
Pour le président Xi Jinping, la chose la plus importante est que le Parti communiste contrôle la population. Rien n’est plus terrifiant que de perdre son emprise.
Apparemment, le zéro-Covid a longtemps été une stratégie réussie, bien que très lourde. Il y avait moins de malades et un nombre de morts bien inférieur en Chine que dans la grande majorité des autres pays. Cela correspondait au récit du régime selon lequel le modèle de gouvernance chinois est supérieur au modèle occidental.
Mais la Chine n’était pas aux commandes il y a trois ans. Ils ne les ont pas non plus maintenant. Plus de 32 000 nouveaux cas d’infection ont été signalés ces derniers jours. C’est très peu pour une population de 1,4 milliard d’habitants. Mais on est loin de la vision zéro des autorités.
Les analystes de Capital Economics ont déclaré à Reuters que les prochaines semaines pourraient être les pires en Chine depuis les premières semaines de la pandémie, tant pour l’économie que pour le système de santé.
Pékin ferme les centres commerciaux et les parcs. Plusieurs villes mettent en place des fermetures partielles. Il y a un danger que, pour des millions de Chinois, ce ne soit que la première étape vers un arrêt plus étendu, des tests de masse et une quarantaine.
Il y a quelques semaines à peine, les autorités ont annoncé qu’elles réduiraient la période de quarantaine et réduiraient le traçage des infections. Mais lorsque le nombre d’infections augmentera et que le zéro-Covid sera fixé, des mesures plus strictes viendront. Il devient de plus en plus difficile de convaincre les citoyens que c’est vraiment nécessaire.
Le problème est que les Chinois sont particulièrement vulnérables à une nouvelle vague d’infection. Les personnes âgées ont, dans une faible mesure, été complètement vaccinées. Le vaccin auto-développé du pays devrait offrir une moins bonne protection que les alternatives occidentales. Relativement peu ont été infectés jusqu’à présent. En somme, l’immunité dans la population est faible.
Les mesures corona strictes ont eu un prix économique élevé. La Chine n’atteint pas l’objectif de croissance économique du Parti communiste cette année. Ce sera la croissance la plus faible depuis des décennies.
20% des jeunes chinois sont au chômage. De nouveaux arrêts signifient que la production chute encore. Le régime est incapable de tenir ses promesses de croissance et de prospérité continues s’il veut mettre en œuvre simultanément les mêmes mesures corona strictes et désormais de plus en plus impopulaires.
Des manifestations dans les grandes villes comme Guangzhou, Zhengzhou et Urumqi, des manifestations sporadiques ailleurs et des critiques inhabituelles sur les réseaux sociaux sont des signes que la patience des Chinois avec les politiques pandémiques des autorités s’épuise. La question est de savoir combien de temps Xi Jinping peut continuer sur sa lancée actuelle, avant que les protestations ne deviennent un danger.
