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Les politiques sociales pourraient réduire le risque de démence chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer

Les politiques sociales pourraient réduire le risque de démence chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer

Existe-t-il un lien entre les politiques sociales visant à lutter contre la pauvreté et la maladie d’Alzheimer sans démence, un syndrome susceptible de conduire à la démence chez les personnes âgées qui restent cependant cognitivement saines et autonomes?

C’est ce que suggèrent les résultats d’une méta-analyse réalisée par une équipe comprenant des membres de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (ESPUM) et du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Nord-de-l’Île-de-Montréal (CIUSSS-NIM).

Rédigée par Yuliya Bodryzlova, doctorante à l’ESPUM, sous la direction du professeur associé et chercheur au Centre de recherche du CIUSSS-NIM Grégory Moullec, cette étude de type écologique avec méta-analyse, récemment publiée dans le Journal of Aging and Social Policy, visait à vérifier si les politiques sociales sont associées à l’absence de démence chez les personnes présentant un syndrome typique de la maladie d’Alzheimer.

Cette méta-analyse repose sur 18 études de cohorte combinées avec des indicateurs de politiques sociales provenant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ces études ont été menées de 1991 à 2021.

Des traces de la maladie d’Alzheimer sans démence

Ioulia Bodryzlova

Crédit : Courtoisie

La démence correspond à un ensemble de symptômes associés à une détérioration progressive des fonctions cognitives qui affecte les activités quotidiennes. Cette affection est causée par différentes lésions dans le cerveau et la maladie d’Alzheimer en est la cause la plus courante.

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Ainsi, l’équipe de recherche a analysé les données des 18 études portant sur le parcours de vie des participants, dont l’âge moyen au décès était de 87 ans, ainsi que sur l’autopsie de leur cerveau. Chaque étude comportait en moyenne des données sur 109 cerveaux.

“Les gens ont été examinés à différents moments de leur vie, ce qui nous a permis d’obtenir des informations sur l’évolution de leur fonctionnement cognitif de leur vivant et sur les changements neuropathologiques de type Alzheimer observables lors de l’autopsie du cerveau”, explique Yuliya Bodryzlova.

Ensuite, l’équipe de recherche a associé les données des personnes ayant des traces de la maladie d’Alzheimer dans leur cerveau – sans toutefois être atteintes de démence – avec des indicateurs de politiques sociales en vigueur dans les pays où ces personnes ont vécu (États-Unis, Royaume-Uni, Autriche, Finlande, Pays-Bas, Norvège et Suisse).

Pas moins de 12 indicateurs de politiques sociales de l’OCDE ont été utilisés, notamment le pourcentage du produit intérieur brut consacré aux dépenses sociales et aux services destinés aux personnes âgées, les dépenses publiques totales de santé et de soins ambulatoires, l’écart de pauvreté, l’indice de Gini et les indicateurs d’égalité entre les sexes.

L’indice de Gini, qui mesure l’écart de distribution des revenus dans la population, s’est révélé particulièrement utile pour établir un lien entre les politiques sociales et leur effet sur le risque de démence. L’indice varie de 0 à 1, un score de zéro représentant une distribution parfaitement égale des revenus entre les individus et un score de 1 signifiant qu’une seule personne possède théoriquement tous les revenus.

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“Par exemple, l’indice de Gini au Canada est d’environ 0,3, tandis qu’il est de 0,6 au Brésil”, illustre la chercheuse originaire du Kazakhstan. “Le pays où la distribution des revenus est la plus équitable est la Slovaquie, avec un indice de 0,24.”

Inégalité de revenu et pauvreté associées à davantage de démence

Le premier constat est que 39 % des cerveaux autopsiés présentaient des signes de détérioration cérébrale modérée liée à la maladie d’Alzheimer sans que les individus aient souffert de démence pendant leur vie. En revanche, seuls 9 % de ceux dont le cerveau présentait des lésions cérébrales avancées n’avaient pas souffert de démence.

Ces résultats étaient similaires pour les hommes et les femmes, bien que ces dernières représentent les deux tiers des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer dans la population générale.

Yuliya Bodryzlova et son équipe ont également observé que de faibles inégalités de revenu et des taux de pauvreté réduits, combinés à des dépenses plus élevées pour les soins de longue durée, étaient significativement associés à une réduction du risque de démence chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

De plus, les résultats indiquent que chaque augmentation de 5 % de l’indice de Gini en matière d’égalité des revenus parmi les personnes de 65 ans et plus se traduit par une augmentation de 6 % de la probabilité de ne pas souffrir de démence malgré la présence de lésions cérébrales modérées liées à la maladie d’Alzheimer.

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De même, une diminution de 1 % de la proportion de personnes ayant un revenu équivalent à 50 % du revenu médian augmente de 1 % les chances de ne pas être atteint de démence en présence de la maladie d’Alzheimer.

Des conséquences sur le stress

Selon Yuliya Bodryzlova, les politiques sociales plus progressistes “peuvent avoir des répercussions sur les cellules cérébrales en réduisant le stress et en favorisant l’inclusion”.

“Le pouvoir des politiques sociales dans la réduction du fardeau de la démence est souvent négligé par les décideurs politiques et les scientifiques”, juge-t-elle. Et “les lignes directrices de 2019 de l’Organisation mondiale de la santé sur la réduction du risque de déclin cognitif et de démence sont au mieux inutiles, compte tenu de l’efficacité modérée des interventions individuelles sur les changements de comportement à long terme et du peu de progrès dans le développement de traitements”.

Yuliya Bodryzlova conclut : “Et dans le pire des cas, les politiques peuvent être néfastes car elles détournent les rares ressources de santé de la mise en œuvre d’interventions efficaces à l’échelle de la population. Nos résultats pourraient orienter de nouvelles interventions visant à ré
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2023-11-03 22:20:09

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