Face à l’augmentation constante des coûts de la santé, les pharmaciens envisagent de les réduire en proposant des consultations. La nouveauté est que certaines de leurs prestations sont désormais remboursées par l’assurance de base (LAMal).
Depuis un peu plus d’un mois, Sandrine Portela, pharmacienne à Genève, effectue des consultations médicales dans le petit cabinet de sa pharmacie. Les questions qu’elle pose aux patients suivent un protocole établi en partenariat avec la plateforme de télémédecine Soignez-moi.ch.
“Pour les cas bénins, très simples, comme une infection urinaire sans complications passées, je pense que c’est très bien”, estime Sandrine Portela vendredi dans le 19h30 de la RTS. “Nous sommes tout à fait capables. Nous nous retrouvons souvent avec des personnes qui viennent au comptoir, qui veulent un antibiotique, mais qui n’ont pas d’ordonnance.”
Remboursement par l’assurance de base
Les infections urinaires, les piqûres de tiques ou les angines, ces petits maux sont pris en charge par la pharmacienne et les consultations sont facturées deux fois moins cher que chez un médecin.
La pharmacienne peut prescrire et vendre elle-même des médicaments qui nécessiteraient normalement une ordonnance médicale. Le patient reçoit ensuite l’appel d’un médecin pour valider le traitement. Tout cela est désormais remboursé par l’assurance de base.
Valoriser le rôle du pharmacien pour réduire les coûts de la santé est l’objectif du Groupe Mutuel et d’Assura, qui proposent des modèles alternatifs pour éviter que les patients se rendent aux urgences. Assura espère ainsi une réduction de 10% des coûts de la santé, à un moment où les primes vont à nouveau augmenter.
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“Si vous vous rendez dans une pharmacie partenaire, la prestation est prise en charge par l’assurance, sans compter la franchise. C’est une nouveauté”, indique Ruedi Bodenmann, directeur d’Assura.
Réticence des médecins
PharmaSuisse, l’association des pharmaciens, se réjouit de cette reconnaissance de la profession, mais souhaiterait aller plus loin. Dans certains cas simples, il faut toujours une approbation médicale pour délivrer certains médicaments. Quant à la vaccination, elle nécessite toujours une ordonnance pour être remboursée.
Côté médecins, on apprécie l’aide apportée par les pharmaciens, mais on pose des limites. “La prescription de traitements par des pharmaciens pose la question de la responsabilité”, estime Philippe Eggimann, vice-président de la Fédération des médecins suisses. “S’ils veulent le faire, ils doivent se former, mais ils doivent aussi assumer pleinement la responsabilité vis-à-vis du patient.”
>> Le débat de Forum entre Verena Nold, directrice de santésuisse, Rebecca Ruiz, conseillère d’État vaudoise chargée du Département de la santé et des affaires sociales, Philippe Eggimann, vice-président de la Fédération des médecins suisses (FMH), et Yannis Papadaniel, responsable santé à la Fédération romande des consommateurs (FRC):
Feriel Mestiri/exercice
