Le Libé des historiens
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Depuis l’attaque du Drakkar au Liban en 1983, les choses ont évolué et le sujet est maintenant davantage assumé. Cependant, les responsables politiques ont du mal à aborder correctement, dans le débat public, la mort des militaires français à l’étranger. Cette attitude ne rend pas justice aux défunts et rend la compréhension de l’armée par la population encore plus floue.
A l’occasion des “Rendez-vous de l’histoire”, qui se déroulent à Blois du 4 au 8 octobre, la rédaction de Libération invite une trentaine d’historiens et historiennes à porter un regard différent sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque le jeudi 5 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.
Il y a quarante ans, le 23 octobre 1983, la question de la mort des militaires français en opération extérieure a soudainement fait son apparition dans l’espace public. Ce jour-là, à Beyrouth, l’immeuble Drakkar où étaient stationnées des troupes françaises a été détruit par une explosion ; 58 militaires et la famille du gardien libanais ont perdu la vie. Cela a été un choc. Les opérations extérieures font pourtant partie du paysage français depuis la fin des années 70, après une première expérience au Tchad à partir de 1969, mais à aucun moment la dangerosité de ces déploiements n’a été clairement expliquée aux Français.
En effet, depuis la fin de la guerre d’Algérie, l’idée de combattre est sortie du champ, marquée par trop de souvenirs douloureux. Le service militaire est présenté comme un rite initiatique sympathique ; avec la dissuasion nucléaire, les forces armées affirment qu’elles préparent la guerre pour éviter d’avoir à la combattre. Il n’est pas temps pour une parole politique qui assume d’envoyer des militaires français dans des situations de conflit.