Plusieurs médias occidentaux ont cité dimanche après-midi le procureur général iranien disant que la police controversée des mœurs serait fermée, après de grandes manifestations dans le pays cet automne.
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VG faisait partie des journaux qui ont cité le procureur général iranien Mohamed Jafar Montazeri, qui lors d’une conférence religieuse samedi soir aurait dû dire que la police morale serait fermée, selon des déclarations reproduites par AP et AFP.
Par la suite, plusieurs médias iraniens, dont la chaîne de télévision publique al-Alam, ont rejeté cette affirmation :
– Certains médias étrangers tentent de présenter les paroles du procureur général comme un retrait de la République iranienne en matière de hijab et de silence, écrivez al-Alam dimanche soir.
La chaîne de télévision écrit que Jafar Montazeri a été mal cité, et qu’il aurait plutôt dû parler de la police des mœurs ayant “démissionné” des patrouilles au cours de la dernière fois.
La police des mœurs en Iran est controversée et applique, entre autres, des règles strictes sur la façon dont les femmes peuvent s’habiller.
Les derniers mois en Iran ont été marqués par de grandes manifestations, après Mahsa Amini, 22 ans, est décédée sous la garde de la police des mœurs. Les manifestations se sont également étendues à de grandes parties du reste du monde, y compris la Norvège.
Les autorités iraniennes ont sévèrement réprimé la vague de protestations. L’ONU estime qu’environ 14 000 personnes ont été arrêtées au cours de l’automne, et les organisations de défense des droits de l’homme ont affirmé qu’environ 400 ont été tuées.
– Je n’y ai pas cru une seconde
Sharam Alghasi, professeur au département de communication du Kristiania University College, suit de près les développements en Iran.
– Quand j’ai appris la nouvelle ce week-end, je n’y ai pas cru une seconde. C’est typique du régime iranien d’avoir tellement d’organes de pouvoir différents que vous devenez complètement confus, dit-il à VG.
– Néanmoins, rien n’est décidé avant que le chef spirituel ou les gardiens de la révolution n’aient donné leur accord, ce que nous n’avons pas vu dans ce cas, précise le professeur.
L’ayatollah Ali Khamenei, religieux conservateur, est le chef suprême de l’Iran depuis 1989. Il y a deux semaines il a félicité les gardiens de la révolution iraniens pour “avoir fait face aux émeutes” dans le pays, malgré les critiques du monde extérieur.
Sharam Alghasi pense que le régime a eu une stratégie de communication délibérée au cours du week-end et un désir de semer la confusion sans que rien de fondamental ne change réellement.
– Alors la police des mœurs iranienne n’est pas finie ?
– La police morale est loin d’être finie. C’est une question d’idéologie pour eux et je serais choqué s’ils faisaient de telles concessions. Nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu’ils respectent leurs principes, dit-il plus loin.
Marianne Hafnor Bøe, spécialiste de l’Iran et professeur d’études religieuses à l’Université de Stavanger, souligne qu’il existe néanmoins une certaine opposition interne à la police des mœurs parmi les autorités iraniennes, et qu’elle a donc été déroutante à suivre.
Le professeur souligne que la police morale est une institution relativement nouvelle, datant d’environ 2006, et qu’elle n’était pas une partie originale de la République islamique dans le pays.
– Ils (la police morale, ndlr) n’ont pas eu de patrouilles récemment, et il y a de nombreux indices qu’il y a une discussion interne sur ce qu’il adviendra d’eux à l’avenir, confie-t-elle à VG.
Publié: 05.12.22 à 14:56