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Les maladies non transmissibles en Afrique : un double fardeau et l’urgence d’agir

Les maladies non transmissibles en Afrique : un double fardeau et l’urgence d’agir

«On comprend beaucoup mieux les épidémies et les infections. Il y a eu un bond qualitatif pour les contrôler même si de nouvelles pandémies arrivent comme Ebola ou le covid, explique la ministre d’Etat sénégalaise Awa Marie Coll Seck dont le pays parraine la rencontre. Mais on s’est pris une gifle il y a quelques années en se rendant compte de l’ampleur des MNT. On ne peut plus dire qu’on s’occupe des épidémies et on verra plus tard pour le reste. Nous sommes confrontés à un double fardeau. C’est une spécificité de l’Afrique.» Le premier ministre sénégalais, Amadou Ba – qui s’est récemment déclaré candidat à la présidentielle –, a évoqué pour sa part une «tueuse silencieuse».

Malbouffe et obésité

En 2022, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 74% des décès dans le monde étaient dus à des maladies non transmissibles dont 86% surviennent dans des «pays à faible et moyen revenu». Les pays africains sont particulièrement frappés. De quoi parle-t-on? De cancers (en particulier du sein et de la prostate), de maladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires chroniques, de diabète, mais aussi de santé mentale. «Il y a 840 000 nouveaux cas de cancer en Afrique chaque année et 570 000 décès. Cela va augmenter de 90% d’ici dix à vingt ans, explique Jérôme Salomon, le sous-directeur général de l’OMS, qui intervenait par visioconférence de Genève. Les femmes sont particulièrement touchées. Dix-neuf des 20 pays les plus affectés au monde par des cancers du col de l’utérus sont en Afrique. «Pourtant, ce cancer pourrait être éliminé par la vaccination», précise encore le médecin infectiologue.

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Considérées jusqu’à il y a peu comme des maladies de riches ou d’Occidentaux, les MNT sont non seulement une réalité africaine, mais elles sont désormais décrites comme des maladies du «pauvre». L’obésité et la malbouffe en sont l’une des principales causes avec la détérioration de l’environnement et la sédentarisation des populations. «On assiste aujourd’hui en Afrique au même phénomène qu’en Chine dans les années 1990 avec l’émergence à vue d’œil de l’obésité, explique la spécialiste en dermatologie Michèle Verschoore, également présente à Dakar. Cela s’explique par l’arrivée de l’alimentation transformée, les fast-foods. On devrait à ce propos plutôt parler de maladie de style de vie comme on le faisait autrefois. C’est plus juste. Il faudrait manger local, revenir aux circuits courts de l’alimentation.»

La malbouffe «occidentale» influence sans doute les classes moyennes. Mais l’essentiel de la population qui se nourrit mal se trouve dans les zones périurbaines paupérisées, produit de l’exode rural, un phénomène qui s’accélère du fait du réchauffement climatique. «Ces populations mangent peu de légumes et de fruits frais, mais beaucoup d’hydrates de carbone diabétogènes, du riz, du mil, du maïs, mélangés à des fritures de poisson très grasses et trop riches en sel», explique pour sa part Issa Wone, président de l’Alliance nationale contre les MNT.

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Pharmacologie locale

Amadou Gallo Diop pointe du doigt des «facteurs culturels» comme la valorisation des femmes «enrobées». «C’est considéré comme un signe de bien-être, déplore-t-il. Cela a un impact sur les enfants.» «Avant les gens marchaient. On bouge de moins en moins. La cuisine de base en Afrique était relativement légère. Aujourd’hui on sale, on sucre énormément et on abuse de l’huile. La malbouffe est plus prisée que la cuisine traditionnelle, confirme Awa Marie Coll Seck. On devrait taxer certains produits et interdire la publicité, comme on l’a fait avec le tabac.» Il y a en effet une urgence à agir en amont, sur les «déterminants socio-économiques», au vu des capacités hospitalières, qui sont dépassées. Issa Wone, qui enseigne par ailleurs à l’Université de Ziguinchor, au sud du Sénégal, rappelle qu’il n’existe que dix spécialistes en chirurgie oncologique dans un pays de 17 millions d’habitants. Au Burkina Faso (20 millions d’habitants), ils ne sont que «quatre ou cinq», complète Estelle Youl, pharmacologue à l’Université de Ouagadougou. Ce dernier pays ne produit pas de médicaments. A l’importation, leur prix est cinq fois plus élevé qu’en France.

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Lors d’un débat avec des étudiants en médecine, l’animateur a demandé quel était leur rêve. «J’aimerais ouvrir l’esprit des gens sur la question des troubles psychiatriques, est intervenue une étudiante camerounaise de l’Université de Marrakech. Ce ne sont ni des maladies de Blancs ni de la sorcellerie.» Il existe un hôpital psychiatrique à Yaoundé, mais dans la pensée populaire cela reste l’«hôpital des fous». «Ces pathologies ne sont pas prises au sérieux», regrette-t-elle. Une étudiante du Bénin s’est à son tour levée pour expliquer que l’Afrique regorge de plantes. «Je voudrais voir un jour une industrie pharmaceutique avec nos propres produits.» Des plantes traditionnelles comme le kinkéliba peuvent favoriser le traitement du diabète, explique Issa Wone. Il met toutefois en garde contre de nombreuses croyances qui circulent sur les réseaux sociaux, notamment celle liée au henné qui préviendrait les accidents cardiovasculaires. «Rien ne le confirme. Le mieux reste l’exercice physique.» Quatre prix d’un montant de 30 000 francs ont été décernés pour récompenser des produits pharmaceutiques, de tradithérapie et de biotechnologie, ainsi que la meilleure technologie médicale.

Lire finalement: Selon Onusida, mettre un terme à l’épidémie de VIH d’ici à 2030 est toujours possible

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2023-10-08 08:18:00

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