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Les enjeux du dépistage du cancer du poumon: avantages et inconvénients

Les enjeux du dépistage du cancer du poumon: avantages et inconvénients

Dans son rapport, publié ce jeudi, sur le dépistage du cancer du poumon, le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) ne mâche pas ses mots. S’il doit bien admettre que le dépistage présente des avantages dans la mesure où il peut sauver des vies, le KCE n’hésite pas à parler d’inconvénients “sérieux”, “significatifs” ou encore “considérables”, “qui doivent être mûrement pesés par les autorités puis par les personnes à haut risque elles-mêmes”.

Explications des experts chargés de se pencher sur l’efficacité, la sécurité et le rapport coût-efficacité d’un éventuel programme de dépistage systématique à mettre en place en Belgique.

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1. L’état des lieux et le contexte

Le cancer du poumon est l’un des cancers les plus fréquents et la première cause de mortalité par cancer dans notre pays. D’après le Registre belge du Cancer, 9 192 cas de cancer du poumon ont été diagnostiqués en Belgique en 2021, 5 675 (62 %) chez des hommes et 3 517 (38 %) chez des femmes. Entre 2006 et 2020, son incidence a augmenté de 84 % chez les femmes, tandis qu’elle a diminué de 19 % chez les hommes.

Comme ce cancer ne provoque la plupart du temps aucun symptôme à un stade précoce, la maladie est fréquemment diagnostiquée à un stade avancé, ce qui limite les possibilités thérapeutiques et diminue les chances de survie. D’où la volonté, notamment manifestée dans certains pays voisins, de proposer régulièrement aux personnes à haut risque de cancer du poumon, comme les gros (ex-) fumeurs, un dépistage au moyen d’un CT-scan à faible dose. La tomodensitométrie à faible dose (LDCT), qui pourrait être utilisée pour ce dépistage systématique, permet d’utiliser un traitement moins invasif et d’abaisser le nombre de décès. “Il ressort de l’examen de la littérature que le dépistage du cancer du poumon permet effectivement d’abaisser la mortalité par cancer du poumon de 21 % et la mortalité générale de 5 % chez les personnes qui y participent, précisent les auteurs du rapport. Appliquée à la Belgique, notre analyse révèle ainsi que, si 1000 personnes à haut risque participent à trois tours de dépistage, celui-ci aura permis de sauver 3 vies 10 ans plus tard”.

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2. Les limitations et inconvénients du dépistage

Si ce dépistage permet effectivement – dans une certaine mesure – de réduire la mortalité, il présente néanmoins certains inconvénients, comme le souligne le KCE. “Chez certains participants au dépistage, le résultat est indéterminé (non concluant) ; un nouvel examen est alors réalisé. Parfois, lors d’examens complémentaires invasifs tels que des biopsies, des bronchoscopies ou même des interventions chirurgicales, il peut s’avérer que le résultat initial du dépistage était erroné (faux positif). Outre le stress inutile qu’elles engendrent, ces procédures peuvent parfois entraîner des complications”.

Ensuite, il y a le problème du surdiagnostic et du surtraitement : “Certains patients sont traités pour des tumeurs qui auraient évolué très lentement voire pas du tout en l’absence de dépistagesoulignent les experts, et qui ne présentaient pas de réel danger parce que le patient serait décédé d’une autre maladie ou de vieillesse avant qu’elles ne deviennent problématiques”.

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Et ce n’est pas tout. Comme l’indique encore le KCE, il arrive fréquemment qu’un scanner de l’ensemble du thorax s’accompagne de la découverte fortuite de lésions suspectes, qui débouche souvent sur la réalisation d’examens complémentaires. Dans ce cas, “il n’est actuellement pas encore clair actuellement si ces découvertes fortuites représentent finalement un avantage pour les participants, ou plutôt un inconvénient”.

“Nous avons en Belgique une exposition aux facteurs de risque de cancer qui est relativement importante”

Un certain nombre de cancers d’évolution rapide vont par ailleurs se manifester entre deux dépistages. “Ce sont les “cancers d’intervalle, avertit le KCE. Il faut donc veiller à ce que la participation au dépistage ne crée pas une impression trompeuse de sécurité”.

Enfin, il faut savoir que “la réalisation répétée de tomodensitométries à faible dose (LDCT) s’accompagne également, à long terme, d’un faible risque de cancer dû à l’exposition aux radiations”, souligne encore le rapport.

3 Le rapport coût-efficacité

Quant à savoir si, tenant compte de l’ensemble des avantages et inconvénients, le dépistage préventif organisé du cancer du poumon en Belgique serait un investissement payant, le KCE a calculé qu’il déboucherait dans notre pays sur un rapport coût-efficacité différentiel de 18 530 € par année de vie gagnée en bonne santé. “Un certain nombre d’éléments ont un impact majeur sur ce rapport coût-efficacité, comme le nombre de surdiagnostics, les ristournes confidentielles sur certains traitements anticancéreux, les coûts engagés pour atteindre et inviter le groupe-cible et le nombre de participants au dépistage, détaille le KCE. Le dépistage du cancer du poumon peut donc être coût-efficace si les autorités sont prêtes à payer plus de 20 000 € par année de vie gagnée en bonne santé”.

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Aussi, dans la foulée, le KCE invite-t-il les décideurs politiques à “poser un choix mûrement réfléchi sur la base de ces données et d’éventuels autres facteurs”. Comme l’examen au préalable visant à déterminer dans quelle mesure le groupe-cible serait disposé à participer au dépistage après avoir été correctement informé de tous les avantages et inconvénients. Ou encore l’évaluation en amont de l’impact du dépistage sur le budget de la santé et sur le système de soins (en termes de disponibilité des prestataires et de l’appareillage nécessaire).

Et de rappeler – si besoin en est – en guise de conclusion que “la mesure la plus efficace et coût-efficace pour prévenir le cancer du poumon est d’arrêter de fumer ou, mieux, de ne jamais commencer”.

Dépistage du cancer du poumon ©IPM Graphics

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2024-04-18 07:34:00

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