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Les Derniers Dinosaures d’Afrique : L’Histoire des Dinosaures Prédateurs Prospérant au Maroc durant le Crétacé

Les Derniers Dinosaures d’Afrique : L’Histoire des Dinosaures Prédateurs Prospérant au Maroc durant le Crétacé

Des dinosaures ayant vécu au Maroc durant le Crétacé. Source: Raul Martin

Selon Nicolas R. Longrich, maître de conférences en paléontologie et biologie évolutive, sciences de la vie à l’Université de Bath, les derniers dinosaures d’Afrique, en particulier ses divers dinosaures prédateurs, prospéraient juste avant leur extinction brutale. Et c’est du sous-sol phosphatier marocain que sa théorie se confirmerait

Il y a 66 millions d’années, les derniers dinosaures disparaissaient de la Terre. Les scientifiques essaient toujours de comprendre pourquoi. De nouveaux fossiles d’abélisaures – parents éloignés des tyrannosaures – du Maroc suggèrent que les dinosaures africains sont restés diversifiés jusqu’à leur extinction. Et cela conforte la théorie selon laquelle leur disparition est survenue soudainement, avec l’impact d’un astéroïde géant, analyse Nicolas R. Longrich, maître de conférences en paléontologie et biologie évolutive, sciences de la vie à l’Université de Bath.

Dans une contribution publiée dans La conversation, le paléontologue rappelle que les causes de cette extinction massive font l’objet de débats depuis deux siècles. Georges Cuvier, le père de la paléontologie, pensait qu’elle a été provoquée par des catastrophes. Charles Darwin pensait, quant à lui, que les changements progressifs de l’environnement et la compétition entre les espèces entraînaient lentement l’extinction des lignées d’espèces.

Il est cependant devenu évident, suite aux recherches menées, que la période du Crétacé (il y a 145 millions d’années à 66 millions d’années) s’est terminée par une extraordinaire vague d’extinction. Un grand nombre d’espèces ont disparu dans le monde en peu de temps. La découverte du cratère d’impact de l’astéroïde Chixculub, large de 180 km, dans la péninsule du Yucatan au Mexique, suggère une extinction soudaine des dinosaures et d’autres espèces, provoquée par l’impact. Mais d’autres études ont soutenu qu’un long et lent déclin de la diversité des dinosaures avait contribué à leur perte.

« Reconstituer l’histoire est difficile. Ce n’est pas seulement que les fossiles de dinosaures sont si rares les archives fossiles sont également inégales », tempère Nicolas R. Longrich. Et pour cause : la plupart des études ont été menées jusqu’ici dans l’hémisphère nord (Etats-Unis, Canada ou Mongolie), tandis que la recherche sur les dinosaures des continents du sud a été rare, du fait notamment de la topographie difficile d’accès des régions tropicales.

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Aussi, le tableau pourrait être biaisé, sachant que l’Afrique, continent immense, comptait probablement beaucoup plus d’espèces de dinosaures que l’Amérique du Nord, notamment le Maroc qui abrite « la région la plus dangereuse de l’histoire de la Terre ».

Sauf que le vaste continent possède peu de roches terrestres de la fin du Crétacé. « Cela est dû au fait que des niveaux d’activité volcanique ont fait monter le niveau de la mer, submergeant une grande partie de l’Afrique sous des mers peu profondes. Les dinosaures, étant terrestres, sont rarement présents dans les roches marines. Mais rarement ne veut pas dire jamais. Étudiez suffisamment de fossiles marins et vous finirez par trouver un dinosaure », » évite Nicolas R. Longrich.

Et c’est du Maroc qui compte les plus grands gisements de phosphate (autant dire d’anciens fonds marins) datant du dernier million d’années de l’ère des dinosaures que des indices décisifs émergent : ils regorgent d’arêtes et d’écailles de poisson, de dents de requin et grand nombre de reptiles marins – mosasaures, plésiosaures, tortues marines. Mais aussi d’os de dinosaures.

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Nicolas R. Longrich s’interroge sur les raisons de la présence de ces os de dinosaures dans les sédiments marins du Maroc : « les dinosaures ont peut-être nagé vers les îles à la recherche de nourriture, comme le font aujourd’hui les cerfs et les éléphants, et certains se sont peut-être noyés. D’autres dinosaures pourraient avoir été emportés vers la mer par des inondations ou des tempêtes, ou noyés dans des rivières qui les ont entraînés vers l’océan. D’autres encore pourraient être morts sur le rivage avant d’être évacués à marée haute ». Toujours est-il qu’une série d’événements improbables a transporté des dinosaures dans l’océan.

« Ainsi, en étudiant les fonds marins et en travaillant pendant de nombreuses années, nous avons lentement dressé une image des derniers dinosaures d’Afrique, os par os », relate le paléontologue.

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Des fossiles de plusieurs types d’abélisaures ont été découverts, témoignant de la diversité des dinosaures au Maroc à la fin du Crétacé. Crédit : Andreï Atuchine/ Université de Bath

Les derniers dinosaures d’Afrique comprenaient des sauropodes titanosaures, des herbivores au long cou de la taille d’un éléphant. Les dinosaures à bec de canard de la taille d’un cheval remplissaient la niche des herbivores.

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« Mais les carnivores sont particulièrement intéressants. Situés au sommet de la chaîne alimentaire, ils nous en disent long sur l’écosystème. Et les dinosaures prédateurs africains étaient diversifiés, ce qui impliquait divers herbivores, et un grand nombre d’entre eux », ajoute le spécialiste.

Selon lui, le principal prédateur était un animal de dix mètres de long appelé Chenanisaurus barbaricus. « Jusqu’à présent, Le Chenanisaurus n’est connu que par sa mâchoire, mais cela nous indique qu’il faisait partie des Abelisauridae, une étrange famille de carnivores trouvée en Amérique du Sud, en Inde, à Madagascar et en Europe, tandis que les tyrannosaures dominaient dans le nord. Les Abélisaures avaient un museau court de bouledogue, et parfois des cornes, et ils avaient de petits bras bizarres et trapus qui donnent l’impression que les bras du T. rex sont des massifs en comparaison », explique Nicolas R. Longrich.

La nouveauté est que des fossiles de deux nouveaux abélisaures sont apparus au Maroc.

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L’un d’eux a été identifié à partir d’un tibia. « Il était plus petit que le Chenanisaurus, environ cinq mètres de long – petit par rapport aux standards des dinosaures, mais grand par rapport aux prédateurs modernes. Curieusement, il ressemble aux abélisaures trouvées en Amérique du Sud. Il est possible que cela marque une ancienne connexion terrestre qui existait entre les continents il y a 100 millions d’années. Ou encore, les abélisaures ont peut-être parcouru à la nage l’étroite voie maritime séparant les continents ».

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« Un autre os provient du pied d’un abélisauridé encore plus petit, mesurant seulement trois mètres de long. De petits abélisauridés similaires sont présents en Europe cela peut être lié à eux », avance le paléontologue.

Les dinosaures du Maastrichtien supérieur du Maroc. Source: Nick Longrich.

Ces derniers mois, davantage de fossiles de dinosaures et davantage d’espèces ont été découverts. « Nous sommes encore en train d’analyser ces fossiles, nous ne pouvons donc pas en dire grand-chose pour le moment, mais trouver autant d’espèces dans une poignée de fossiles nous indique que nous échantillonnons une faune très diversifiée », en conclut le chercheur.

Et d’ajouter que « bien que les fossiles des grandes plaines d’Amérique du Nord puissent enregistrer un déclin de la diversité des dinosaures, il pourrait s’agir d’un phénomène local et non mondial. Il est possible que le refroidissement global au cours du dernier Crétacé ait durement touché les environnements des latitudes plus élevées, réduisant ainsi la diversité. Mais la faune africaine des dinosaures laisse entendre qu’aux basses latitudes, les dinosaures prospéraient, voire se diversifiaient. Si tel est le cas, cela signifie que les dinosaures ont été abattus à leur apogée ».

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Aussi, Nicolas R. Longrich estime que les derniers dinosaures d’Afrique, en particulier ses divers dinosaures prédateurs, prospéraient juste avant leur extinction brutale : « Pendant plus de 100 millions d’années, ils ont évolué et se sont diversifiés, produisant une diversité d’espèces remarquable : les prédateurs, les herbivores, les espèces aquatiques, voire les formes volantes, les oiseaux. Puis, en un seul instant catastrophique, tout a été anéanti au cours des mois d’obscurité causés par la poussière et les effets résultant de l’impact de l’astéroïde au Mexique ». De tout, seulement une demi-douzaine d’espèces d’oiseaux aura survécu au cataclysme…

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