Après avoir analysé les cheveux des sénateurs du Parti Socialiste, les députés écologistes français ont cette fois fait analyser les leurs pour détecter la présence de ‘polluants éternels’, les PFAS. Ils demandent l’interdiction de ces substances chimiques.
Lors d’une conférence de presse, le député EELV, Nicolas Thierry, a dénoncé le ‘scandale sanitaire’ de ces composants qui ‘ne se dégradent pas ou très lentement dans l’environnement’.
Les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS (prononcées ‘pifasses’), sont quasi-indestructibles. Elles s’accumulent avec le temps dans l’air, le sol, les eaux des rivières, la nourriture, et même dans le corps humain, d’où leur surnom de polluants ‘éternels’.
Le film américain Dark Waters (2019), réalisé par Todd Haynes, a contribué à faire connaître ces composants qui sont massivement présents dans la vie quotidienne (poêles en Teflon, emballages alimentaires, textiles, voitures, etc.).
Tous contaminés
Pour sensibiliser l’opinion publique, Nicolas Thierry a fait analyser les cheveux de quatorze députés de son groupe. Il s’alarme en affirmant que tous sont contaminés par au moins un PFAS, et il pointe du doigt la responsabilité des industriels.
Marie-Charlotte Garin, députée du Rhône, dans ‘la vallée de la chimie’, se trouve être la plus contaminée, malgré ce qu’elle estime être une bonne hygiène de vie. Elle insiste sur le fait qu’il faut accuser les pollueurs et que cela ne relève pas du comportement individuel.
Pour marquer les esprits, les députés écologistes se sont présentés en conférence de presse avec les bras tatoués de pictogrammes que l’on retrouve habituellement sur les emballages de produits chimiques (tête de mort, poisson et arbre mort, etc.).
Interdiction de la fabrication
Nicolas Thierry propose une loi visant à interdire progressivement la fabrication, l’importation et l’exportation de produits contenant des PFAS. Il souhaite également que le contrôle de la présence de PFAS dans l’eau potable soit immédiatement rendu obligatoire.
Le député de Gironde reproche au gouvernement et à la majorité leur ‘silence’ et demande une mobilisation lors de la prochaine session parlementaire à partir d’octobre, même si son texte n’est pas encore inscrit à l’ordre du jour.
Mercure, pesticides, plastifiants…
Mardi, les sénateurs socialistes ont révélé les résultats de l’analyse de leurs cheveux, où ont été détectés du mercure, des pesticides, des plastifiants, ainsi que des métaux utilisés dans les smartphones, les ‘terres rares’.
Cependant, Nicolas Thierry trouve que leur dépistage est ‘extrêmement large’. Il leur reproche surtout de ‘faire peser la responsabilité sur les consommateurs’ plutôt que sur les industriels.
L’élu écologiste critique le manque d’ambition d’un récent arrêté ministériel qui demande aux entreprises de 5 000 sites industriels ‘d’identifier et d’analyser’ leurs rejets de PFAS.
