Selon les avocats qui ont prouvé leur innocence, l’erreur judiciaire dont ont été victimes deux hommes du Nouveau-Brunswick est le résultat de multiples dysfonctionnements dans le système judiciaire canadien.
Les avocats d’Innocence Canada ont soutenu dans une déclaration écrite présentée jeudi au tribunal que le verdict de culpabilité pour Robert Mailman et Walter Gillespie en 1984 était le résultat de l’étroitesse d’esprit de la police, de la non-divulgation de preuves cruciales, de fausses déclarations de témoins importants de la Couronne, et du mépris envers l’alibi des accusés.
Agés respectivement de 76 ans et de 80 ans, Robert Mailman et Walter Gillespie ont passé 18 et 21 ans en prison. La juge en chef de la Cour du Banc du Roi, Tracey DeWare, a déclaré jeudi que les deux hommes étaient “innocents aux yeux de la loi” relativement au meurtre de George Gilman Leeman commis en 1983 à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Ils avaient été condamnés en 1984 de meurtre au deuxième degré et condamnés à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle avant 18 ans. Un appel de leurs condamnations avait été rejeté en 1988.
Le ministre de la Justice, Arif Virani.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, a annulé les deux condamnations le mois dernier, affirmant qu’il existait “des motifs raisonnables permettant de conclure qu’une erreur judiciaire s’était probablement produite” il y a 40 ans dans cette affaire.
Le document judiciaire remis au tribunal remonte jusqu’au 30 novembre 1983, date à laquelle le corps partiellement brûlé de Georges Leeman a été découvert dans un boisé de Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick. Il avait reçu une vingtaine de coups à la tête et au visage, et un pathologiste avait conclu que le décès remontait à au moins 24 heures.
Robert Mailman et Walter Gillespie à la sortie du palais de justice de Saint-Jean au Nouveau-Brunswick, jeudi après-midi.
Photo : Radio-Canada
Les avocats d’Innocence Canada remettent en question la crédibilité des témoins, dont l’un avait plaidé coupable à une accusation moins grave en échange de son témoignage contre Mailman et Gillespie.
Ils soutiennent également que ni la police ni les procureurs n’ont tenu compte des solides alibis des accusés. Ils notent qu’au moins quatre enquêtes publiques ont révélé des problèmes similaires dans d’autres cas d’erreur judiciaire.
Des alibis non pris en compte, selon Innocence Canada
Les deux hommes avaient affirmé qu’ils étaient en train de réparer une voiture lorsque le meurtre a été commis. Ils étaient en route pour acheter une pièce pour réparer un essuie-glace, et un témoin a corroboré cette histoire. Un reçu a même été découvert dans le magasin où la pièce a été achetée la veille du meurtre, indiquent les avocats.
Ron Dalton a pris la parole au nom de Robert Mailman et Walter Gillespie à la sortie du palais de justice de Saint-Jean.
Photo : Radio-Canada
Innocence Canada mentionne que la police de Saint-Jean avait enquêté sur l’alibi après la conclusion d’un premier procès sur un désaccord du jury. Elle avait pu confirmer que l’essuie-glace avait été récemment réparé, mais n’en avait pas avisé la défense.
Cela n’avait pas empêché la Couronne d’exhorter le jury d’un deuxième procès à conclure qu’il s’agissait d’un faux alibi, “malgré les nombreuses preuves du contraire”.
Plusieurs témoins se sont rétractés
Deux des témoins importants se sont rétractés. Dans le cas de l’un d’entre eux, c’est même arrivé à cinq reprises, note Innocence Canada. Le témoin en question s’est rétracté à son avocat, à un journaliste, dans deux lettres et à un avocat du ministère fédéral de la Justice qui avait examiné le procès en 1998.
Il a dit avoir présenté de fausses preuves au tribunal, qu’il avait été obligé de le faire par l’inspecteur Al-Martin et par l’adjoint au chef de la police de Saint-Jean, Charlie Breen, soutiennent les avocats. Or, dans une première déclaration à la police en décembre 1983, laquelle n’avait jamais été communiquée à la défense, ce témoin avait déclaré que la dernière fois qu’il avait vu la victime, c’était une semaine avant le meurtre.
Montrée du doigt, la police de Saint-Jean a refusé de commenter la cause pour le moment.
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