Nouvelles Du Monde

Le syndrome de Guillain-Barré : une épidémie inquiétante au Pérou

Le syndrome de Guillain-Barré : une épidémie inquiétante au Pérou

Le Pérou a signalé 191 cas du syndrome de Guillain-Barré, une maladie inflammatoire affectant le système nerveux, jusqu’au 9 juillet. L’état d’urgence a été déclaré. Le syndrome de Guillain-Barré (SGB) est généralement une maladie rare post-infectieuse dans laquelle le système immunitaire attaque le système nerveux périphérique, responsable de la transmission d’informations entre le cerveau et les organes. Il se caractérise initialement par des sensations inhabituelles (picotements, engourdissements, sensation de froid) ou une perte de sensibilité, ainsi que par une faiblesse, une fatigue et des crampes musculaires au repos, selon la Haute Autorité de Santé (HAS). La maladie progresse rapidement et s’aggrave en quelques jours, pouvant entraîner une paralysie des membres, une atteinte des muscles thoraciques, voire une perte de la capacité de parler et d’avaler. Dans la plupart des cas, les patients se rétablissent sans séquelles en quelques semaines. Cependant, même dans les meilleurs contextes sanitaires, 3% à 5% des patients décèdent de complications liées à la maladie, telles que la paralysie des muscles respiratoires, la septicémie, l’embolie pulmonaire ou l’arrêt cardiaque, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon un rapport de 2021 de la filière des maladies rares neuromusculaires (Filnemus), le taux d’incidence du SGB augmente avec l’âge, passant de 0,6 pour 100 000 par an chez les enfants à 2,7 pour 100 000 par an chez les personnes âgées de 80 ans et plus. Le 23 juin, les autorités sanitaires péruviennes ont tiré la sonnette d’alarme en raison d’un nombre anormalement élevé de cas de SGB. Jusqu’au 9 juillet, 191 cas ont été identifiés depuis le début de l’année, et quatre patients sont décédés. Cette maladie nécessite une prise en charge lourde, avec 20% à 30% des cas nécessitant une hospitalisation en soins intensifs, explique Mahmoud Zureik, professeur d’épidémiologie et de santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. En 2022, le nombre total de lits de réanimation était estimé à 1 200, selon le journal péruvien A la République. Le ministère de la santé péruvien a déclaré «l’état d’urgence sanitaire à l’échelle nationale (…) pour quatre-vingt-dix jours» le 9 juillet. Une décision qui peut avoir des motivations sanitaires ainsi que politiques. Les autorités péruviennes n’ont pas communiqué depuis. Le syndrome de Guillain-Barré est souvent une réaction à une infection. «Dans les deux tiers des cas, la survenue du syndrome de Guillain-Barré est précédée de trois semaines à un mois d’une infection aiguë virale ou bactérienne, en particulier des infections respiratoires ou digestives», a déclaré l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) dans un rapport de 2009. Cependant, la cause précise peut rester inconnue. Certaines maladies sont connues pour déclencher cette réaction, comme le Covid-19, comme le montre une revue de littérature scientifique de 2023. Cependant, ce phénomène reste très rare, souligne le neurologue. Dans le cas du Pérou, la dengue est fortement suspectée. Le pays connaît sa plus grave épidémie de dengue depuis 1990, causée par le passage du cyclone Yaku au printemps, qui a attiré les moustiques-tigres, principaux vecteurs de la maladie. Cela pourrait correspondre parfaitement, selon le professeur Zureik. Cependant, l’épidémiologiste souligne l’étendue géographique surprenante des cas actuels de SGB, alors que la dengue est localisée dans le sud du pays. D’autres pistes sont également envisagées, comme une bactérie transmise par la viande, Campylobacter jejunia. Cependant, la communication lacunaire des autorités péruviennes ne permet pas de trancher entre ces différentes hypothèses. Depuis les campagnes de vaccination de masse contre le Covid-19, les milieux anti-vaccins voient dans chaque événement médical un effet secondaire des injections. La situation au Pérou ne fait pas exception, certains militants anti-vaccins établissant un lien entre l’augmentation des cas de SGB et la vaccination dans le pays. Le syndrome de Guillain-Barré est en effet un effet secondaire rare des vaccins, notamment ceux contre la grippe. Concernant les vaccins contre le Covid-19, le Comité européen d’évaluation des risques en pharmacovigilance (PRAC) a reconnu en septembre 2022 un lien avec le vaccin AstraZeneca. Cependant, il reste très rare, affectant moins d’une personne sur 10 000, selon l’Agence européenne des médicaments. Une étude britannique de 2021 estime qu’un lien “probable” peut être établi pour cinquante-six cas de SGB sur plus de 85 millions de vaccinations. Pour le vaccin Pfizer, les cas de SGB sont sous observation depuis août 2021, mais aucun lien formel n’a été établi, et la littérature scientifique récente est plutôt rassurante. De plus, la vaccination avec AstraZeneca a été marginale au Pérou et date de deux ans, il est donc difficile d’y voir la cause d’une réaction inflammatoire en 2023.
#lon #sait #lépidémie #syndrome #GuillainBarré #Pérou
publish_date]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT