Le soutien indéfectible des supporters : la clé du maintien du Standard

La répétition n’empêche pas l’étonnement. La scène, déjà vécue au RWDM début février, remonte à dimanche dernier, à Genk, au terme d’un pauvre match du Standard duquel a découlé une défaite inéluctable (1-0). Les joueurs se dirigent alors vers le parcage de leurs supporters, rempli, pour des remerciements sous forme de tièdes applaudissements.

Soudain, surprise ! Après quelques secondes, les chants redoublent d’intensité. Les fans rouches, bras dessus bras dessous, invitent les joueurs à les suivre pour un fameux chant “Tous ensemble, tous ensemble, hé, hé ! ”. Arnaud Bodart, en capitaine et garant de l’ADN liégeois, se met à sauter. Certains équipiers semblent se jauger, l’air un peu perplexe. D’autres sautillent timidement sur la pointe des pieds. Le Standard venait de perdre sur le terrain mais de confirmer sa victoire en tribune.

Cette étonnante communion illustre parfaitement le soutien inconditionnel apporté par les fans, toute la saison, à une équipe pourtant malade et souvent pénible à voir. Passion, ferveur, fierté. “On n’en veut pas spécialement aux joueurs qui, pour la plupart, font le maximum, avance ce fidèle abonné en tribune 3. Surtout, on était conscient de l’urgence et de l’importance de rester derrière l’équipe pour se sauver.” Champion cinq fois avec le Standard, presque transféré au Real Madrid: Léon Semmeling était une légende rouche

Un autre abonné en T3 appuie : “Par moments cette saison, on a vraiment craint de devoir jouer les playdowns. Du coup, on s’est dit qu’il fallait absolument encourager l’équipe avant de penser à montrer notre mécontentement trop vigoureusement.” Le sens des priorités, en quelque sorte, mais qui n’ombrage pas pour autant les griefs nombreux et tenaces à l’encontre de 777 Partners.

Il faut dire aussi qu’en cette année des 125 ans du club, les groupes d’animations avaient prévu de remarquables festivités tout au long de la saison (feux d’artifice, tifos géants…) et le mot d’ordre était donc d’éviter tout débordement qui aurait pu mettre en péril les autorisations reçues et le bon déroulé de ces festivités. “C’était aussi le pré-anniversaire des 20 ans du PHK ” (NdlR : groupe d’animation en T4), ajoute un interlocuteur. Bref, alors que l’équipe se distinguait pauvrement sur le terrain, en tribune, l’ambiance restait le plus souvent incandescente.

Un dialogue indispensable

Pour Grégory Ancart, président de la Famille des Rouches, le dialogue régulier entre la direction – essentiellement le CEO Pierre Locht – et les groupes de supporters a permis d’éviter des débordements et d’apporter quelques réponses aux nombreuses interrogations du public de Sclessin. Lors d’une récente réunion avec les Ultras, à laquelle s’était joint Ivan Leko, le ton était doucement monté et la direction en avait tout de même pris pour son grade.

“La déception reste énorme parce que le Standard est très loin du top 6, l’objectif annoncé en début de saison, dit-il. Mais les échanges qu’on a pu avoir avec la direction et les représentants des groupes ont été très précieux et utiles. Je tire un sacré coup de chapeau aux supporters pour leur attitude cette saison. Ils ont respecté leur engagement et ont toujours été derrière l’équipe. Ils ont montré une bonne image.”

Si on descend, on vous descend.

Le seul couac reste le match de Coupe de Belgique, début décembre à Anderlecht, qui a été émaillé de jets de projectiles et autres fumigènes, et pour lequel les clubs ont été sanctionnés d’un huis clos. Le Sporting est allé en appel, pas le Standard. Qui jouera donc son premier match d’Europe playoffs dans un stade vide.

Pour le reste, le mécontentement des tribunes est resté dans les limites. Il y a bien eu des chants et des banderoles sans équivoque à l’encontre des patrons américains. Pêle-mêle : “Si on descend, on vous descend”, “777 démission”, “Pas d’argent, pas de direction… 777 réagissez ou dégagez ! ”, “777, direction, joueurs : soyez à la hauteur de vos supporters ! ”, “Donnez-nous les moyens de nos ambitions”… Mais même quand les fans sont allés à la rencontre impromptue des joueurs, comme après le triste partage au RWDM (2-2, le 3 février), le climat se voulait globalement serein et constructif.

Quelle assistance en playoffs ?

Le maintien désormais acquis, peut-on s’attendre à des manifestations plus costaudes, moins pacifiques ? Nos interlocuteurs ne les pressentent pas. D’autant moins que depuis la modification du règlement sur l’interruption et l’arrêt des matchs (qui reprennent désormais à huis clos, à la minute où l’arrêt s’est produit et avec le score au moment de l’arrêt), l’intérêt de telles actions est réduit, pour les supporters.

“Il n’empêche, on attend plus de communication de la part des Américains, et tous les supporters rêvent évidemment de retrouver l’Europe, mais il faudra surtout une vraie amélioration et un vrai positionnement la saison prochaine… ”, prévient un fidèle de la T3.

En attendant, l’engouement pour les Europe playoffs – dont le calendrier sera connu lundi – devrait être timide, car le Standard n’aura probablement pas grand-chose à y revendiquer. Alors que le public attendait la gratuité des abonnements pour les quatre matchs à Sclessin – comme Bruno Venanzi l’avait décrétée en 2016 et 2017 –, le club a annoncé ses tarifs. Avec un mini-abonnement dès 20 euros (via un club de supporters) ou de 50 à 65 euros pour un nouvel abonné.

“Pour récompenser la fidélité des abonnés, le club, en concertation avec la Famille des Rouches, a pris la décision de rembourser entièrement les réabonnés en leur reversant le montant de l’abonnement Playoffs en montant cashless sur leur carte d’abonné”, a précisé le Standard.

Un geste, comme un petit remerciement, pour avoir contribué à leur manière au maintien en D1A. Car le Standard, cette saison, c’était eux aussi.
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