Nouvelles Du Monde

Le Réseau mondial des productrices de musique féminines : briser les barrières dans l’industrie musicale

Le Réseau mondial des productrices de musique féminines : briser les barrières dans l’industrie musicale

Maïa Davies a un CV musical qui mérite un certain décrochement de mâchoire. Non seulement elle a enregistré et tourné avec le groupe Ladies of the Canyon, mais l’artiste montréalaise a également composé des dizaines de succès radio et collaboré avec des créateurs tels que Serena Ryder, Jill Barber, Mother Mother et Gus van Go. Malgré tout, celle qui travaille beaucoup comme réalisatrice se heurte à une industrie musicale qui reste très hermétique à la présence féminine en studio.

“Je dirais que 90 % du temps, je suis la seule femme dans le studio parmi des équipes de cinq à quinze personnes. Et puis ça vient avec des défis”, explique Davies. Le cas de la réalisatrice est loin d’être unique, comme elle a pu s’en rendre compte en rencontrant des collègues féminines grâce à la mise en place du Réseau mondial des productrices de musique féminines, une initiative du Centre national des arts (CNA).

Cette association rassemble ces jours-ci à Montréal et à Toronto 33 réalisatrices venues de sept pays, dont l’Argentine, l’Estonie, le Mexique, la Suède et le Pays de Galles. Neuf réalisatrices canadiennes, dont Maïa Davies et Caracol, sont de la partie.

Le réseau, réservé aux femmes et aux non binaires, est une initiative d’Heather Gibson, productrice générale de la Division de la musique populaire et de variétés au CNA. La COVID-19 a forcé des rencontres en vidéoconférence pendant les premiers mois du regroupement, formé en décembre 2020. En août 2022, elles étaient 25 productrices musicales à se retrouver à Stockholm, en Suède, pour échanger, tisser des liens et participer à des formations en studio.

Lire aussi  Web3 Gamer – Cointelegraph Magazine

Ce sont les statistiques qui ont poussé madame Gibson à mettre en place le réseau. Selon une analyse de l’organisme The Annenberg Inclusion Initiative, les femmes représentaient en 2018 quelque 2,3 % des réalisatrices — producteurs en anglais —, et ce, à partir d’un échantillon de 400 chansons du Billboard. Un taux relativement stable entre 2012 et 2018.

“Les réalisatrices nous ont notamment dit qu’elles ne pouvaient pas décrocher de contrats sans contacts et sans expérience”, explique Heather Gibson. Mais pour avoir de l’expérience, il faut des contrats, comme le veut le cercle vicieux. Il fallait donc prendre les moyens de briser ce cycle pernicieux, “causé par des raisons historiques et renforcé par des enjeux structurels”, note la productrice au CNA, qui souligne que pendant longtemps, les femmes n’étaient pas les bienvenues en studio autrement que comme chanteuses ou comme choristes.

Cette marginalisation laisse des traces, crée des incertitudes, voire des blessures, assure Maïa Davies, qui est du programme depuis le début. “Quand Heather Gibson m’a appelée pour me demander de faire partie du groupe, j’ai dit ‘c’est super, comment est-ce que je peux faire une demande d’application ?’ Mais elle m’a dit non, on t’a choisie ! C’était comme une métaphore de ce que c’est être une femme réalisatrice dans l’industrie, parce que je pense tout le temps que j’ai plus de travail à faire, que je ne suis pas encore acceptée.”

Lire aussi  Le dernier espoir pour les amateurs de Souls-Like : The Last Faith ouvre la voie à une nouvelle ère

Maïa Davies ne veut pas que les femmes en musique aient un traitement de faveur, mais simplement qu’elles aient une voix au chapitre, qu’elles ne soient pas écartées ou discréditées de par leur genre. Ce qu’elle a vécu à plusieurs reprises en studio, dont une fois par un groupe rock connu qui lui a dit sans la regarder que les femmes ne savaient pas écrire de vraies chansons rock.

“J’ai répondu que j’avais vécu la vie de rock, probablement plus qu’eux, que je vouais une grande admiration à la musique rock, et que je méritais d’être là, et le fait qu’ils ne voulaient pas me donner cinq minutes pour voir si j’avais le talent pour être ici, c’était vraiment dommage, raconte Davies. Il y a eu un silence et après cinq minutes à composer, un des gars a dit : ‘Wow, mais t’es vraiment bonne.’ Oui, mais t’aurais pu commencer avec cette présomption.”

Soutien et conseils

Lire aussi  Le Redmi Projecteur Lite est extrêmement bon marché et projette une image de 100 pouces

Au-delà des événements comme celui qui se tient jusqu’au 10 septembre, le réseau de productrices est un espace sécuritaire pour ses membres. Heather Gibson explique que les femmes communiquent constamment pour se donner des conseils, trouver des solutions grâce à l’expérience de chacune. “En studio, les hommes ont tendance à porter rapidement un jugement si une femme a un doute ou si elle n’a pas une réponse déjà prête. Il faut souvent qu’elle se prouve davantage. Et le groupe permet d’aider les femmes.”

Pour Maïa Davies, son industrie doit se remettre en question dès qu’un artiste ou une étiquette de disque cherche des recommandations. “Il faut que des femmes soient sur les listes, dit-elle. On aimerait ça avoir les mêmes occasions pour se prouver, pour montrer notre talent, pour participer au patrimoine culturel de façon équitable.”

Le regroupement pourrait-il inclure des alliés masculins ? “Je crois que les réalisatrices doivent se sentir plus stables, plus fortes entre elles d’abord, note Heather Gibson. Mais à long terme, absolument.”
#réseau #musical #féminin #pour #tisser #des #liens
publish_date] pt]

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT