Le projet “Forest City” en Chine : une ville futuriste qui tourne au fiasco.

La nouvelle fait trembler toute l’économie chinoise. En grande difficulté, le promoteur immobilier Country Garden, l’un des plus importants de Chine, s’est effondré en Bourse lundison action perdant plus de 18%. Son lourd endettement (150 milliards d’euros, et même 176 milliards selon Bloomberg) pèse sur sa santé financière et préoccupe les investisseurs. Un projet en particulier symbolise la folie des grandeurs du groupe immobilier, et n’est sans doute pas étranger à la crise qu’il traverse.

Baptisé “Forest City” et lancé en 2015, ce méga-projet à 100 milliards de dollars (91 milliards d’euros) de “ville du futur intelligente et verte” implantée dans le sud de la Malaisie, près de Singapour, s’avère être un échec cuisant. Il est même qualifié de “ville fantôme” par les observateurs et les médias qui se sont rendus sur place. Alors qu’elle devait accueillir 700 000 habitants sur quatre îles artificielles s’étendant sur 30 km2, seuls quelques milliers y habitent aujourd’hui. Uniquement 28 000 unités résidentielles ont jusqu’à présent été achevées, et une seule des quatre îles complètement aménagée. Près de 90% des commerces seraient par ailleurs à l’abandon, selon le quotidien malaisien Les temps du nouveau détroit .

Un projet entièrement achevé d’ici 2035

La faute notamment aux prix des logements, beaucoup trop élevés pour la clientèle locale. Ils seraient vendus autour de 2800 euros le m2, apprend-on dans un reportage de France 2quand le salaire moyen en Malaisie n’y dépasse pas les 700 euros. Certains appartements peuvent même coûter plus d’un million de dollars (915 000 euros). Quant aux acheteurs étrangers, en particulier les riches Chinois, que le projet ciblait initialement, ils ont été refroidis par les déclarations contradictoires des autorités malaisiennes. Le premier ministre malaisien avait dit en 2018 qu’il n’autoriserait pas les étrangers à acheter à Forest City, avant de rétropédaler. À cela s’est ajouté le contrôle des capitaux imposé par le président chinois Xi Jinping.

De son côté, Country Garden tente toujours de défendre son projet immobilier de luxe, où sont déjà ouverts deux parcours de golf, deux hôtels de luxe, une école internationale, une usine ou encore un parc aquatique. Au journal Les temps du nouveau détroit le promoteur chinois a déclaré qu’il était injuste de qualifier déjà de “raté” un projet qui sera entièrement achevé d’ici 2035 et qui n’a été lancé qu’il y a sept ans. Malgré tout, Country Garden a annoncé début août qu’il pourrait réévaluer ses plans de développement d’ici deux ans si cela devient nécessaire. “Des facteurs imprévus tels que la pandémie de Covid-19 et le ralentissement de l’économie mondiale ont eu un impact sur la dynamique de développement”, a-t-il reconnu, ajoutant que plus de 100 agents immobiliers étrangers avaient été embauchés pour commercialiser Forest City auprès d’acheteurs potentiels. Ces projets pourraient être chamboulés par la crise que le groupe traverse.

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