Le nouveau phénomène du chrono : Joshua Tarling, recordman du plus jeune vainqueur d’une course WorldTour

La statistique dessine un parallèle évident. En remportant le contre-la-montre du Renewi Tour le 24 août dernier, tracé autour de Sluis, Joshua Tarling a égalé le record du plus jeune vainqueur d’une course WorldTour, détenu jusqu’à présent par Remco Evenepoel lors de sa première victoire sur la Classica San Sebastian en 2019. Cela démontre la précocité du jeune Gallois d’Ineos, qui est devenu le nouveau phénomène du contre-la-montre. Après avoir été le plus jeune médaillé de l’histoire des championnats du monde en Écosse, Tarling affrontera le détenteur du maillot arc-en-ciel lors d’un contre-la-montre des Nations en Vendée, qui marquera la fin de la saison pour Remco Evenepoel et le nouveau champion d’Europe. Ce sera un affrontement de titans entre une référence absolue de 23 ans et une comète de 19 ans, dont nous vous dirons tout.

Une famille cycliste
Originaire d’Aberaeron, une station balnéaire du pays de Galles, Joshua Tarling vient d’une véritable famille cycliste. Son père Michael a souvent participé à des courses amateurs et emmenait souvent son fils avec lui. Pendant que son père courait sur la piste de Newport, le jeune Joshua faisait des tours de parking dès l’âge de quatre ans, sous le regard de sa mère. À l’âge de six ans, il a participé à ses premières compétitions, rapidement imité par son frère cadet Finlay, qui est aujourd’hui membre du club néerlandais Willebord Wil Vooruit (juniors). À l’âge de 12 ans, Joshua a attiré l’attention des médias gallois lorsqu’il a décidé d’accompagner son père lors d’un contre-la-montre de 100 miles (161 kilomètres). Initialement prévu pour abandonner à mi-parcours, Joshua se sentait frais et a décidé de continuer l’effort. Il a terminé l’épreuve en 4h49, décrochant une 20e place parmi des adultes bien entraînés.

Il a couru pour une équipe belge
Identifié rapidement comme un talent authentique par British Cycling, Joshua Tarling a été régulièrement sélectionné par sa fédération pour différents programmes sur piste (double champion d’Europe à Apeldoorn en 2021). Sur la route, avant la saison 2021, il a décidé de rejoindre une équipe belge, Flanders Color-Galloo, dont l’entraîneur était alors Nico Mattan. “C’est Magnus Backstedt, l’ancien vainqueur suédois de Paris-Roubaix, qui m’a un jour appelé pour me dire qu’il avait une petite pépite pour moi. Magnus s’occupait de lui et pensait que notre programme de course lui permettrait de parfaire son apprentissage. Il n’a pas beaucoup couru avec nous, car il était souvent pris en charge par British Cycling, mais c’est sous nos couleurs qu’il a participé à son premier Paris-Roubaix junior (13e en 2021). Lors de la première des deux saisons qu’il a passées avec nous, à l’hiver 2021-2022, j’ai parlé de lui à Patrick Lefevere et il a effectué un stage de plusieurs jours avec la formation Quick-Step. Il était déjà vice-champion du monde de contre-la-montre juniors et dégageait quelque chose de spécial, une sorte de classe et d’aisance sur le vélo de contre-la-montre que j’ai souvent comparées à David Millar, avec qui j’ai couru chez Cofidis. Je pensais qu’il finirait dans le top 5 du dernier championnat du monde de contre-la-montre élites, mais son titre de champion d’Europe ne m’a pas surpris. C’est le nouveau phénomène de la discipline et sans doute le principal adversaire de Remco pour les 5 à 10 prochaines années.”

Passé pro au même âge que Remco
Comme Remco Evenepoel, qu’il retrouvera donc ce dimanche aux Herbiers, Joshua Tarling est passé professionnel quelques jours avant son 19e anniversaire (15 février), sautant ainsi la catégorie des espoirs. Courtisé par Soudal Quick-Step ainsi que par d’autres grandes équipes du peloton WorldTour, il a choisi Ineos, qui lui a offert un contrat de 3 ans et un salaire qui ne correspond pas à son statut de néo-pro. “J’ai grandi en suivant l’équipe Sky et signer avec cette équipe était un rêve, commente le Britannique. Le soutien offert par cette structure à ses coureurs est exceptionnel, c’est la raison pour laquelle j’ai fait ce choix. Lorsque je me suis retrouvé au premier camp d’entraînement entouré de toutes ces stars, c’était intimidant, mais j’ai été très bien accueilli.”

Fan de Wout van Aert et de Geraint Thomas
En tant que Gallois pur souche, Joshua Tarling a été marqué par la victoire de son compatriote Geraint Thomas sur le Tour de France 2018. À l’âge de 14 ans cette année-là, il s’est même rendu à Cardiff pour participer aux célébrations en l’honneur du maillot jaune devenu son coéquipier. “C’est spécial de porter maintenant le même maillot. Nos origines communes nous ont rapprochés lors des premiers rassemblements de l’équipe. Avant l’hiver dernier, les coureurs professionnels avaient quelque chose d’impressionnant, voire d’effrayant à mes yeux. Mais ce sont en fait des gens tout à fait normaux !” Celui qui s’est imposé lors du contre-la-montre du dernier Renewi Tour est également un grand fan de Wout van Aert. “Le fait qu’il m’ait désigné comme favori avant les championnats d’Europe de chrono m’a vraiment fait plaisir. C’est un coureur que j’adore !”

Un monstre de puissance
Derrière son visage juvénile et sa silhouette élancée (1,94m pour 78kg), Joshua Tarling est déjà un véritable monstre de puissance. Élevé à l’ère des données, le Britannique avait défini précisément le niveau de puissance qu’il voulait maintenir lors des championnats du monde de contre-la-montre en Écosse. “Quand Josh m’a dit qu’il voulait maintenir 455 watts pendant près d’une heure, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire : ‘Mon Dieu, vraiment ?’ C’est énorme”, a raconté Geraint Thomas par la suite. Privé de données pendant son effort, car son compteur était malheureusement connecté au capteur de puissance de son vélo de rechange sur la voiture, Tarling a terminé la course 49 secondes plus vite que Wout van Aert et a remporté la médaille de bronze… tout en se basant sur ses sensations.

Il a également de bonnes capacités de résistance qui lui permettent de briller sur la piste, où il rêve de devenir champion olympique de poursuite par équipe à Paris en 2024. C’est l’une de ses ambitions, parmi d’autres, car il rêve également de participer au Tour des Flandres, à Paris-Roubaix ou encore aux Strade Bianche…
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