Un texte universel qui touche un large public. “Le Mystère de la Chambre Rose” est au bac de français 2024, dans la section “Oeuvres Poétiques”. Une belle reconnaissance pour son auteur, le slameur lyonnais Eurêka.
“Je viens d’apprendre un truc de DINGUE !” écrit l’artiste lyonnais Eurêka sur les réseaux sociaux. Le slameur n’en revient pas : “Le Mystère de la Chambre Rose”, l’une de ses créations, fait partie du corpus de textes choisis par les enseignants de plusieurs lycées pour le bac de français 2024.
C’est une belle surprise pour Olivier Tonnelier. L’ancien journaliste radio a radicalement changé de voie il y a quelques années, pour se consacrer à sa passion : le slam. “J’ai appris la nouvelle après un concert dans un lycée du nord de la France, à Bruay-la-Buissière. J’avais déjà plusieurs témoignages de professeurs de français qui le donnaient à étudier”. Un texte remarqué pour sa construction, ses rimes, sa chute et ses qualités poétiques.
“C’est un des morceaux dont on me parle le plus. C’est très gratifiant de savoir que ce texte est étudié et présenté par des élèves. Ça me renvoie à mon propre bac de français, en 2002. J’avais obtenu la meilleure note en français de l’académie. Le français, c’est la matière que j’ai toujours préférée”, assure l’artiste.
C’est une reconnaissance de la qualité du travail que je fais. Je passe parfois plusieurs mois sur un texte, je ne compte pas le nombre d’heures.
Olivier Tonnelier, alias Eurêka
“Je m’éveille aujourd’hui dès le lever du soleil, après une douce nuit de repos et de sommeil dans une petite chambre à aucune autre pareille. Une chambre toute rose, aux nuances de vermeil”. C’est ainsi que débute le titre qui sera présenté par les bacheliers. C’est sans conteste l’un des textes du slameur lyonnais les plus connus et appréciés par le public.
Ciseler les rimes, peaufiner le rythme, finaliser la chute… Eurêka a mis du temps à accoucher du “Mystère de la Chambre Rose”. Ce texte lui a bien demandé une bonne centaine d’heures de travail. Mais le jeu en valait la chandelle : son œuvre vit aussi en dehors de la scène. “Parmi les jolies choses vécues par ce texte : certains l’utilisent pour annoncer une naissance à leurs proches. On m’a raconté qu’une personne l’a même écouté en salle d’accouchement”, assure l’artiste.
L’une des marques de fabrique d’Eurêka, ce sont des textes illustrés. Des dessins qui défilent lors de ses prestations. Quant à sa signature artistique, c’est le “twist”. Ce retournement de situation qui caractérise la fin de chaque chanson. Son nom de scène, Eurêka (“j’ai trouvé” en grec)fait d’ailleurs directement référence à cet effet de style. “J’ai trouvé, c’est ce que peuvent se dire les spectateurs qui écoutent un slam et qui essaient de deviner la chute avant la fin”, confiait-il en 2021 lorsque nous l’avions rencontré pour la première fois.
“Le Mystère de la Chambre Rose” est un texte consacré à la naissance. “Derniers instants”un autre de ses textes plébiscités, est une référence au suicide. Mais ne lui dites pas qu’il est un artiste engagé ou qu’il traite de sujets de société.
J’écris sur les grands moments de vie. Mon souci a toujours été que tous mes textes soient le plus universels possible, qu’ils touchent n’importe quel public.
Olivier Tonnelier, alias Eurêka
Ni militant, ni revendicatif, Eurêka se veut au contraire “multi générationnel” et surtout “universel”. Sa fierté : un public qui va de l’enfant de 5 ou 6 ans, à la grand-mère de 81 ans avec des textes qui parlent à tous. “Je ne traite pas de thèmes de société ou de questions sociales. Je ne parle pas de choses engagées, mais de choses qui font du bien. Pour être un artiste engagé, il faut être pour ou contre quelque chose”, résume le Lyonnais. S’autoriser à rêver, trouver sa voie, s’écouter… c’est le seul message de ce slameur bon chic bon genre qui a voulu casser les codes du genre.
Depuis près de quatre ans, son succès va croissant. Eurêka n’a cessé de se produire en entreprises, dans les collèges et les lycées. Depuis que ses interventions sont financées par le dispositif “Pass Culture”, son planning est booké. Jusqu’à six mois à l’avance. Une autre marque de reconnaissance de la qualité de son travail.
Je n’ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Je me lève tous les matins pour faire un métier que j’aime.
Olivier Tonnelier, alias Eurêka
La parenthèse Covid, loin de lui couper les ailes, a même sérieusement boosté sa visibilité. Il était l’un des rares artistes à pouvoir travailler. Olivier Tonnelier, le slameur qui a voulu écouter sa petite voix intérieure et vivre sa passion, affiche aujourd’hui une belle progression. Les salles ou les festivals dans lesquels il se produit sont de plus en plus importants. Tout récemment, il a fait la première partie de Vianney. Un concert devant 4000 personnes et surtout “une belle expérience devant un public familial”.
France Culture n’hésite pas non plus à utiliser ses textes pour illustrer ses émissions. Mais Eurêka a encore un rêve d’artiste : celui de se produire au Festival des Nuits de Fourvière. “Ce festival, c’est un rêve d’enfant. J’habitais le quartier avec mes parents et chaque été on assistait à des spectacles. Je rêverais d’être programmé sur cette scène que j’ai vue tant de fois”.
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