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Le journal de Victor Hugo : le téléscripteur en direct de Paris

Le journal de Victor Hugo : le téléscripteur en direct de Paris

2023-09-04 12:37:18

DLe plus beau mot sur Victor Hugo vient de Jean Cocteau. Il disait de son collègue plus âgé : « Victor Hugo était un fou ; Il se croyait Victor Hugo. » Cocteau avait raison sur plusieurs points : celui que les Français considèrent encore dans toutes les enquêtes comme le poète le plus important de leur pays et que nous ne voyons en réalité que dans les adaptations cinématographiques et les versions musicales. de ses romans « Notre-Dame de Paris » et « Les Misérables » perdure, il était en fait fou d’une certaine manière.

D’ailleurs, c’était de tradition familiale : un de ses frères a dû s’engager dans l’institution lorsque Victor s’est présenté et a épousé Adèle Foucher, qu’ils aimaient tous deux beaucoup. Et la plus jeune fille de Victor a subi le même sort des décennies plus tard en raison de son amour malheureux pour un Anglais.

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Mais plus important encore : la folie de Victor Hugo tenait aussi à son penchant pour les séances spiritualistes, la vision des fantômes, la superstition et les messages de l’au-delà, qui lui étaient transmis la nuit en frappant à la porte. Sa folie venait principalement du fait qu’il croyait être la voix de la France en tant que marque littéraire et politique « Victor Hugo ». Incarnation du progrès. Instrument de la Providence. Ou, pour le dire avec ses propres mots : « Je suis un fonctionnaire de Dieu ». Pour Hugo, il ne faisait aucun doute que Dieu voulait la démocratie sur terre. Ils avaient quelque chose en commun !

Victor Hugo ne l’avait pas une taille plus petite. Je n’en voulais pas. Mais il était également prêt à faire des sacrifices pour cela. Initialement royaliste et donc très tôt dans l’honneur public, il est devenu républicain dans les dernières années précédant la révolution de 1848. Pour Hugo, il était indiscutable que l’avenir appartenait à la République. Et lorsque cela se produira, dans cent ans au plus tard, prédit-il en 1870, lorsque la guerre franco-prussienne éclata, il n’y aura plus de guerre. Parce qu’alors le peuple gouvernerait partout. Les peuples ne se combattent pas. Seuls les rois et les empereurs font cela.

Dans la pose du poète d'État : Victor Hugo vers 1880

Dans la pose du poète d’État : Victor Hugo vers 1880

Quelle: photo alliance / opale.photo/Darchivio

Comme je l’ai dit, Victor Hugo était prêt à accepter toutes sortes de choses pour cette généreuse naïveté : l’hostilité, les menaces de mort, la démolition de sa belle maison de la place des Vosges, meublée avec fantaisie (musée Victor Hugo depuis 1902) et, enfin, exilé. Oui, ce qui ressemblait initialement à une évasion des sbires de Louis-Napoléon Bonaparte, devenu deuxième empereur des Français par plébiscite en 1852, s’est transformé en un séjour forcé de 18 ans dans les îles anglo-normandes de Jersey et de Guernesey.

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C’est là que le profilage de la marque « Victor Hugo » prend véritablement son essor. Notamment grâce à une utilisation intelligente du nouveau médium qu’est la photographie. Avec des images emblématiques montrant le poète sur une haute falaise rocheuse face à la mer, l’homme, dont la carrière littéraire avait commencé avec des pièces efficaces, se présentait comme un grand solitaire.

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Ce fut littéralement sa période la plus productive. Déjà écrivain prolifique qui écrivit rapidement des poèmes (de préférence longs et en cycles), des romans, des essais et des pamphlets politiques, Hugo resta un fin observateur du passage du temps, même en retrait. Il avait également de bonnes relations et recevait beaucoup de visites de camarades de gauche qui étaient dans une bulle à Guernesey dans leur haine du Second Empire français en général, Napoléon III. en particulier, ils se sont renforcés et encouragés mutuellement.

Il le fallait, car Napoléon III, qui se méfiait déjà de Hugo en raison de ses manières peu parisiennes et de son accent suisse, était en passe de faire de la France un pays prospère et d’étendre sa suprématie en Europe. La reconstruction de Paris par le brillant préfet Haussmann constitue à elle seule une mesure de modernisation de premier ordre.

Victor Hugo sur l'île de Jersey, où il vécut en exil en 1853-55

Victor Hugo sur l’île de Jersey, où il vécut en exil en 1853-55

Quelle: photo-alliance / akg-images

Mais les problèmes sociaux de la France, dans lesquels les riches s’enrichissaient et les pauvres s’appauvrissaient, finirent par ternir la réputation de l’empereur. Lorsque ses troupes furent vaincues par les Prussiens près de Sedan le 2 septembre 1870, il y eut un nouveau changement de régime à Paris (c’était le sixième dont Hugo fut témoin). La Troisième République est proclamée et, le deuxième jour, Hugo revient, toujours aussi confiant, d’autant plus qu’il est reçu triomphalement : « Je dis au peuple : ” Dans une heure, vous me rendrez 20 ans que j’ai passés en exil. ” perdu.’ » La tribune a d’autres compliments à faire : « Ô gens, je vous aime du fond du cœur. Vous avez beaucoup souffert, vous souffrez encore et vous êtes bon. » Cependant, Hugo n’a pas dit cela directement au visage de son peuple. Il l’a plutôt noté dans ses notes.

Sous le titre grandiose « Ozean » typique de Hugo, ces journaux, croquis et journaux d’événements sont publiés pour la première fois en allemand, dans une sélection qui néglige cependant un peu la vie privée de Hugo. Cela ne fait encore que 900 pages.

“Choses vues” : le journal de Victor Hugo

Comme on peut s’y attendre de la part de cet auteur, il s’agit d’un vaste panorama de l’époque et de la société, et dans ses meilleures parties, il documente non seulement les maximes et les réflexions idéologiques de cet auteur, qui basculent souvent involontairement vers le comique dans leur pathétique solennel, mais aussi ses observations incroyablement précises et approfondies. C’est pourquoi l’éditeur Matthes & Seitz a bien fait d’utiliser, au moins dans le sous-titre, la rubrique sous laquelle des extraits de ces notes sont parus pour la première fois en France. Ce titre était aussi simple que pertinent : « Choses vues ».

D'ici, il a bien vu : Victor Hugo sur les îles anglo-normandes de Jersey, 1868

D’ici, il a bien vu : Victor Hugo sur les îles anglo-normandes de Jersey, 1868

Quelle: alliance d’images / Bibliothèque d’images Mary Evans

Et Victor Hugo a vraiment vu beaucoup de choses. Vu, expérimenté et en partie même façonné dans la position privilégiée d’un homme qui a grandi à Paris et, comme le pensait Hugo, dans la « capitale du monde ». Il a grandi si grand et s’est vu confier à plusieurs reprises tant de fonctions politiques qu’il a pu interagir sur un pied d’égalité avec les personnes puissantes de son temps.

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Avec les rois qui reprirent le pouvoir en France après la chute de Napoléon en 1815. Avec « Napoléon le petit », comme il décrit polémiquement le futur Napoléon III. qui, après son élection à la présidence de la République le 10 décembre 1848, invita également Victor Hugo, membre de l’Assemblée nationale, à sa première réception à l’Élysée. Et enfin avec les représentants de la Deuxième République, arrivés brièvement au pouvoir après 1848, et ceux de la Troisième République, arrivés au pouvoir longtemps après 1870.

L’intégration sociale de l’écrivain

En d’autres termes : Victor Hugo est le paradigme de ce que le spécialiste de la littérature Robert Minder a appelé « l’intégration sociale » des écrivains français – contrairement à la position sociale traditionnelle d’exclusion des poètes allemands. Ce faisant, Hugo atteint une proximité avec le pouvoir dont ses collègues allemands ne pouvaient que rêver.

Bien sûr, nous avons Günter Grass, le rédacteur intérimaire des discours de Willy Brandt, et surtout Goethe, le super-ministre et confident de son souverain – mais ce pays était le duc, plus tard grand-duché de Saxe-Weimar et Eisenach. Le pays de Hugo était une grande puissance européenne qui se considérait aussi, à juste titre, comme le fer de lance de la civilisation.

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Comment la position privilégiée d’écriture et de réflexion de Hugo a-t-elle affecté les présentes notes ? Eh bien, dans sa section la plus passionnante, il peut nous présenter les événements de 1848 sous forme de téléscripteur en direct.

De l’officier qui, alors qu’il gardait la place de la Concorde à la veille de la révolution, demandait avec impatience à son général quand il pourrait assister à son rendez-vous pour le dîner, au roi Louis-Philippe, qui votait au même moment une loi réformant le système électoral. vers le suffrage universel et dit : « Ceci est pour mon successeur », aux barricades qui se dressent partout à Paris le lendemain, au président Thiers qui, le même jour, à la Chambre des députés, balbutie de désespoir : « Ah ! Je suis dépassé ! Complètement dépassé ! », voilà tout le chaos du bouleversement. Ce n’est d’ailleurs pas sans ressentir le caractère grotesque d’une situation dans laquelle pour de nombreuses personnes, il s’agit d’une question de vie ou de mort.

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Notamment pour la famille royale. L’aimable « Citizen King », à qui Hugo consacrera des années plus tard un portrait magistral et nuancé dans « Les Misérables », doit littéralement fuir en Angleterre dans le noir, au lendemain de l’opération de classement. Et maintenant, du 24 février au 10 décembre 1848 déjà mentionné, tout s’est passé rapidement, y compris le passage de la gauche à la droite, car les premières élections générales n’ont pas produit le résultat souhaité par les nouvelles élites politiques, mais une victoire écrasante. de réaction. Cela ne nous semble pas totalement inconnu aujourd’hui !

Justizreportagen de Victor Hugo

Hugo ne s’intéressait pas seulement à ceux qui étaient au pouvoir et à la manière dont ils écrivaient l’histoire ou étaient écrasés par celle-ci. Son attirance pour le « peuple », en particulier pour les pauvres et les nécessiteux, notamment pour ceux qui se retrouvent dans les rouages ​​de la justice, est étonnante. Hugo a milité toute sa vie pour l’abolition de la peine de mort. Partout où il vit, il inspecte les prisons et étudie les conditions de détention de leurs détenus. Les procès-verbaux sont sans doute la grande découverte de ce livre ; les 35 pages consacrées à sa visite à la Conciergerie de la prison municipale de Paris méritent à elles seules une publication à part, tant elles sont instructives, vivantes et humainement touchantes.

En parlant de toucher : Ce qui vous réconcilie toujours en tant que lecteur avec la corpulence de Hugo, son penchant pour les poses et la téléologie historique, qui est par exemple son roman “1793” Ce qui le rend parfois si désagréable, c’est sa capacité à faire preuve d’empathie. Dans « Choses vues », il peut être enflammé par le vaincu, le condamné et l’ostracisé, ainsi que par ses proches.

Hugo, qui a dû enterrer quatre de ses cinq enfants et placer son cinquième enfant dans un hôpital psychiatrique, a su aussi exprimer sa douleur de perte sans avoir peur d’utiliser de grands mots. C’est ainsi qu’à la fin, le père privé et en deuil devrait entrer en jeu. Lorsque son deuxième fils mourut également au milieu de la quarantaine en 1873, Hugo confia au journal : « Oh, j’ai une foi profonde. Je vous reverrai tous, vous que j’aime et vous qui m’aimez. Je suis resté longtemps penché sur Victor, le bénissant et lui demandant de nous bénir et de nous prendre sous les ailes qu’il a désormais.” Après avoir lu ces prodigieux 900 pages, on aimerait croire que la demande a été exaucée.

Victor Hugo: Océan. Choses que j’ai vues. Traduit du français par Alexandre Pschera. Matthes & Seitz, 978 pages, 48 ​​euros

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