Le gouvernement Trudeau, actuellement en difficulté dans les sondages, prévoit de « revenir à [ses] racines » cet hiver. Le premier ministre et ses ministres établiront leurs grandes priorités d’action lors d’une retraite de trois jours à Montréal.
Au coeur du programme se trouvent des efforts pour « soutenir la classe moyenne ». Les ministres discuteront notamment des mesures pour réduire le coût de la vie, construire davantage de logements et améliorer le système de santé.
La retraite du cabinet survient également au moment où la question de l’immigration pèse sur le gouvernement. Mercredi dernier, le premier ministre du Québec, François Legault, a exhorté le premier ministre canadien à freiner l’afflux de demandeurs d’asile, sans quoi le Québec atteindra son « point de rupture ».
« La lettre de Monsieur Legault, on l’a trouvée très constructive et très utile. Maintenant, c’est à nous de trouver des solutions en commun », a déclaré le ministre des Transports, Pablo Rodriguez, au terme de la première soirée de la retraite des ministres, dimanche soir.
« On doit regarder les pressions qui arrivent du côté des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires… On est d’accord [sur le fait] que c’est un défi, on va le régler ensemble », a-t-il ajouté en s’adressant aux journalistes.
Plus tôt cette semaine, Justin Trudeau avait invité les établissements d’enseignement supérieur et les entreprises à trouver des solutions de logement pour ces résidents temporaires. Même chose pour les industries affirmant avoir un besoin important de travailleurs temporaires.
Les questions du coût de la vie et du logement étaient au premier plan des préoccupations des Canadiens en 2023, selon plusieurs firmes de sondages nationaux. Or, deux Canadiens sur trois estiment que le gouvernement fédéral fait un travail « médiocre » ou « très médiocre » dans la mise en oeuvre de politiques visant à rendre le logement au Canada plus abordable, selon un sondage Nanos paru en début d’année.
Les conservateurs de Pierre Poilievre mènent désormais de 17 points sur les libéraux, selon le plus récent sondage Abacus. Parallèlement, le même sondage révélait aussi que l’approbation du gouvernement Trudeau était en baisse, avec un taux de désapprobation atteignant désormais le niveau le plus élevé enregistré depuis l’élection des libéraux en 2015.
Un retour de Donald Trump ?
Dans le contexte de l’élection présidentielle imminente, où un retour possible de l’ancien président américain Donald Trump à la Maison-Blanche est envisagé, les discussions sur les relations entre le Canada et les États-Unis seront à l’ordre du jour.
La semaine dernière, Donald Trump a remporté le caucus républicain de l’Iowa avec une victoire écrasante, récoltant 51 % des voix.
Déjà, le premier ministre a affirmé qu’une éventuelle deuxième présidence de Trump « ne [serait] pas facile ». Justin Trudeau a été premier ministre canadien tout au long du premier mandat de quatre ans de l’ancien président, mandat au cours duquel les relations ont été parfois difficiles.
« Veulent-ils être un État optimiste et engagé envers l’avenir ? Ou choisiront-ils un retour en arrière, la nostalgie d’une époque qui n’a jamais existé, un populisme qui reflète beaucoup d’anxiété et la furie que vivent les gens sans nécessairement proposer des solutions ? » a lancé M. Trudeau lors d’une discussion à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain plus tôt cette semaine.
« On voit un glissement démocratique, un recul des valeurs démocratiques à travers le monde et à bien des niveaux », a-t-il ajouté.
Une deuxième retraite
La retraite du Conseil des ministres qui s’est amorcée à Montréal n’est pas la première portant sur le coût de la vie et la crise du logement. Ces mêmes questions avaient aussi été la « priorité numéro un » de la dernière retraite à Charlottetown, la capitale de l’Île-du-Prince-Édouard, l’été dernier.
Au terme de cette retraite, le premier ministre avait promis de rendre la vie accessible aux jeunes touchés par la hausse du prix des logements, sans toutefois annoncer de mesures concrètes.
« Nous avons réalisé des progrès considérables sur ces questions. Le ministre du Logement et d’autres ministres ont collaboré avec leurs homologues provinciaux et municipaux pour mettre en oeuvre des mesures très concrètes qui auront un impact positif sur les problèmes d’abordabilité », a affirmé le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, dimanche soir.
Le ministre LeBlanc et quelques collègues ont aussi pris la parole pour annoncer un Sommet national pour lutter contre le vol de véhicules, y compris l’expédition au-delà les frontières des véhicules volés.
Le premier ministre Justin Trudeau n’a pas répondu aux questions des journalistes, lors de son arrivée dimanche soir. « C’est un plaisir de vous voir chez moi », a-t-il simplement lancé aux journalistes.
Tous les partis fédéraux tiendront des réunions de caucus avant la reprise des travaux parlementaires, le 29 janvier.
