Article après article, analyse après analyse, l’idée que le français est en déclin se base sur ce qui se passe dans la sphère domestique. Toutefois, le sociologue Jean-Pierre Corbeil souligne que tout plan d’action pour renverser le déclin ne peut pas considérer seulement la langue maternelle ou parlée à la maison. M. Corbeil a donc convié des professeurs, sociologues, statisticiens et politiciens, dont la ministre de l’Immigration du Québec, Christine Fréchette, et l’ancien député Thomas Mulcair, à discuter de la question lors du 90e Congrès de l’Acfas à Montréal le mardi.
Alors que Québec s’apprête à annoncer des réformes des programmes d’immigration pour mettre plus en avant le français dans les critères de sélection, M. Corbeil invite à élargir les perspectives et à dépasser certains clichés sur cette question. La diversité linguistique s’est accrue considérablement, et une grande proportion des immigrants parlent plusieurs langues à la maison. Le recul du français se vérifie indéniablement dans un espace privé, mais pour trouver les bons leviers, il faut « voir plus loin » et éclairer les angles morts de ces indicateurs utilisés depuis plus de 50 ans.
Quelqu’un qui n’a pas le français comme langue maternelle peut tout de même en faire usage dans l’espace public, notamment dans un contexte de travail ou dans son univers social par exemple. Mais ce segment de population n’est pas considéré dans les analyses, bien que les analyses aient démontré que la capacité des immigrants à parler français avait augmenté de près de 30 points de pourcentage depuis 1971.
Il faut abandonner l’approche consistant à considérer que le français ne sera jamais la langue publique tant que tous les Québécois ne parlent pas le français « le plus souvent » à la maison. Il est également nécessaire de dépasser les mythes selon lesquels les immigrants adoptent plutôt l’anglais que le français et n’utilisent pas le français dans l’espace public. M. Corbeil souligne également le rôle de la société d’accueil, car les immigrants perçoivent souvent qu’ils ne seront jamais considérés comme francophones, car ils sont plurilingues, ont un accent et ne sont pas des “de souche”.
M. Corbeil ne souhaite pas ignorer les difficultés, mais il croit qu’il faut avoir une discussion plus constructive sur la question. Il n’y a pas de « baguette magique » pour renverser le déclin de la langue française, et les interdictions ne sont pas une solution. Il est donc important d’établir une discussion qui dépasse la question du déclin et qui prenne en compte les dynamiques linguistiques réelles.
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