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Le conseiller d’Etat Antonio Hodgers sous le feu des projecteurs et victime d’attaques

Le conseiller d’Etat Antonio Hodgers sous le feu des projecteurs et victime d’attaques

Il est indéniable que l’écologiste est sous le feu des projecteurs ces dernières semaines. Tout a commencé fin septembre par un conflit avec le Grand Conseil concernant la loi sur l’énergie, qui a été détricotée à la dernière minute par la majorité de droite. Antonio Hodgers a été piqué au vif et a convaincu le collège de bloquer temporairement l’entrée en vigueur de la loi grâce à un mécanisme extraordinaire prévu dans la Constitution.

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Un conflit qui s’aggrave

Les choses se sont ensuite envenimées. Choqué par ce qu’il considère comme une “gabegie parlementaire”, le magistrat n’a pas mâché ses mots dans la presse, ce qui a provoqué une réaction courroucée du bureau du Grand Conseil qui, fait rare, l’a rappelé à l’ordre dans un communiqué. Quelques jours plus tard, deux députés du Centre ont accusé Antonio Hodgers de les avoir fait pression en marge du vote. Cela a encore exacerbé les tensions entre le magistrat et le parlement.

C’est dans ce contexte ultra-tendu que la chaîne Léman Bleu a critiqué des mandats de plus de 250 000 francs accordés par son département sans appel d’offres, évoquant également des conflits d’intérêts potentiels. L’intéressé a contesté toute irrégularité et a expliqué jeudi que les contrats en question étaient en réalité la somme de plusieurs mandats inférieurs, qui ne nécessitaient donc pas d’appel d’offres. Cette justification a été accompagnée d’une attaque frontale contre le rédacteur en chef de Léman Bleu lors de l’émission “Forum”. Cela montre ses relations, parfois tendues, avec la presse.

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“Avec le temps, il a pris de mauvaises habitudes”

Lors de l’affaire Maudet en 2019, Antonio Hodgers avait rappelé avec sévérité que “tout élu peut un jour être touché par la maladie du pouvoir”. Selon ses détracteurs, c’est maintenant lui qui a perdu la retenue qui incombe à un ministre. “Avec le temps, il a pris de mauvaises habitudes, sa propension à faire pression et son arrogance irritent de plus en plus les députés”, estime le président du MCG, François Baertschi, pour qui Antonio Hodgers “sort de son rôle de conseiller d’État, au détriment de la séparation des pouvoirs”. Aux yeux du député centriste Sébastien Desfayes, la dispute autour de la loi sur l’énergie, loin d’être anecdotique, incarne les “défauts d’un magistrat grisé par le pouvoir”. “Il n’écoute plus, ne consulte plus et ne respecte plus le parlement”, déplore l’élu, allant jusqu’à affirmer qu’il a perdu tout respect pour lui.

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Est-ce que Antonio Hodgers a tendance à s’emporter facilement avec le temps? Le secrétaire général de la CGI n’est pas de cet avis. “Il n’a jamais bien supporté la critique”, estime Christophe Aumeunier, en soulignant qu’il est un élu qui ne consulte pas suffisamment les parties concernées. Une attitude typique des caciques verts selon le député PLR Adrien Genecand. “Dans leur illusion de morale et de détenir toute la vérité, ils sont choqués lorsque leurs méthodes sont remises en question ou que des conflits d’intérêts évidents sont pointés du doigt.”

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“Il sait exactement ce qu’il fait”

A gauche, on soutient au contraire un conseiller d’État très engagé qui peut se vanter d’une longue expérience. “Un ministre qui se contente de suivre sans faire de vagues laisserait les choses couler. Lui, au contraire, n’a pas perdu de sa combativité pour faire avancer les dossiers”, estime Caroline Marti, cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil. Face à une droite qui s’émeut des disputes, l’élue constate que celles-ci ont été réparties de manière équitable entre les différents protagonistes.

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Malgré les turbulences, Antonio Hodgers conserve également la confiance et l’estime de son parti. Comme l’ancien conseiller d’État Robert Cramer. “Ayant été à sa place, je dois dire qu’il m’impressionne”, confie-t-il. “Il sait exactement ce qu’il fait, il connaît ses forces et ses faiblesses, tout est planifié minutieusement.” Alors même s’il entre en conflit avec le Grand Conseil? “Face à l’irresponsabilité des députés de droite qui ont voté une loi sans en connaître les conséquences, il devait marquer le coup pour montrer la gravité de la situation politique”, juge Robert Cramer.

“Les Vert·e·s sont devenus des cibles”

Chez les Vert·e·s, Antonio Hodgers est perçu comme un magistrat constant dans ses efforts, qui voulait légitimement faire un troisième mandat pour terminer ce qu’il avait commencé. Ils voient dans cette succession de polémiques des attaques directes contre leur parti. “Après l’affaire Fabienne Fischer, il semble que les Vert·e·s soient devenus des cibles”, déplore le député Pierre Eckert, qui souligne une instrumentalisation politique de la droite dans le contexte des élections fédérales. Le député Julien Nicolet-dit-Felix partage cet avis et estime qu’Antonio Hodgers reste fidèle à lui-même. “Il a toujours eu un tempérament fort sans toutefois dépasser les limites. Il a les épaules solides pour résister à ces attaques.”

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Que pense l’intéressé? Il nie avoir entrepris un mandat de trop et regrette les critiques qui se focalisent sur la forme afin d’éviter de parler du fond. “La loi sur l’énergie constitue une attaque majeure de la droite et des milieux immobiliers contre le plan climat cantonal et plus largement contre les Vert·e·s. Il ne faut pas se faire d’illusions, il y a d’énormes intérêts financiers en jeu dans la rénovation des bâtiments”, argumente Antonio Hodgers, assurant assumer ses paroles et son engagement en faveur des enjeux qui lui tiennent à cœur. “Tôt ou tard, cette question finira devant le peuple.”

S’il reconnaît que son profil détonne dans un monde politique policé, il estime que cela est fait consciemment. “Pour beaucoup, la politique est une affaire de défense d’intérêts sectoriels, pour moi, c’est une question de valeurs. J’essaie d’être cohérent entre ce que je pense, ce que je dis et ce que je fais. Cela crée nécessairement des étincelles.”

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