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Le combat contre les violences sexuelles en Ukraine : témoignages de survivantes et action de l’ONG SEMA

Le combat contre les violences sexuelles en Ukraine : témoignages de survivantes et action de l’ONG SEMA

Cette photo qui a fait le tour du monde a mis une pression énorme sur le chef du groupe, Alexander Khodakovsky, qui a fini par la relâcher. Mariée, mère de deux enfants et grand-mère d’une petite fille, Irina a du mal à parler publiquement de son expérience. “Je ne veux pas que ma famille y pense tout le temps”, explique-t-elle depuis son petit cabinet d’esthéticienne qu’elle gère à Kyiv.

Cinq ans plus tard, Irina est devenue une figure importante dans la lutte contre les violences sexuelles commises par les troupes russes. Elle est maintenant à la tête de la branche ukrainienne de SEMA Network, une organisation internationale soutenue par la Fondation du Dr Denis Mukwege. “Après ma libération, une organisation a financé quatre séances avec un psychologue, ensuite c’était à mes frais”, raconte-t-elle. SEMA Ukraine a pour mission de fournir un soutien psychologique et social gratuit aux femmes victimes d’agression sexuelle, une assistance médicale et de plaider pour un statut de victime de viol inexistant dans la loi ukrainienne. “Actuellement, les femmes qui ont été victimes de violences sexuelles n’ont pas de statut légal. En Ukraine, il existe des statuts pour les personnes déplacées, les personnes dont les maisons ont été détruites, les personnes blessées à cause de la guerre, mais il n’y a pas de statut pour les victimes de viol”, explique-t-elle.

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Irina rencontre régulièrement d’autres femmes survivantes de violences sexuelles pour leur apporter soutien et aide, mais aussi pour les encourager à témoigner afin que les coupables puissent être poursuivis en justice. Elle les invite également à rejoindre la communauté de SEMA Ukraine, qui compte aujourd’hui 37 membres. Lyudmila, détenue par les séparatistes pendant trois ans, et Galina, victime de viol en mars 2022, en font toutes deux partie.

Les viols en Ukraine, perpétrés par les forces russes, sont clairement une stratégie militaire et une tactique délibérée”, affirme Irina.

Lyudmila, une journaliste de 61 ans, a vécu un calvaire de trois ans à Donetsk. Après avoir apporté de l’aide humanitaire et des livres d’école ukrainiens à un orphelinat, elle a été arrêtée par les séparatistes. Elle a été frappée et forcée de se déshabiller à son arrivée en prison. Elle a ensuite été isolée pendant 50 jours, partageant une cellule avec deux autres femmes, sans pouvoir s’asseoir ou se coucher pendant certaines heures de la journée. Après ces 50 jours, elle a été transférée puis libérée grâce à un échange de prisonniers. Elle a ensuite rejoint SEMA Ukraine pour soutenir d’autres femmes victimes de violences sexuelles.

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Galina, 60 ans, a été violée et coupée du monde pendant l’occupation russe de son village. Après avoir été menacée de mort par un soldat russe, elle a été violée de multiples manières. Elle a ensuite été laissée seule, sans accès à l’eau ou à l’électricité, et sans assistance médicale. Après la libération de son village, elle a reçu peu de soutien de l’État et c’est grâce à des organisations bénévoles qu’elle a pu obtenir un suivi médical. Elle a rejoint SEMA Ukraine l’année dernière pour bénéficier d’un soutien psychologique et pour soutenir d’autres femmes.

Le travail de SEMA Ukraine s’est intensifié depuis l’invasion russe de février 2022, où la violence sexuelle a été utilisée comme arme dans les combats. Grâce à des organisations comme SEMA, les victimes de violences sexuelles témoignent désormais devant le bureau du procureur pour collecter des preuves de crimes de guerre à présenter au tribunal international de La Haye.

Le combat contre les violences sexuelles en Ukraine est encore loin d’être terminé. Les autorités ukrainiennes enquêtent actuellement sur 230 affaires de violences sexuelles commises par des soldats russes contre des civils, dont douze filles et un garçon. La plus jeune victime avait seulement 4 ans.

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