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Le Chœur des amants: Une histoire d’amour racontée en chanson et en parole

Le Chœur des amants: Une histoire d’amour racontée en chanson et en parole
            

Toute sa démarche artistique ne vise que ça: permettre à chacune et chacun de raconter son histoire au sein de la grande histoire. À La Comédie de Genève, avant le Théâtre du Passage à Neuchâtel en février, un couple vit et fait vivre cette expérience au public à travers le récit choral de leur amour. Souvent à l’unisson, parfois en canon, Alma Palacios et David Geselson sont les auteurs de cette parole-chanson.

Gri-gri et superstition

La valse des superstitions et des conjurations. Quand on s’aime et qu’on se sait menacés, on s’invente des rituels pour se protéger. Dans Le Chœur des amants, c’est le film Écharpe qui fait office de gri-gri et dont le couple décide de ne jamais regarder la fin. “On a le temps”, répètent-ils souvent.

C’est que le temps a manqué de leur manquer. Très tôt dans leur relation, une crise d’asthme a failli emporter la femme, mère du foyer. Le premier récit des deux conjoints qui, sur la petite scène de La Comédie, se tiennent face à nous dans le plus grand dénuement, est une course contre la montre. Une cavale, presque, pour voler à la mort celle qui sent “sur ses poumons, un poids qui ressemble à un éléphant”. Les mots filent et les images défilent. La voiture qui fonce dans la ville, la camionnette qui débouche sur la droite – ou sur la gauche, l’imperfection de la mémoire est aussi de la partie -, les machines qui maintiennent en vie. On y est. Par le rythme des mots, leur cadence, autant que par le sens.

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Le fil des pensées

En plus des faits, les pensées sont également restituées. Au bord de l’étouffement, l’épouse regrette le temps perdu à des futilités et imagine ce qu’elle pourra changer si elle est épargnée. Elle remarque aussi que, au seuil de la mort, sa vie ne défile pas devant ses yeux et, dans un jeu typique de Tiago Rodrigues, liste tous les souvenirs qui ne remontent pas spontanément à sa conscience. L’occasion pour le directeur du Festival d’Avignon de rappeler que nous sommes les auteurs de notre vie, que nous pouvons toujours choisir ce que nous voulons (nous) raconter et comment nous voulons le raconter…

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Union sacrée

A cet égard, le spectacle est un déniaisement permanent. Mais c’est aussi une célébration de l’union sacrée. Avec cette profération à l’unisson que le duo de comédiens pratique depuis 2020, date de la recréation de cette pièce de 2007, le geste théâtral dit la parfaite adéquation, celle qui permet de dépasser la maladie, les désaccords et la séparation. Le safari de la vie, quoi.

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Le quatrième chant, écrit plus tard que les trois premiers, annonce la retraite des amants. Ce moment où allant dans la forêt, ils passent du règne humain au règne végétal, dans une volonté très actuelle d’abstraction. Alors, disparaissant dans le fond vert du plateau, les deux comédiens évoquent la beauté de la fin, le rideau que l’on tire ensemble sur une vie vécue “en chœur” et qui a filé en un battement.


Le Chœur des amants, Comédie de Genève jusqu’au 15 octobre; Théâtre du Passage, Neuchâtel, le 23 février 2024.

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