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Le Château des Rentiers : Vivre sa vieillesse en espérant

Le Château des Rentiers : Vivre sa vieillesse en espérant

Comment vieillir, où, avec qui ? À partir de cette question, l’écrivaine Agnès Desarthe scrute le temps qui passe et se penche sur la mémoire familiale, frappée par la déportation. Un roman plein de légèreté heureuse sur un sujet sombre.

Deux ans après “L’Éternel fiancé”, la romancière Agnès Desarthe publie le 18 août dans la rentrée littéraire d’automne “Le Château des Rentiers” (Editions de L’Olivier), un roman dans lequel elle interroge dans une forme très libre la question de la fin de vie et plus largement celle du temps passé, du temps présent, du temps qu’il reste, et de la mémoire familiale.

Histoire : la narratrice se souvient du “Château des Rentiers”, ce lieu du XIIIe arrondissement de Paris où vivaient ses grands-parents, Boris et Tsila Yampolski. Une vie quasi communautaire s’était naturellement instaurée dans leur tour, avec d’autres Juifs comme eux originaires d’Europe centrale, immigrés en France et déportés pendant la Seconde Guerre mondiale, rescapés de cette histoire dont “seuls les morts devraient pouvoir parler”.

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“Dans ce microcosme créé par de vieux Bessarabiens au cœur du XIIIe arrondissement de Paris, la mort était présente, c’était le limon. Mais elle n’était pas, comme elle l’est pour tout individu, l’issue inéluctable. La mort était ce à quoi ils avaient échappé. Elle était reléguée dans le passé. Quand j’allais manger du gâteau aux noix au Château des Rentiers, je croquais la génoise de l’immortalité.”
-“Le Château des Rentiers”, d’Agnès Desarthe
p. 119

Quand la narratrice envisage la manière dont elle aimerait vivre sa vieillesse, elle pense à ces grands-parents rescapés des camps et à leur vie dans le Château des Rentiers, ce “moment-lieu” qu’ils ont su inventer “où il est possible de vivre en espérant”. C’est en se remémorant la douceur de leur communauté joyeuse que germe dans son esprit l’idée de reconstituer elle aussi un “phalanstère” avec tous ses vieux amis, quand le temps du grand âge les aura rattrapés…

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Voyage dans le temps
À partir de cette idée, Agnès Desarthe entame un voyage dans le temps, dans les temps de sa vie, celui qui l’a précédée, petite-fille de déportée, celui de son enfance, de sa vie de jeune fille, de mère, d’épouse. Un voyage dans le présent, celui de la maturité, et dans le futur, celui qu’elle imagine. Tous ces temps rassemblés dans sa mémoire se superposent et se nourrissent les uns des autres.

Le goût d’un gâteau aux noix, l’ombre des absents, le silence qui recouvre l’innommable, la joie de l’adolescence, d’une maternité, la voix de sa mère exhumée d’un documentaire, la rencontre avec un livre, sa légitimité d’écrivain… Agnès Desarthe nous promène dans une déambulation en apparence sans dessein, sans chronologie, sans plans. Le texte est également nourri de témoignages de personnes âgées distillés au fil du récit, et ponctué de dialogues qui opposent les deux petites voix intérieures de la narratrice, en forme de “conversation” avec elle-même.

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Comme dans une balade improvisée, de son écriture vive, Agnès Desarthe traverse le temps et les générations pour aborder avec pudeur, légèreté et humour l’Histoire, la sombre, et les questions existentielles les plus intimes. Campant délibérément son récit et sa réflexion du côté de la vie et de la joie, elle rend un formidable hommage à ses ancêtres, à ceux qui ont péri, à ceux qui ont survécu, ouvrant à leurs descendants (et à nous tous) une perspective apaisée, en forme de pas de côté, sur la question de la Mémoire. “L’expérience concentrationnaire est incommunicable” constate la romancière, mais elle est “infiniment transmissible, et même contagieuse ; on l’attrape en mangeant du gâteau aux noix, en écoutant les silences qui ourlent les récits, en contemplant les regards qui paraissent vides avant de se révéler absents”.
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