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«Last stop Auschwitz», avec le «Corriere» le livre de Frediano Sessi- Corriere.it

«Last stop Auschwitz», avec le «Corriere» le livre de Frediano Sessi- Corriere.it
De PAUL SALOMÉ

A partir du 26 janvier pendant un mois en kiosque avec le journal le volume qui raconte à la première personne et sous forme de journal intime la vie d’un enfant juif qui s’est retrouvé de l’école dans le camp de concentration nazi le plus tragiquement connu

Arthur ne sait pas. Il n’a que neuf ans et est en CM1 : comment peut-il imaginer le sens du mot “Juif” en 1938, dans un pays, l’Italie, désormais ivre de propagande fasciste, grisé par les illusions de grandeur, décidé à “conquérir une place au soleil” face aux puissances dépluto-judaïques-maçonniques ?

Et puis sa famille – son père, sa mère, sa sœur – ont tous été baptisés depuis un certain temps, pour “vivre en paix” et se fondre dans la grande et prestigieuse mer du pur esprit italien, de l’esprit romain retrouvé par le Duce. Non, Arturo Finzi ne sait pas ce que signifie être juif. Mais un beau jour de printemps, alors que les vacances d’été approchent et que les élèves rêvent déjà de jouer dans le sable et de nager dans la mer, voici le professeur – avec l’attitude martiale qu’exige la nouvelle éducation fasciste – l’informe que pour “ceux comme lui” le tour gratuit est terminé: en attendant de sévères mesures antisémites (mais que veut dire ce mot ?), désormais le garçon devra s’asseoir dans le box des condamnés, en silence, et plus personne en classe ne pourra plus lui parler : parce que finalement la vérité éclate, c’est un ennemi de la patrie.

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Commencer comme ça Dernière étape Auschwitz de Frediano Sessi, qui, à partir du 26 janvier, peut être acheté pendant un mois dans les kiosques avec Corriere della Sera au prix de 8,90 € plus le prix du journal. Un livre écrit à la première personne, sous forme de journal intime, avec un ton simple mais direct et efficace comment pourrait-il être celui d’un petit garçon qui découvre avant l’âge l’inclémence de la réalité, la cruauté de l’histoire qui pénètre parfois l’existence quotidienne transformant une vie jusqu’ici sereine et insouciante en tragédie.

Le protagoniste-écrivain du journal n’a jamais réalisé qu’il est « autre chose », qu’il appartient à une autre déclinaison identitaire. Comme cela était arrivé à de nombreuses familles de Juifs italiens, l’émancipation avait apporté l’illusion de pouvoir vivre avec le reste des citoyens sans différences substantielles. Plus ou moins pourraient cultiver leur appartenance religieuse en privé. Ou même l’abandonner sans nécessairement embrasser la foi majoritaire.

Peut-être aussi pour cette raison, au moins au début, la “punition” infligée à Arturo, ségrégué avant même que les lois raciales ne fassent leur apparition officielle (l’annonce des mesures arrivera à la fin de l’été), durera l’espace d’un matin. Son père, fasciste de la première heure (“J’ai une carte de membre fasciste depuis 1922”, explique-t-il le soir en larmes à son fils), parviendra à effacer l’humiliation en imposant son autorité au directeur de l’école, pointant la situation familiale particulière, fascistes et baptisés , comme « de vrais Italiens ».

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L’illusion ne durera pas longtemps : la réalité génétique selon l’interprétation des alliés nazis finira par rendre vains les mérites passés, la décision d’abandonner la religion des Pères. Jour après jour, le beau livre de Frediano Sessi raconte la descente aux enfers d’Arturo et de ses proches, condamnés sans possibilité de rédemption pour une faute ontologique : être né juif. Le journal du garçon rapporte avec une exactitude douloureuse les passages traversés dans ces terribles années par des milliers d’Italiens « non aryens ». Citoyens jusque-là parfaitement intégrés à la vie nationale, présents dans toutes les professions, des plus humbles aux plus prestigieuses, titulaires de décorations pour leurs actions de guerre, artistes et hommes de lettres, médecins et avocats, enseignants et commis, ils se sont progressivement dépouillés de leurs droits, leurs biens, leur identité.

C’est un cheminement par étapes, dont le régime a soigneusement étudié les modalités pour ne pas susciter de doutes ou de résistances dans l’opinion publique. Et en effet l’éloignement des Juifs de la vie nationale ne rencontrera aucun obstacle, se poursuivra rapidement jusqu’à la conséquence inévitable, quand le destin de la guerre transformera le pays qui aurait dû donner naissance à une Nouvelle Rome capable d’imiter les faits et gestes de l’antique en la marionnette d’un (ancien ?) allié plus puissant et certainement plus impitoyable. Devenus la proie d’une haine nourrie dans les slogans du nazi-fascisme, les juifs vont devoir sortir des ravins où ils espéraient traverser la tempête et fuir pour sauver leur vie. Tout le monde ne réussira pas.

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La chasse aux soi-disant « ennemis de la patrie » deviendra un commerce lucratif pour de nombreux « purs Italiens ». Dénoncer une famille pour de l’argent, se “faire belle” avec les Allemands apportera chagrin et douleur aux victimesaux protagonistes des dénonciations et plaintes pérennes d’infamie.

A Arturo Finzi, à sa famille qui espérait “être comme tout le monde”, une expérience tragique, un destin sans issue dans le tourbillon de la méchanceté qui semble parfois obscurcir l’histoire sans remède. Bien sûr, il y aura aussi ceux qui feront preuve de courage et d’humanité face à la fureur sadique des nazis-fascistes. Beaucoup sacrifieront leur vie pour aider des êtres humains qu’ils n’ont peut-être jamais vus auparavant, persécuté uniquement parce qu’il est né juif. Mais il n’y aura pas de rédemption pour les Finzi. Pour eux, la dernière étape sera Auschwitz, peut-être le symbole le plus puissant du cloaque que l’humanité porte en elle, souvent sans même s’en rendre compte.

25 janvier 2023 (changement 25 janvier 2023 | 22:21)

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