L’Arabie saoudite a affirmé avoir subi des pressions de la part de l’administration Biden pour retarder d’un mois la décision de réduire la production de pétrole, une décision qui aurait réduit la probabilité d’une hausse impopulaire du prix du carburant juste avant les élections américaines de mi-mandat.
Dans ses premières remarques depuis que le président américain a mis en garde mardi contre les conséquences de la réduction de la production, le ministère saoudien des Affaires étrangères a déclaré qu’il avait rejeté l’ouverture et poursuivi la réduction.
Washington n’a pas confirmé avoir fait une telle demande.
La déclaration du ministère saoudien des Affaires étrangères impliquait clairement que les États-Unis avaient demandé un délai d’un mois, bien qu’elle ne mentionne pas spécifiquement les élections du 8 novembre au cours desquelles Joe Biden veut maintenir une majorité démocrate serrée au Congrès. Le prix de l’essence a été une question clé dans la course au vote.
“Le gouvernement du royaume a précisé à travers sa consultation continue avec l’administration américaine que toutes les analyses économiques indiquent que le report de la décision de l’Opep+ d’un mois, selon ce qui a été suggéré, aurait eu des conséquences économiques négatives”, indique le communiqué.
Cette affirmation souligne la sensibilité politique de l’administration Biden concernant la réduction de l’approvisionnement, qui a été interprétée comme une sérieuse atteinte à une relation importante d’une part, et un coup de pouce pour Vladimir Poutine d’autre part.
L’Arabie saoudite a nié que la décision ait été prise unilatéralement et a déclaré que les autres membres de l’Opep étaient tous favorables. Cependant, de hauts responsables démocrates insistent sur le fait que des considérations politiques étaient à l’origine de cette décision et que les préoccupations américaines ont été rejetées par un allié désireux de diluer une relation de longue date, potentiellement en faveur du président russe.
La rupture est la plus grave entre les États-Unis et l’Arabie saoudite depuis des décennies et est sur le point de déchiqueter un pacte de longue date qui garantit l’approvisionnement énergétique en échange du soutien des États-Unis à la sécurité du royaume.
Les relations entre les deux États se sont détériorées depuis les premiers jours de l’administration Biden, lorsque le nouveau président de l’époque a juré d’isoler le chef de facto saoudien, Mohammed ben Salmane, qu’il qualifie de paria. En juillet de cette année, Biden a fait marche arrière, se rendant à Djeddah pour rencontrer le prince héritier, mais repartant avec peu de bénéfices de son voyage.
Le prince Mohammed, quant à lui, a tenté de refondre les relations bilatérales, suggérant que les États-Unis sont l’un des nombreux partenaires mondiaux et que son pays ne répond plus aux “dictats”.
Dans une tentative apparente d’apaiser Washington, la déclaration du ministère des Affaires étrangères a également suggéré que Riyad voterait probablement aux Nations Unies en faveur d’une résolution condamnant la Russie pour “l’annexion” du territoire ukrainien le mois dernier.
Riyad, cependant, est resté en bons termes avec la Russie depuis l’invasion de Ukraineet en soutenant une réduction de l’approvisionnement en pétrole est accusé d’aider à financer l’effort de guerre de Poutine.
