Depuis quelques années, la recherche s’intéresse sérieusement aux molécules actives et bénéfiques pour notre santé présentes dans les fruits, les légumes, les épices ou les plantes utilisés dans les boissons courantes telles que le café ou le thé. Ainsi, les effets biologiques de nombreux polyphénols ont été démontrés, tels que les propriétés anticancéreuses de l’EGCG du thé vert, de la delphinidine des myrtilles et de l’acide ellagique des framboises. En effet, certains polyphénols possèdent une forte activité anti-inflammatoire qui pourrait contribuer à l’effet anticancéreux de ces molécules.
Le céleri et le persil pourraient bloquer l’apparition du cancer du pancréas, selon une étude. L’apigénine et la lutéoline, deux polyphénols particulièrement présents dans le céleri et le persil, bloquent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins stimulés par l’inflammation. Comme ces vaisseaux sont essentiels à la progression des tumeurs, cela suggère que la consommation régulière d’aliments riches en apigénine et lutéoline pourrait prévenir le développement de plusieurs cancers.
Des chercheurs américains ont en effet observé que l’ajout de ces molécules à des cellules cancéreuses dérivées du pancréas provoquait un arrêt complet de leur croissance, accompagné du déclenchement de la mort cellulaire par apoptose. Ces effets sont observés à de faibles concentrations d’apigénine et de lutéoline, et sont vraisemblablement dus à la capacité de ces molécules à fortement inhiber l’activité de la protéine glycogène synthase kinase-3 (GSK-3). Étant donné que cette enzyme joue un rôle central dans la survie des cellules cancéreuses, son inhibition par l’apigénine et la lutéoline prive ces cellules d’un mécanisme indispensable à leur progression et entraîne leur mort.
Parallèlement, les chercheurs ont également observé que les deux polyphénols provoquaient des modifications spectaculaires dans l’expression de plusieurs protéines inflammatoires, notamment l’interleukine-17 (augmentation de 114 fois) et la lymphotoxine alpha (33 fois). Cette influence majeure sur la production de molécules inflammatoires pourrait également participer à l’action anticancéreuse de l’apigénine et de la lutéoline.
Ces observations montrent une fois de plus à quel point plusieurs végétaux peuvent avoir une influence positive sur le risque de cancer, même dans le cas de maladies aussi redoutables que le cancer du pancréas. Des habitudes alimentaires suivies par 540 000 personnes ont montré que l’adoption d’une alimentation saine, comprenant une variété de fruits, de légumes et de grains entiers, combinée à une consommation modérée de sucre, de gras et d’alcool, permet de réduire de 15 % le risque de cancer du pancréas. Il est donc probable que cette protection puisse être renforcée par la consommation fréquente de persil et de céleri.
De plus, l’apigénine et la lutéoline sont éliminées relativement lentement de l’organisme, et leur consommation régulière, que ce soit sous forme de soupe ou de salade comme le taboulé, permet d’atteindre des niveaux sanguins suffisamment élevés pour bloquer les processus impliqués dans la croissance des cellules cancéreuses.
Sources:
– Johnson JL et de Mejia EG. Expression génique modifiée par l’apigénine flavonoïde associée à l’inflammation et au cancer et induit l’apoptose dans les cellules cancéreuses pancréatiques humaines par l’inhibition de la cascade de signalisation GSK-3/NF-B. Mol Nutr Food Res.
– Arem H et coll. L’indice d’alimentation saine 2005 et le risque de cancer du pancréas dans l’étude NIH-AARP. J Natl Cancer Inst.
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