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La ville de Montluçon perd sa dernière pédiatre

La ville de Montluçon perd sa dernière pédiatre

C’est un bassin de 200.000 personnes qui se retrouve dépourvu de médecin spécialiste de l’enfance.

Le 1er novembre prochain, le centre hospitalier de Montluçon se retrouvera officiellement sans pédiatre. Entourées de déserts médicaux, 200.000 personnes de la région Auvergne-Rhône-Alpes se retrouveront directement touchées par ce départ. Si le docteur Hiba Trraf, 31 ans, rend sa blouse, c’est pour une raison simple. La praticienne, à bout de forces, redoute de commettre l’irréparable : une erreur qui causerait la mort d’un enfant.

Et pour cause, depuis le mois de janvier, la pédiatre est la seule inscrite à l’ordre encore en poste au centre hospitalier de Montluçon. Elle est seulement accompagnée de deux médecins étrangers, des praticiens attachés associés, qu’elle supervise. Pourtant, en 2018, ils étaient sept : «Mais ils sont partis petit à petit, après des déménagements, des départs à la retraite ou dans le libéral», fait-elle savoir au Figaro. La situation est rapidement devenue intenable pour les derniers survivants.

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Entre hospitalisations classiques, urgences pédiatriques, accouchements, néonatals, les tâches administratives et autres, la pédiatre passe entre 80 et 120 heures à l’hôpital. «L’hiver dernier a été super compliqué», admet-elle. Avec 80 passages aux urgences pédiatriques par jour, «il y avait trop d’urgences. «J’ai perdu du poids, je ne dormais plus, j’avais vraiment peur de faire une bêtise. Et je redoutais de terminer en burn-out, comme d’autres collègues dans le service, et de devoir tout quitter d’un coup.»

Au JDD, l’ARS a expliqué «être pleinement consciente des difficultés de recrutement auxquelles doit faire face l’hôpital de Montluçon». Elle a donc autorisé l’application d’une majoration de 20% de la prime de solidarité territoriale pour faciliter l’exercice de praticiens volontaires venant d’autres hôpitaux, et sollicité la réserve sanitaire pour bénéficier de renforts.

Mais pour Hiba Trraff, ces mesures ne sont pas suffisantes. «C’est vrai que les postes ont toujours été ouverts, que les parutions de postes ont toujours été visibles, mais nous ne sommes pas attractifs, il y a trop de travail. Au bout d’un moment quand vous passez sous un seuil, personne n’a envie de venir, être de garde un jour sur 4, alors qu’on propose des postes au CHU de Clermont, dans d’autres hôpitaux où ils ont parfois 2-3 gardes par mois avec un repos de garde derrière».

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En mai dernier, le collectif Les Orphelins du soin de Montluçon, qui a réuni aujourd’hui 2600 signatures, a écrit au président de la République, au premier ministre et au ministre de la Santé sans n’avoir jamais aucun retour. Pour faire réagir les personnes concernées, le collectif a organisé une manifestation samedi 17 septembre devant l’hôpital.

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