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La vente continue des fleurons québécois : une perte de pouvoir et d’écosystème local

La vente continue des fleurons québécois : une perte de pouvoir et d’écosystème local

La vente de fleurons québécois à des intérêts étrangers ne fait plus vraiment la manchette. Nous n’avons plus de grands débats comme à l’époque de la vente de Provigo, d’Alcan, du Cirque du Soleil, de la Bourse de Montréal ou de Rona. N’empêche, le Québec continue ces jours-ci de perdre des sièges sociaux.

Les politiciens tendent à déchirer leur chemise à propos de la vente d’entreprises québécoises à des intérêts extérieurs lorsqu’ils sont dans l’opposition. Une fois rendus au gouvernement, ils sont généralement plus nuancés et cherchent, la plupart du temps, les bons côtés d’une transaction. Ils s’aperçoivent surtout qu’ils ne peuvent pas y faire grand-chose.

Prenez l’exemple de François Legault. En février 2016, dans la foulée de la vente de Rona à Lowe’s, le chef de la CAQ qui était alors dans l’opposition, avait posé les questions suivantes au gouvernement libéral de l’époque : Est-ce que le Québec devient une économie de succursales? Le gouvernement Couillard a-t-il un plan pour nos sièges sociaux?

En 2019, le gouvernement Legault a annoncé une stratégie destinée à protéger les sièges sociaux considérés comme étant stratégiques. Par l’entremise d’Investissement Québec, le gouvernement a annoncé l’ajout de 1 milliard de dollars au capital-actions de cette institution pour lui permettre d’intervenir plus souvent et plus rapidement lorsque des entreprises cherchent du financement en s’accordant avec la Caisse de dépôt et avec le Fonds de solidarité FTQ.

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Force est de constater, toutefois, que le gouvernement de François Legault n’est pas parvenu à stopper la tendance de la vente d’entreprises du Québec à des intérêts étrangers. Les données que nous avons obtenues du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie le confirment.

De 2015 à 2018, sous le gouvernement de Philippe Couillard, on a recensé 223 ventes complétées d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers. De 2019 à 2022, sous la gouverne de François Legault, un nombre presque identique d’entreprises québécoises, soit 222, ont été vendues à des intérêts étrangers. Nous en sommes donc au même point.

Malgré les promesses du chef de la CAQ devenu premier ministre en 2018, la tendance ne s’est pas inversée. Elle s’est plutôt maintenue.

Par ailleurs, le nombre d’acquisitions d’entreprises à l’étranger par des sociétés québécoises est demeuré plus élevé que celui des ventes, mais il est un peu plus bas que durant les années libérales.

Ainsi, de 2015 à 2018, on compte 367 achats complétés à l’étranger par des entreprises québécoises, contre 348 durant les années Legault, de 2019 à 2022. Il faut dire que l’année pandémique de 2020 a stoppé les activités économiques durant plusieurs mois.

Toujours selon le ministère de l’Économie du Québec, il y a eu 35 ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers au cours des neuf premiers mois de 2023 et 50 acquisitions à l’étranger par des sociétés québécoises.

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Parmi les ventes d’entreprises québécoises survenues au cours des derniers mois, on compte des sociétés de premier plan, qui ont innové et créé beaucoup d’emplois. En voici quelques-unes :

– Le 16 octobre, Logistec, une entreprise de Montréal spécialisée dans les services maritimes, a annoncé sa vente par la famille Paquin à deux firmes d’investissement aux États-Unis, Blue Wolf Capital Partners et Stonepeak. Les deux groupes offrent 1,2 milliard de dollars pour acquérir Logistec. Blue Wolf promet d’investir 200 millions de dollars dans l’entreprise.
– Le 10 octobre, Opsens, une entreprise de Québec qui œuvre dans les équipements médicaux, a annoncé sa vente au groupe Haemonetics, de Boston, pour 345 millions de dollars.
– Le 4 octobre, une autre entreprise de Québec, H2O Innovation, spécialisée dans le traitement des eaux, a conclu une entente avec la société américaine Ember Infrastructure Management, une transaction évaluée à 395 millions de dollars. La Caisse de dépôt et Investissement Québec demeurent des actionnaires minoritaires.
– Le 4 octobre également, le fabricant pharmaceutique Capcium, de Pointe-Claire, a été racheté par une société du Delaware sous le contrôle d’une firme de Chicago, Hilco Global. L’entreprise québécoise était en difficultés financières depuis des mois. Elle est spécialisée dans les gélules de médicaments. Investissement Québec pourrait avoir perdu de l’argent dans cette aventure.
– Le 13 septembre, une autre entreprise du Massachusetts, FirstLight Holding, a annoncé l’acquisition d’Hydroméga, spécialisée dans la production d’énergie renouvelable, d’hydroélectricité et d’énergie éolienne. FirstLight est la propriété de l’Office d’investissement des régimes de pensions du secteur public du Canada. Le siège social d’Hydroméga se trouve à Montréal.
– Le 27 février, le fournisseur de pièces d’autos Uni-Sélect a annoncé sa vente à LKQ, de Chicago, pour 2,8 milliards de dollars. Uni-Sélect, qui compte aujourd’hui 5200 employés, a été créée en 1968 à Boucherville.

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Cela dit, la transformation d’Investissement Québec a eu des répercussions notables sur les injections financières d’entreprises extérieures chez nous.

Investissement Québec a annoncé au printemps dernier une hausse des investissements directs étrangers, passés de 2,3 milliards de dollars en 2018-2019 à 6,03 milliards en 2022-2023. Le travail d’Investissement Québec à l’étranger fonctionne, de toute évidence.

N’empêche, l’expérience nous montre clairement que l’acquisition d’une entreprise québécoise signifie, dans presque tous les cas, une perte de pouvoir et un affaiblissement de l’écosystème local. Le cas de Rona frappe l’imagination : Lowe’s, qui a acheté l’entreprise en 2016, avait promis la protection des emplois et du siège social à Boucherville. Or, depuis, Lowe’s a quitté le Canada, a vendu les enseignes de Rona, et c’est une firme de capital-investissement, Sycamore Partners, de New York, qui est devenue propriétaire de l’entreprise. Dans notre économie de marché, c’est le format de propriété le plus désincarné du capitalisme.
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