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La Saint-Valentin des Déesses : Les cadeaux et les soumissions

La Saint-Valentin des Déesses : Les cadeaux et les soumissions

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.

Souliers, montres, champagne, fleurs, repas cinq étoiles et sorties de magasinage «sur le bras»: les professionnelles de la domination reçoivent une profusion d’offrandes de la part de leurs clients soumis à l’occasion de la Saint-Valentin… en plus parfois des cadeaux de leurs amoureux à proprement parler.

Comme je cherchais un sujet de Saint-Valentin pas trop vanille, une amie m’a parlé d’une copine dominatrice professionnelle pour qui cette fête est une période où elle est très occupée et comblée de cadeaux.

Je me suis donc rendu chez Déesse Ges (prononcez Jess), dont le salon, loin d’être axé vers un dispositif de cinéma maison, abrite un espace donjon pourvu d’un «trône» (car une déesse ne pose pas ses fesses sur n’importe quoi).

«Mon soumis homme de ménage est à l’étranger depuis quelques semaines, alors ne regarde pas l’état de mon appartement», s’excuse la dominatrice à temps plein de 36 ans en m’accueillant chez elle, dans le Vieux-Montréal.

Ses instruments de travail ornent un mur: fouets, cravaches, martinets, bâillons, colliers de chien, laisses, etc.

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Un mannequin coiffé d’une perruque blonde et d’un accoutrement de soubrette attire mon attention. Voilà l’uniforme de travail que doit revêtir le soumis nettoyeur dont Déesse Ges parlait.

«S’il fait du bon travail, pour le récompenser, je le laisse me masser les épaules. Comme je n’ai pas assez de corvées ménagères ici pour le satisfaire, il nettoie aussi chez une amie et collègue dominatrice.»


Ce tablier de soubrette minimaliste sert d’uniforme à un client heureux de faire le ménage de l’appartement de sa maîtresse.

Louis-Philippe Messier

Le client a toujours tort

La domination professionnelle est peut-être l’unique travail du sexe où le client en théorie n’a JAMAIS raison. Règle générale, il ne paie pas pour des mots doux et des caresses, mais des insultes et des coups. Normalement, il n’est pas non plus question de toucher à la dominatrice, à part peut-être pour embrasser ses pieds.

«Mes clients actuels ont de 19 à 75 ans et la moitié sont des hommes en couple, précise Déesse Ges. Ils viennent explorer leurs limites dans un cadre hermétique sécuritaire, c’est une façon d’arrêter le temps. Souvent, ils occupent des postes de pouvoir dans leur milieu professionnel et, avec moi, ils renversent le balancier.»

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«Mon prix varie énormément, mais le minimum est de 100$ la demi-heure. Je n’ai jamais de relation sexuelle avec un client, mais pour celui qui vit son fétiche, la séance peut sembler encore plus sexuelle qu’un coït.»

Pour une professionnelle qui se fait vouvoyer et appeler Déesse, les «offrandes» font évidemment partie de la routine toute l’année, mais à la Saint-Valentin, c’est la manne.

«Ce ne sont pas les gens qu’on domine à l’occasion dans les donjons de location qui donnent des cadeaux, mais les réguliers», m’explique Ges.

«Ces talons, cette magnifique petite montre antique, ces bouteilles de champagne, ce sont des cadeaux de Saint-Valentin… et on est encore deux jours avant la fête.»

Une collègue dominatrice, Déesse Zilla, ou Goddess Zilla («Godzilla» au féminin), se prête aussi à mon entrevue:

«Les cadeaux typiques comme des bouquets de fleurs géants, ironiquement, ça me vient toujours de mes soumis… jamais de mon amoureux!» raconte en riant cette professionnelle de 24 ans qui domine des hommes depuis sa majorité.

Avec un curriculum vitae surréaliste qui combine les arts du cirque et la comptabilité, Déesse Zilla ne fait pas que jouer du fouet pour satisfaire sa clientèle.

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«Le service que j’offre, c’est de la discipline, notamment financière: je tiens le cordon de la bourse et je laisse à mes clients seulement le montant dont ils ont besoin.»

«Ce dont je raffole, ce sont les sorties de magasinage où mon soumis est juste là comme porteur de sacs et carte de crédit.»

«Certains me paient des repas et s’assoient au comptoir pour me regarder manger. Des fois, je leur impose de me masser les pieds sous la table. Dans les restaurants luxueux, ils ont l’habitude des excentricités.»

«Un jour, justement vers la Saint-Valentin, une femme furieuse m’a confrontée», se souvient Déesse Zilla.

«Je lui ai dit: ton mari, je ne couche pas avec lui, je le bats, il me paie pour ça. Elle était étonnée et curieuse. Finalement, elle a voulu que je lui enseigne comment dominer.»

Mon entrevue avec ces deux surmenées de la Saint-Valentin n’a malheureusement pas duré longtemps parce qu’elles devaient retourner à leurs occupations.

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