La révolte des actionnaires de Netflix décolle : « Stop aux maxi bonus pour les top managers »

NEW YORK. Les actionnaires disent non. La communauté des investisseurs qui contrôle la majorité du capital de Netflix a voté contre l’approbation de nouveaux régimes de rémunération pour les hauts dirigeants de l’entreprise, y compris ceux des co-PDG Ted Sarandos et Greg Peters. Bien que le vote ne soit pas contraignant et puisse être renversé par le conseil d’administration, le prononcé est un signal fort qui sonne comme un avertissement. D’autant plus qu’elle survient quelques jours seulement après que la Writers Guild of America, l’association qui représente les auteurs hollywoodiens, a envoyé une lettre exhortant les actionnaires du géant du streaming à rejeter les nouveaux packages salariaux.

La mobilisation qui a vu les auteurs en grève pendant plus de quatre semaines trouve un soutien dans le capital de Netflix, mettant le top management dans un coin. La rémunération proposée par Sarandos pour 2023 est de 40 millions de dollars en salaire de base, primes de performance et options d’achat d’actions. Peters, nommé co-PDG en janvier après la démission de Reed Hastings, devrait rapporter jusqu’à 34,6 millions de dollars. Alors que pour Hastings lui-même, qui est devenu président exécutif, la rémunération a été fixée à trois millions par an. Les actionnaires ont voté lors de l’assemblée annuelle après que Meredith Stiehm, dirigeante de la Writers Guild of America, leur ait envoyé une lettre expliquant que “bien que les investisseurs contestent depuis longtemps la rémunération des dirigeants de Netflix, la structure de rémunération est encore plus frappante malgré la mobilisation des manifestants”. La raison de l’affirmation, selon Stiehm, est que si Netflix était prêt à payer à ses dirigeants l’année dernière des sommes totalisant plus de 166 millions de dollars, il devrait être prêt à payer à ses créateurs des sommes qui reflètent la valeur de leur travail, c’est-à-dire un montant total estimé à 68 millions par an. Une lettre similaire a été envoyée par Stiehm aux actionnaires de Comcast, qui se réunissent la semaine prochaine.

Netflix, l’un des pionniers du streaming, a beaucoup changé le secteur du divertissement, y compris la dynamique des salaires. Le résultat a été une prolifération d’émissions de télévision et de films à la demande au profit des résultats de l’entreprise. Cependant, les auteurs affirment que leurs salaires ont stagné et que leurs conditions de travail se sont détériorées. Ce n’est pas la première fois que des actionnaires s’expriment pour protester contre la rémunération du top management. L’année dernière, ils ont rejeté une autre proposition demandant à la société d’inviter 26 investisseurs, qui représentent 57% des actions en circulation, à participer aux discussions sur les rémunérations des dirigeants. La parole revient maintenant au Conseil bien qu’aucune communication n’ait été reçue sur la date de la prochaine réunion. —