Nouvelles de l’ONS•aujourd’hui, 19:01
Franck Renout
correspondant France
Franck Renout
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Des fragments de roche tombent régulièrement. Un camping déménage en raison du risque d’inondation. Utah Beach, célèbre pour les débarquements alliés de la Seconde Guerre mondiale, dispose de 7 000 mètres cubes de sable déversés chaque année pour empêcher l’inondation du musée du jour J.
Le littoral normand en France est de plus en plus confronté aux conséquences du changement climatique. La région a désormais débloqué 15 millions d’euros pour changer radicalement de cap. Une des mesures : aider les personnes et les entreprises à se déplacer. Ils doivent quitter la côte, car les dangers y sont trop grands.
“Il faut que les gens sortent de là, qu’ils bougent. La nature ne nous laisse pas le choix”, explique Stéphane Costa, géographe à l’université de Caen. “Le temps de l’attente est révolu.”
Selon les calculs, quelque 111 000 maisons en Normandie se trouvent dans des zones à risque d’inondation. Ailleurs, le sol « s’érode ». Les rochers sont renversés ou se cassent. Ce processus est accéléré par la montée des eaux, les fortes précipitations et le gel.
Déplacer l’église
L’église de Varengeville-sur-Mer a été construite il y a des siècles au sommet des rochers normands, à 400 mètres de la mer. Mais ces roches s’effritent lentement. La distance à l’abîme n’est plus que de 80 mètres. Il a été proposé au conseil municipal de mettre toute l’église sur des rails et de la conduire vers l’intérieur des terres, loin du danger.
Le camping de Quiberville, situé directement en bord de mer, est fermé. L’eau s’est trop rapprochée. L’ensemble du camping est maintenant déplacé vers l’intérieur des terres.
A Tilleul, près de l’attraction touristique d’Etretat, d’énormes rochers sont tombés trois fois en un an. “La plage est jonchée de cailloux”, déplore le maire Raphaël Lesueur. “Et nous ne pouvons rien y faire. Les changements climatiques en sont la cause. Il faut faire quelque chose à ce sujet.”
Les municipalités côtières de tout le pays sont menacées
Le danger rôde tout le long du littoral. L’érosion est un phénomène normal, mais le changement climatique accélère le processus. “Les roches rocheuses de la côte normande rétrécissent en moyenne de 20 à 25 centimètres par an et à certains endroits même de 40 centimètres ou plus”, écrit le GIEC Normand, un comité de scientifiques qui surveille le changement climatique et son impact sur la région depuis 2019. cartes.
Entre 1960 et 2010, une trentaine de kilomètres carrés de terres ont disparu. C’est environ 4200 terrains de football.
Et ce n’est pas qu’en Normandie.
L’année dernière, le gouvernement français a identifié 126 communautés côtières à travers le pays comme étant menacées par l’érosion ou les inondations. Parmi ceux-ci, 16 sont en Normandie. Toutes ces villes et villages doivent proposer des plans d’action et peuvent déclarer des interdictions de construire. Les bâtiments en bord de mer sont particulièrement menacés en raison de la montée du niveau de la mer.
Les chiffres du gouvernement français montrent que 20% du littoral du pays est affecté par l’érosion. “Entre 1960 et 2010, une trentaine de kilomètres carrés de terres ont disparu : c’est l’équivalent de 4200 terrains de football”, indique le Cerema, un institut gouvernemental du savoir.
Plan climat
La Normandie est la deuxième région de France à proposer un plan climat sérieux, après la Nouvelle-Aquitaine. Ce plan couvrait, entre autres, la bande côtière allant approximativement de Bordeaux à l’Espagne.
Désormais, l’administration normande s’attachera avec soin à « évacuer » les zones à risque le long du littoral. Ce ne sera pas encore une véritable migration de personnes. “Notre priorité est d’identifier les endroits où nous pouvons déménager des entreprises et des maisons”, a déclaré le président régional Hervé Morin au journal. Le Figaro.
“A terme, des dizaines de milliers de Normands devront quitter les zones côtières où ils vivent actuellement”, explique le scientifique Stéphane Costa, vice-président du GIEC Normand. “Mais peu d’hommes politiques osent le dire à haute voix.
« Le plan qui vient d’être adopté par la région est un début. Il peut préparer les esprits pour les décennies à venir. .”