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La politique de cohésion cherche un nouveau rôle pour rester pertinente après 2027

La politique de cohésion cherche un nouveau rôle pour rester pertinente après 2027

« La politique de cohésion est-elle une politique de croissance ou de redistribution ? ». La Next Generation Eu a placé l’Europe des régions à la croisée des chemins et la commissaire Elisa Ferreira, en charge des politiques régionales de l’exécutif européen, a mis en place un groupe d’experts qui discutera cette année de l’avenir de la cohésion, au-delà de 2027 .

Le panel de douze experts issus du monde académique, politique, institutionnel et de la société civile cherchera une formule pour rendre les régions plus résilientes et moderniser la politique de cohésion, l’une des plus importantes de l’Union avec l’agriculture, qui absorbe environ le tiers du budget . La plus grande politique de redistribution de l’UE, qui se caractérise par son approche place-based, est en effet remise en cause depuis des mois par la méthode dite du Pnrr, qui privilégie une gestion centralisée des fonds conditionnée par la mise en place de réformes structurelles. Parmi les experts qui présenteront leurs conclusions et recommandations à la Commission en fin d’année figurent également deux Italiens : Riccardo Crescenzi, professeur de géographie à la London School of Economics, et Enrico Rossi, ancien président de la Région Toscane.

Les poussées vers la polarisation des inégalités

Changement climatique, transition verte et numérique, vieillissement de la population : face à ces défis et à d’autres qui nous attendent, l’Europe des régions apparaît coupée en deux. D’un côté, les régions les plus riches, généralement les plus urbanisées et les plus dynamiques, qui sont déjà prêtes à profiter de la transformation industrielle et de la création de nouvelles figures professionnelles issues de la transition écologique. De l’autre, les plus pauvres qui, malgré l’importante aide européenne dont ils bénéficient déjà, risquent d’être encore plus marginalisés. Le changement climatique transformera des secteurs entiers comme l’agriculture, tandis que la transition écologique conduira à l’abandon d’industries – comme le charbon – avec une tradition séculaire fortement ancrée dans le territoire également au niveau culturel. Le déclin démographique et le vieillissement de la population qui en résulte – comme cela a été souligné lors de la deuxième des neuf réunions prévues – rendront l’accès aux services essentiels – tels que les soins de santé et l’éducation – de plus en plus difficile dans les zones rurales, et étant donné que les migrants ont tendance à se déplacer vers les villes plutôt que vers les zones rurales, ce phénomène ne devrait pas être corrigé par les flux migratoires. Les données illustrées lors des deux premières réunions du panel montrent que les régions les plus pauvres subiront les effets les plus négatifs de ces transformations. Tandis que les opportunités liées à ces processus seront saisies par des régions déjà tournées vers l’innovation.

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L’avenir de la politique de cohésion après 2027

La tâche de combattre les inégalités et de corriger les déséquilibres du marché a jusqu’à présent appartenu à la cohésion. Quant au Pnrr, l’un des piliers de l’accord de partenariat 2021-2027 est la transition verte, mais la politique de cohésion ne prévoit actuellement qu’un seul instrument spécifique pour atténuer les effets néfastes de la transition écologique, le Fonds pour une transition juste. Ce fonds a à la fois une dotation limitée (19 milliards au total, dont environ un million d’euros va à l’Italie pour le Sulcis et Tarente) et des objectifs limités : compenser les zones où l’on estime que davantage d’emplois seront perdus. Or, comme le souligne le dernier rapport de l’OCDE sur la transition manufacturière, les externalités négatives de la transition verte n’ont pas que des effets directs, mais risquent de nuire à l’économie de régions entières. Il faudrait donc penser la transition au sein de programmes de développement régional qui identifient de nouvelles opportunités de développement pour le territoire et la formation – même peu qualifiée – de la main-d’œuvre. Il faut également considérer qu’il est probable que dans les prochaines années, nous pourrions assister à une accélération de ces processus, puisque, comme l’a rapporté l’Agence européenne du climat au groupe de travail, si l’Union européenne entend respecter les engagements fixés pour 2030 et 2050 liés aux réductions d’émissions de carbone, le rythme devra plus que doubler.

Il s’agit donc de décider quel modèle de développement est le plus apte à garantir la stabilité des régions qui ne sont pas encore prêtes à affronter les processus de transition. Si jusqu’à présent l’approche a prévalu basé sur le lieu, maintenant que ce modèle est remis en question par les nouveaux outils disponibles. Au cours des deux premières réunions, divers experts du monde universitaire ont salué la méthode – liée à la réalisation des cibles et des objectifs – du Fonds de relance, l’indiquant comme plus apte à stimuler l’innovation et la croissance sur l’ensemble du territoire et à sauvegarder le modèle social européen . Selon Michael Storper – professeur de sociologie économique à Sciences Po – pour pouvoir aussi financer des politiques redistributives, et aider les régions les plus défavorisées, l’UE doit miser sur l’innovation technologique pour renouer avec la croissance.

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