Nouvelles Du Monde

La police municipale de Bobigny doit encore faire ses preuves

La police municipale de Bobigny doit encore faire ses preuves

A la vue des hommes en bleu, une femme replie brusquement le carré de tissu sur lequel elle avait disposé quelques bijoux de pacotilles et s’éloigne de la bouche du métro « Bobigny Pablo Picasso ». Plusieurs vendeurs à la sauvette lui emboîtent le pas. Ils reviendront s’installer quelques minutes plus tard, lorsque la patrouille de la police municipale aura quitté les lieux.

« Une fois je leur ai téléphoné, ils ne sont jamais venus »

« Ça ne sert à rien, glisse Fanta une habitante du quartier Paul-Vaillant-Couturier qui observe la scène de loin. C’est le jeu du chat et de la souris sauf que la souris ne se fait jamais attraper ! » Un sentiment partagé par Martine, au pied d’une des tours de la Cité Karl Marx, elle s’interroge sur les missions de cette police municipale qu’elle dit « ne jamais croiser à la cité ». « Une fois je leur ai téléphoné parce que deux jeunes se tabassaient, ils ne sont jamais venus. De toute façon, ils arrivent quand le sang a déjà coulé », lâche-t-elle dépitée.

Lire aussi  Un accident de camion dans l'Illinois fait 5 morts et oblige à une évacuation temporaire en raison d'une fuite d'ammoniac

Un sentiment qui contraste fortement avec les moyens investis par la mairie de Bobigny pour assurer la sécurité. C’était l’une des promesses de campagne du maire (UDI), Stéphane de Paoli, qui assurait en 2014 vouloir créer « une police municipale et un réseau de vidéoprotection pour redonner un sens à l’autorité républicaine ». Cinq ans plus tard, 20 policiers municipaux occupent les locaux d’un ancien cabinet médical situé juste à côté du Pont de Bondy. « Ils seront bientôt 24 », se félicite Rosine Firozaly, directrice adjointe à la tranquillité publique de la ville.

Patrouilles et vidéosurveillance

Les locaux flambant neufs abritent également un centre de supervision urbain (CSU). Sur une dizaine d’écrans, deux opérateurs scrutent les images des 48 caméras de vidéosurveillance disséminées sur les principaux axes de la ville. Du lundi au dimanche, de 8 heures à 2 heures du matin. « On est en contact radio permanent avec les patrouilles qui sont déployées. On leur indique où aller », détaille la directrice adjointe.

Lire aussi  Les billets vendus en ligne ne sont pas gagnants – NBC Los Angeles

Coût total de l’investissement : 4,1 millions d’euros. Sans compter les 16 prochaines caméras qui devraient arriver courant 2020. Un arsenal sécuritaire déployé en un temps record : la police n’a été créée qu’en juin 2016. « On a carburé », lâche Rosine Firozaly.

Cambriolages et destructions en baisse

Derrière son bureau, elle fait valoir les « bons chiffres » de ses recrues. En parcourant le registre des mains courantes, elle liste depuis janvier 2018 : « 94 interventions concernant des agressions », « 121 concernant des dépôts d’immondices », « 112 pour de la consommation d’alcool sur la voie publique », « 37 pour occupation illégale de hall d’immeubles » et « 188 interventions pour évacuer ou pacifier des squats ».

Une présence sur le terrain qui aurait permis de faire baisser drastiquement le nombre de certains délits. Les cambriolages, notamment ont chuté de 40 % entre 2014 et 2018, les destructions et dégradations de 63 %.

Explosion des délits liés à la drogue

En revanche, les délits liés au trafic de drogue ont explosé. +72 % en l’espace de quatre ans. Comme la police municipale ne peut pas intervenir sur ce sujet, un partenariat a été signé avec la police nationale. « On est tout le temps en contact avec eux. Ils peuvent venir en renfort et on leur communique nos informations. »

Lire aussi  Comment trois amis ont transformé un vieux pub du Connemara en une retraite de luxe – The Irish Times

« Avant c’était dur d’aller à la cité de l’Abreuvoir mais aujourd’hui on a créé un climat de confiance. Mes policiers n’agissent pas comme des cow-boys », assure la directrice.

A la cité Karl Marx, beaucoup d’habitants déplorent leur absence. « On ne les voit jamais », lâche Ipsitem habitante de longue date. Une absence que la directrice reconnaît elle-même : « Si on y va on se fait caillasser. Il nous faut encore un peu de temps. »

Les élus répondent

– > Notre dossier sur les municipales à Bobigny

  1. Les promesses de 2014 ont-elles été tenues à Bobigny
  2. Bobigny : les dépôts sauvages d’ordures s’invitent pour les municipales
  3. Municipales à Bobigny : le casse-tête des dalles d’immeuble
  4. Municipales : le grand chantier du logement social fait encore débat
Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT