Cholestérol
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Le film de Tran Anh Hung célèbre la bonne nourriture et une jouissance domestique aux accents passéistes.
«C’est le spectacle à la fois répugnant et magistral de la consommation, de la pollution. L’image la plus exacte de ce que représentent les nations dites “civilisées”. […] Des nations repues, gavées qui provoquent des déchets, et nous serons tués par ces déchets.» Ce n’est pas le commentaire d’un twittos vegan à l’issue de la projection de La Passion de Dodin Bouffant de Tran Anh Hung présenté en compétition à Cannes mais un extrait de la critique de Jean-Louis Bory sur la Grande Bouffe, film de Marco Ferreri qui a déclenché un énorme scandale à Cannes en 1973, le public et la critique (sauf Bory) ayant massivement rejeté ce tableau d’une assemblée de braves bourgeois s’empiffrant jusqu’à en mourir dans une apocalypse de pets et de rots. L’adaptation du roman culte du suisse Marcel Rouff paru en 1924 par un cinéaste qui a reçu la caméra d’or en 1993 pour l’Odeur de la papaye verte ne cherche pas à choquer. Au contraire, il s’emploie à vous dorloter et réconforter dans un jus de carottes avec une crème légèrement citronnée, faisant du spectateur en pâmoison, l’estomac dans les yeux, la rate en bandoulière, l’équivalent d’un poulet désossé, d’une sole au four, d’une brioche aux abricots, des larmes de plaisir et de flan devant tant de magnificence et de distinction savamment orchestrées par le chef Pierre Gagnaire (qu’on voit d’ailleurs le temps d’une lecture de menu à haute voix).
Plaisir quasi palpable
Nous sommes dans le château de Dodin Bouffant dans
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