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La N-VA et l’indépendance de la Flandre : quelles ambitions réelles ?

La N-VA et l’indépendance de la Flandre : quelles ambitions réelles ?


Théo Francken l’a affirmé sur Bel RTL ce mercredi matin : la N-VA ne souhaite pas diviser la Belgique. Est-ce vraiment le cas ? Le parti a-t-il abandonné ses ambitions d’indépendance de la Flandre ?



Que souhaite vraiment la N-VA pour l’avenir de la Belgique ? Selon le député flamand Théo Francken, “Il (Bart De Wever, ndlr) ne veut pas diviser la Belgique, je pense que c’est important de le savoir”. C’est ce qu’il expliquait à 7h50 ce mercredi sur Bel RTL matin, lorsque Martin Buxant lui demandait comment il convaincrait les francophones que le président des nationalistes flamands ferait un bon Premier ministre. “Il veut améliorer le fonctionnement de l’État”, justifiait-il.

La réponse de Théo Francken peut surprendre : la N-VA est pourtant un parti indépendantiste. L’article 1.1 de ses statuts le dit clairement : “Dans sa quête d’une meilleure gouvernance et de plus de démocratie, la Nieuw-Vlaamse Alliantie opte logiquement pour la république indépendante de Flandre, État membre d’une Union européenne démocratique. La Flandre de la N-VA est ouverte à la coopération internationale et se tourne principalement vers les Pays-Bas”.


Alors, ce discours de la N-VA est-il surprenant ? Pas vraiment, selon Pascal Delwit, professeur de science politique à l’Université libre de Bruxelles. “Depuis plusieurs années, sa vraie ambition, c’est d’essayer de transférer l’essentiel des compétences aux entités fédérées”, répond-il. C’est ce que la N-VA aime nommer “le confédéralisme” : “Maintenir au niveau de l’État fédéral que ce qu’on appelle les prérogatives régaliennes, c’est-à-dire la sécurité intérieure, la sécurité extérieure et dans une certaine mesure la justice”, détaille-t-il.

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La N-VA l’a compris depuis bien longtemps. Dans les débats publics, elle ne parle donc plus de séparatisme.


Cela fait, en fait, de nombreuses années que ce parti ne met plus autant en avant ses ambitions d’indépendance. Pourquoi avoir changé son discours ? “Ils savent que, en Flandre aussi, cela peut effrayer les gens”, analyse Dave Sinardet, professeur de Sciences Politiques à la Vrije Universiteit Brussel (VUB). “Selon des études sérieuses, il n’y a que 10% des Flamands qui sont pour la disparition de la Belgique. La N-VA l’a compris depuis bien longtemps. Dans les débats publics, elle ne parle donc plus de séparatisme”.

Un sondage de Knack, réalisé en 2019, révélait en effet qu’ils n’étaient que 16% à être favorables à une scission. Les séparatistes n’étaient alors que 25% à la N-VA et 30% au Vlaams Belang.


Aujourd’hui, la N-VA s’adresse aux francophones et choisit, ici aussi, de ne pas brandir l’argument de l’indépendance de la Flandre.

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La N-VA, plus vraiment indépendantiste ?

Il ne faut pas pour autant en conclure que le parti de Bart de Wever n’est plus séparatiste, nuance le professeur “Je crois que l’indépendance de la Flandre et la disparition de la Belgique reste quand même, à long terme, le but de beaucoup de gens chez la NV-A. Mais, en même temps, je crois qu’ils sont assez pragmatiques pour comprendre que ça ne va pas vite arriver en réalité. Ils savent aussi que l’opinion publique flamande n’est pas prête pour cela. Donc, ça reste plutôt un rêve à long terme et pas nécessairement un objectif à court terme” réagit Dave Sinardet.

Elle veut pratiquer ce qu’on pourrait appeler une indépendance de fait


L’opinion est partagée par Pascal Delwit, qui rappelle qu’il n’est pas anodin que l’indépendance de la Flandre soit inscrite dans les statuts du parti. “La N-VA est dans une logique où elle veut pratiquer ce qu’on pourrait appeler une indépendance de fait, avec un État fédéral ramené à sa plus simple expression. Mais formellement, elle n’a pas abandonné l’horizon d’une Flandre indépendante”, assure le politologue.

Et puis, les électeurs indépendantistes de la N-VA, même si minoritaires, sont là et il ne s’agit pas de les perdre : “C’est un horizon qui leur paraît important et légitime. Donc, l’ôter du discours, des statuts ou des documents fondamentaux du parti pourrait créer un effet de vase communicant vers un autre parti indépendantiste, qui est le Vlaams Belang”, explique Pascal Delwit.

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Le Vlaams Belang n’a, de son côté, pas changé son discours. “Le VB, lui, reste sur sa position de séparatisme. C’est une différence entre les deux partis, même si selon leurs statuts, ils sont tous les deux séparatistes”, précise Dave Sinardet “Le Vlaams Belang défend toujours cette position et dit aussi que s’il y avait une majorité VB/N-VA au Parlement flamand, elle devrait, d’une manière ou d’une autre, faire une sorte de déclaration d’indépendance qui ne serait pas mise en exercice directement, mais qui devrait servir de base pour des négociations avec les partis francophones et qui devrait donc s’exécuter après ces négociations”, rapporte-t-il.

Dans le nord du pays, en tout cas, un Flamand sur cinq voudrait voir Bart De Wever Premier ministre, d’après un sondage. 15% d’entre eux, à l’inverse, n’en veulent pas. L’actuel Premier ministre, Alexander De Croo, est en deuxième place avec 9,3 %. 11% de Flamands estiment qu’il ne devrait pas être reconduit. Derrière lui, en troisième place, se trouve Tom Van Grieken (7,2 %), président du Vlaams Belang.


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