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La lèpre : une maladie oubliée qui persiste

La lèpre : une maladie oubliée qui persiste

C’est une pathologie que l’on a oublié en Occident, car reléguée au rang de maladie médiévale, ancienne. Pourtant, elle sévit toujours et détruit des vies. Voici ce que vous ne saviez probablement pas sur la lèpre.

La lèpre, tout comme la peste, a beau être l’une des plus anciennes maladies du monde et exister depuis des millénaires, elle n’a toujours pas été éradiquée. Si en Europe, elle ne constitue plus un problème de santé publique depuis les années 2000, elle sévit toujours ailleurs dans le monde, dans les pays de l’hémisphère sud, mais aussi de plus en plus aux États-Unis. Chaque année, 200 000 nouveaux cas de lèpre sont détectés. La maladie frappe une personne toutes les 3 minutes dans 145 pays. Le docteur Christian Johnson, expert auprès de l’OMS et directeur médical à la Fondation Raoul Follereau, répond aux principales idées reçues qui persistent autour de cette maladie.

La lèpre a-t-elle vraiment disparu en France ?

Dr Johnson : “Non, en réalité, en France métropolitaine, une dizaine de nouveaux cas de lèpre sont déclarés chaque année. En Outre-mer, ce sont 30 à 40 cas par an. Ce qui fait qu’une cinquantaine de cas de lèpre surgissent chaque année dans le pays. La plupart proviennent de voyageurs étrangers qui vivent dans les zones où la maladie circule beaucoup. L’Inde, l’Indonésie et le Brésil sont à l’origine de 80% des cas diagnostiqués chaque année. En Afrique, où la fondation Raoul Follereau intervient, on compte aussi beaucoup de malades, par exemple à Madagascar, en Côte d’Ivoire, au Tchad, etc. C’est une maladie qui touche essentiellement les populations marginalisées, rurales, pauvres, et ce depuis l’Antiquité. “

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Les lépreux sont-ils contagieux ?

Dr Johnson : “La lèpre ou maladie de Hansen est une infection chronique due à la bactérie Mycobactérie leprae. Elle est peu contagieusemais certains malades abritent dans leur corps des milliards de bacilles, et transmettent la maladie lorsqu’ils parlent, respirent, via des gouttelettes qui se répandent par aérosols. Ceux qui inhalent ces gouttelettes qui contiennent les germes peuvent être infectés. Il faut en général être en contact étroit et prolongé pendant plusieurs mois avec une personne non traitée pour contracter la maladie. Une fois que le malade est traité, et même dès la première doseil a plus de 80% de chance en moins de transmettre la maladie. Mais le problème, c’est que l’on n’arrive pas toujours à détecter l’infection à temps. Car la lèpre se caractérise par une très lente incubationet les premiers symptômes peuvent apparaître un an, trois ans, six ans après la contamination. En attendant, le malade peut contaminer les personnes autour de lui.”

Reconnaît-on facilement un malade de la lèpre ?

Dr Johnson : “La maladie apparaît d’abord par une tache au niveau de la peau liée à la destruction des terminaisons nerveuses. Cette tache est insensible : c’est à la suite d’un test de sensibilité que l’on peut établir diagnostiquer la présence de la maladie. À ce moment-là, c’est une bonne nouvelle parce qu’un traitement efficace et disponible existe. Cependant, si elle n’est pas traitée, la maladie peut être responsable de déformations irréversibles des yeux, des mains et des pieds. À ce moment-là, le malade peut être traité par une opération chirurgicale, mais il faudra l’aider à se réinsérer socialement avec ce handicap. Aujourd’hui, les malades font face à l’exclusion sociale. Raoul Follereau a dit : “Afin que les lépreux soient délivrés vraiment de la lèpre, il faut guérir les bien-portants de la peur absurde qu’ils ont de ces malades, de ces excommuniés sociaux, de ces bannis, de ces monstres.”

Mais pour les personnes qui vivent dans des zones reculées, qui doivent utiliser les transports en commun, parcourir de longues distances pour avoir accès aux soins, et dépenser de l’argent avant d’être soignées, c’est compliqué de se faire dépister. Certaines populations contactent d’abord un guérisseur traditionnel car elles pensent avoir subi un envoûtement, ce qui retarde leur prise en charge et aggrave la maladie De ce fait, ce sont 10 000 personnes qui sont chaque année handicapées à vie. Au Bénin ou en Côte d’Ivoireces cas graves représentent 25 % des malades. Nous avons cependant reçu ce jeudi 18 janvier une bonne nouvelle des équipes sur le terrain en Côte d’Ivoire : il s’agit d’une petite fille de 6 ansavec une tache au niveau du visage, qui a été dépistée avec succès. Nous sommes très heureux, car cette petite fille est sauvéeelle ne sera pas défigurée et pourra être tirée d’affaire. C’est pour cela que la Fondation fait tout pour former des équipes mobiles qui se rendent sur place.”

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Y a-t-il un vaccin contre la lèpre ?

Dr Johnson : “Il n’existe pas de vaccin contre la lèpre, mais nous finançons des recherches en cours au Brésil, au stade préliminaire. Il existe cependant un traitement mis en place depuis 1982 et qui est toujours efficace. Il s’agit d’une polychimiothérapie, soit une association de trois antibiotiques (dapsone, rifampicine et clofazimine) qui met 6 à 12 mois à agir. La généralisation du traitement a permis de guérir 16 millions de personnes dans le monde.”

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2024-01-18 22:00:00

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