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La Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence expose des œuvres minimalistes de sa collection

La Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence expose des œuvres minimalistes de sa collection

Pour nouer un lien organique entre l’art, la musique et l’architecture, il faut porter une attention subtile au jeu nuancé de l’harmonie entre les trois disciplines « supposées » disparates. La dernière exposition à la Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence, France, avec une douzaine d’œuvres minimalistes de sa collection, organisée par Grégory Lang souligne la présence d’une progression rythmique signifiant les œuvres d’art. Lang est un conservateur indépendant et un consultant en art contemporain qui collabore avec des collections privées, des espaces gérés par des artistes et des institutions. Il fonde Solang Production and Advisory en 2008, coproduit de nombreux projets d’artistes visuels, films et documentaires.

Sans titre (de la série Ba-O-Ba), 1974, Keith Sonnier Image : Antoine Lippens, avec l’aimable autorisation de la Collection Fondation CAB

L’exposition intitulée On the Approach – Une perspective sur la collection by the Fondation réunit les œuvres minimalistes d’artistes venus d’Amérique – Dan Flavin, John McCracken, Kenneth Noland, Keith Sonnier, Frank Stella, Anne Truitt – et d’Europe – Josef Albers, Martin Barré, André Cadere, Imi Knœbel, Claude Rutault, Heimo Zobernig. Dans un effort pour retracer l’importation de l’art minimaliste à l’époque actuelle, l’exposition de l’artiste contemporaine belge Ann Veronica Janssens se déroule en même temps à la Fondation. Pour mentionner, il abrite minutieusement l’une des plus grandes collections d’art moderne au monde. Cela en fait un endroit parfait pour exposer une collection privée et partager la propension profondément encline à l’art minimaliste et conceptuel avec une variété de publics.

Barre bleue glacée, 2017, Ann Veronica Janssens;  Mennigebild 22/51, 1976, Imi Knoebel;  Sans titre, 2003, Heimo Zobernig ;  A00321040, 1977, André Cadère |  Grégory Lang |  STIRworld

Barre bleue glacée, 2017, Ann Veronica Janssens ; Mennigebild 22/51, 1976, Imi Knoebel; Sans titre, 2003, Heimo Zobernig ; A00321040, 1977, André Cadère Image : Antoine Lippens, avec l’aimable autorisation de la Collection Fondation CAB

Dans un entretien avec STIR, Lang rend compte explicitement de ces parallèles entre l’art minimaliste de la période constructive et contemporaine : « J’ai tout de suite été attiré par les œuvres les plus simples, les plus sincères de la collection. J’ai intuitivement pris une position rigoureuse, ne mettant en avant que des œuvres ayant un fort sens de la physicalité et du rapport à l’architecture. Les questions au cœur de cette exposition sont celles de la confiance et du temps, de la fréquentation accordée à l’œuvre d’art, de la présence contre la vitesse. pour l’art minimal et sa collection d’art personnelle. Il ancre par conséquent une inspiration de la période constructiviste à nos jours tout en se lançant dans la tâche de mettre en valeur le travail d’artistes qui partagent une pratique et une esthétique distinctes. Lang poursuit : ” De nos jours, l’art minimaliste est encore élargissant l’idée abstraite que l’art visuel devrait avoir sa propre réalité sans en imiter une autre. Par rapport à la multiplication exponentielle des supports numériques et virtuels, l’approche tautologique du minimalisme permet aux spectateurs de ne répondre qu’à ce qui se trouve devant eux. L’art minimaliste précède les réflexions des artistes contemporains opérant avec une économie de moyens, au point de privilégier l’idée sur la réalisation. Son influence se retrouve également dans le design d’objet et de mode. La pertinence de l’art minimal aujourd’hui réside dans notre besoin d’expériences physiques et de temporalités lentes. Cela crée un temps de respiration percutant, tout en questionnant la pérennité de notre rapport aux nouveaux médias.”

Commissaire Gregory Lang |  Grégory Lang |  STIRworld

Commissaire Gregory Lang Image: © Isabelle Arthuis

L’espace d’exposition de la Fondation CAB ne se limite pas à un espace classique de cube blanc, mais c’est un grand volume complexe. Une mezzanine, d’un côté de l’ensemble, coupe la hauteur sous plafond et un mur courbe s’ouvre, par une immense baie vitrée, sur le paysage sud de l’autre. Lang mentionne, “A première vue, la qualité de l’architecture est soulignée et renforcée”, quand il discute de la relation entre l’art minimaliste et l’esthétique de l’environnement bâti. Il ajoute, “Les œuvres exposées sculptent l’espace soit avec leur immatériel vibration, comme celles d’Albers et Flavin, ou avec leur structure et leur composition monochromatique, comme celles de Stella et Knoebel. Tous ces artistes créent des variations perceptives, interrogeant la structure des œuvres et valorisant leur rapport à l’architecture. J’avais aussi l’intention de créer un nouvel espace mental entre les œuvres en présence, au-delà de leur proximité spatiale.

16 blocs aquatiques (110) 2017, Ann Veronica Janssens ;  76-77-C, 1976-1977, Martin Barré ;  Arundel XXVIII, 1975, Anne Truitt;  Sans titre, 1964-1974, Dan Flavin |  Grégory Lang |  STIRworld

16 blocs aquatiques (110) 2017, Ann Veronica Janssens; 76-77-C, 1976-1977, Martin Barré; Arundel 28 1975, Anne Truitt; Sans titre, 1964-1974, Dan Flavin Image : Antoine Lippens, avec l’aimable autorisation de la Collection Fondation CAB

Comme évoqué plus haut, chacune des œuvres choisies participe à une composition spatiale empreinte de musicalité. L’exposition aux œuvres minimalistes ouvre un ensemble de géométries qui découpent des divisions en termes de sections de toiles et de lignes de différentes couleurs. Le résultat est ancré dans le spectre des tons et des tenures. Le jeu des couleurs élargit les champs de perception du spectateur. Lang explique : « Ces teintes complexes, résultant de mélanges subtils, améliorent la perception en se faisant écho. Si les nuances et les formes des œuvres sont similaires, les variations de couleurs sont au centre de notre attention. Les relations entre les tons et les effets visuels, induites par la juxtaposition de surfaces colorées, créent de fines correspondances et des tensions entre les œuvres. Cette sensation visuelle et sonore synesthésique est renforcée par le jeu géométrique sur des structures récurrentes : ici, des carrés et des rectangles simples ou combinés – presque tous monochromes. Dans cette exposition, nos corps sont profondément engagés, et notre rapport perceptif à la couleur est stimulé par des correspondances et des résonances entre les œuvres, à la manière d’une prose musicale.”

Ice blue Bar, 2017, Ann Veronica Janssens ; Mennigebild, 22/51, 1976, Imi Knoebel, Untitled, 2003, Heimo Zobernig; A00321040, 1977, André Cadere; Définition/Méthode 188 Carrés réels, carré virtuel, 1979, Claude Rutault ; Streak Out, 1969, Kenneth Noland; Odelsk III, From the Polish Village Series (#1), 1971, Franck Stella | Grégory Lang | STIRworld

Ice blue Bar, 2017, Ann Veronica Janssens ; Mennigebild, 22/51, 1976, Imi Knoebel, Untitled, 2003, Heimo Zobernig; A00321040, 1977, André Cadere; Définition/Méthode 188 Carrés réels, carré virtuel, 1979, Claude Rutault ; Streak Out, 1969, Kenneth Noland; Odelsk III, From the Polish Village Series (#1), 1971, Franck Stella Image : Antoine Lippens, avec l’aimable autorisation de la Collection Fondation CAB

L’accent mis sur la perception visuelle de l’affichage est un moyen de faciliter un environnement d’identification et de prise de conscience pour le public. “Les rencontres entre ces œuvres leur confèrent une présence unique et éphémère dans le cadre de cette exposition, alors qu’elles “s’approchent” du seuil flou et ténu entre l’art et la vie”, explique succinctement Lang. Lorsque le commissaire vise à évoquer le contexte propice à l’expérience sensorielle et au rythme du spectateur, il ouvre la voie à d’immenses possibilités pour aiguiser sa conscience dans un temps suspendu.

Sans titre, 1964-1974, Dan Flavin ;  Odelsk III, De la série Village polonais (#1), 1971, Franck Stella ;  Étude pour Hommage à la place, 1957, Josef Albers ;  Barre bleue glacée, 2017, Ann Veronica Janssens |  Grégory Lang |  STIRworld

Sans titre, 1964-1974, Dan Flavin ; Odelsk III, De la série Village polonais (#1), 1971, Franck Stella ; Étude pour Hommage à la place, 1957, Josef Albers ; Barre bleue glacée, 2017, Ann Veronica Janssens Image : Antoine Lippens, avec l’aimable autorisation de la Collection Fondation CAB

L’exposition artistique A l’approche runs at Fondation CAB Saint-Paul-de-Vence, until October 29, 2022.

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