La détérioration des habitations à loyer modique (HLM) au Québec s’aggrave sous le gouvernement Legault : une augmentation de 27% d’habitats en très mauvais état en 14 mois.

Le nombre de logements à loyer modique (HLM) considérés comme étant en très mauvais état a augmenté de 27% en seulement 14 mois, selon une association de locataires qui attribue cette situation au manque d’attention du gouvernement Legault en matière de logement. Les données obtenues et comparées par notre Bureau d’enquête révèlent que le nombre de logements classés E – la catégorie la plus basse – est passé de 10 582 en mai 2022 à 13 400 en juillet dernier, sur un total d’environ 71 500 logements. Cela représente près d’un logement sur cinq au Québec, et deux sur cinq sur l’île de Montréal.

La Fédération des locataires d’habitations à loyer modique du Québec (FLHLMQ) accuse le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) d’avoir pris du retard dans la rénovation du parc de HLM. “Ils ont négligé cette responsabilité”, déclare Robert Pilon, porte-parole de la FLHLMQ. Parmi les problèmes rencontrés dans les HLM classés E, on retrouve notamment des problèmes de moisissure, une mauvaise isolation, une toiture en mauvais état et des fenêtres délabrées, selon la FLHLMQ.

Cette détérioration des conditions de vie dans les HLM est attribuée en partie à une diminution des investissements. Alors que le gouvernement libéral de Philippe Couillard prévoyait un budget annuel de 343,4 millions de dollars pour la rénovation des HLM pendant son mandat de 2015 à 2018, le gouvernement Legault a réduit cette somme à 300 millions de dollars en 2020, et l’a maintenue à ce niveau pour les années 2021 et 2022. Selon la FLHLMQ, ce montant est insuffisant, car le coût des rénovations a doublé, voire triplé au cours de la même période.

Cependant, l’introduction d’un nouveau programme de rénovation en juin dernier offre un certain espoir pour améliorer la situation. Un montant de 2,2 milliards de dollars sera disponible dans les années à venir pour la rénovation des HLM, dans le cadre d’une entente entre le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral. Malgré cela, la FLHLMQ reste sceptique quant à la volonté réelle de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, de rénover rapidement les HLM, notamment en raison de son refus de rencontrer l’organisation des locataires.

Pour sa part, la Société d’habitation du Québec (SHQ), responsable du financement des rénovations des HLM, affirme être consciente de l’état du parc de logements, mais nie mettre en danger la santé des locataires. Selon la SHQ, une cote E ne signifie pas nécessairement que le logement est dangereux et insalubre, mais indique plutôt que le coût des rénovations représente plus de 30% de la valeur de l’immeuble.

En fin de compte, de nombreux résidents des HLM dénoncent les conditions de vie déplorables dans lesquelles ils se trouvent. Certains ont honte d’inviter des proches chez eux en raison de l’état de leur logement, tandis que d’autres expriment leur désir de partir à cause de la vétusté des lieux.