Nouvelles Du Monde

La crise des médicaments en France : Pénuries et prix

La crise des médicaments en France : Pénuries et prix

Pour l’Amoxicilline, la France est restée sur 3 ou 4 euros quand les pays étrangers l’achètent bien plus cher.

À Baignes, Jean-Marc Glémot, également conseiller à l’ordre national des pharmaciens, essaie de prendre les pénuries avec patience. « Mais il faudrait au moins plus de transparence, abonde-t-il. Là, on ne sait jamais si on va être livré dans 3 jours, dans 3 semaines ou dans 3 mois ».

Les labos privilégient les pays qui paient mieux

« Il y a plus de 1 000 références de médicaments contingentés par les labos, il n’y en a jamais eu autant, confirme Pauline Martin, directrice de l’agence CERP de Soyaux, grossiste et répartiteur de médicaments sur la Charente, Dordogne, la Gironde et la Vienne. Après une petite accalmie cet été, on est reparti en dégradé depuis septembre et ça continue d’empirer. Quand ce n’est pas une molécule, c’est une autre. »

Elle voit plusieurs explications à ces pénuries à répétition. L’après-covid d’une part, avec « une recrudescence des pathologies et des laboratoires qui, pour certains, avaient arrêté des lignes de production et n’ont pas tout rouvert ». Il y a aussi un vrai problème de prix, selon elle. « En France, la Sécurité sociale fixe le coût des médicaments et, pour certains, comme l’Amoxicilline, on est restés à 3 ou 4 euros quand les pays étrangers l’achètent bien plus cher. Certains laboratoires ont vite fait leur choix. ». Elle l’affirme : « Tant qu’il n’y aura pas une vraie action au niveau de l’État, notamment pour réajuster les prix, je ne vois pas comment ça va pouvoir s’améliorer ».

Sanofi avait suspendu toutes ses commandes directes du 5 au 31 décembre parce qu’il n’arrivait plus à fournir. « C’est la première fois que ça arrive »note Amandine Tesson-Richez, inquiète. « Sanofi est en train de vendre sa branche santé grand public, dont fait partie le Doliprane, complète Pauline Martin. Ce qui devrait désorganiser encore les approvisionnements, au moins le temps de la transition ».

Le mot d’ordre : adaptation

Alors, en première ligne face aux clients tous les jours, les pharmaciens essaient de s’adapter. « On s’appelle entre nous, on se dépanne dès qu’on peut mais c’est du bricolage permanent », souffle Jean-Philippe Brégère. Et ils passent un temps fou à « rappeler les médecins pour modifier les traitements, encore faut-il réussir à les joindre… C’est simple, aujourd’hui, je paye une personne à plein temps pour rappeler les médecins et tenter de passer les commandes des produits en rupture. C’est ingérable ». Les achats tournent à la bataille. « On est sans cesse à vérifier les stocks des fournisseurs pour voir si ça bouge et, quand on ne peut pas commander dans la minute, c’est trop tard », décrit Amandine Tesson-Richez.

Lire aussi  Aucun effet observé avec les anticorps anti-médicament sur le durvalumab seul ou avec le tremélimumab dans le CHC

Pour la Flecaïne, contre les troubles cardiaques, ou l’Amoxicilline, l’agence du médicament (ANSM) les a autorisés à faire préparer des gélules par des pharmacies agréées, alors la plupart le font.

En attendant une éclaircie, le ras-le-bol est tangible. « Nerveusement, c’est compliqué ».


Amandine Tesson-Richez, pharmacienne à Champniers tente d’accompagner ses patients au mieux face aux pénuries.

Photo Quentin Petit

Antidiabétiques : les alternatives en rupture aussi

Le Trulicity, antidiabétique injectable, est l’un des plus grands absents des pharmacies en ce moment. Au départ, les médecins prescrivaient des alternatives sauf qu’à force, même ces alternatives sont en rupture. Alors, ils se rabattent sur des comprimés. « Sauf que ce n’est pas anodin. Pour un patient diabétique, l’une des choses les plus compliquées, c’est de trouver le bon équilibre. Changer de traitement, c’est bouleverser cet équilibre »regrette Jean-Philippe Brégère, président du syndicat des pharmaciens de Charente. En cause, l’augmentation de la demande mondiale, la concurrence des autres pays, mais aussi une nouvelle « mode » qui a envahi les réseaux sociaux : le détournement de ces antidiabétiques pour mincir. Ce qui a entraîné un déferlement de fausses ordonnances et de mauvais usage des prescriptions. « D’après un délégué commercial du laboratoire, ce phénomène ne représenterait que 2 % des ventes »tempère Pauline Martin, directrice du répartiteur CERP à Soyaux.

Détournement du Trulicity pour perdre du poids, sur TikTok, les exemples foisonnent.

Facebook
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Leave a Comment

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.

ADVERTISEMENT