“C’est probablement un endroit où les poissons ont trois yeux.” La phrase de Pierre Fitzgibbon devant un auditoire sélect à Montréal la semaine dernière est très révélatrice de l’attitude du gouvernement Legault à l’égard de l’environnement et du développement durable.
“Fitz” se moquait ainsi de ceux qui se préoccupent du fait que le gouvernement de la CAQ a truqué les règles afin de donner des passe-droits à la compagnie Northvolt.
Le superministre peut bien s’en moquer, la CAQ ne fait que ça, se moquer des règles protégeant les milieux humides.
Comme Le Journal le révélait cet été, 98 % des demandes de destruction des milieux humides ont été accordées depuis l’arrivée au pouvoir de la CAQ.
Exclusion du BAPE
Rappelons que Northvolt, une société suédoise, a bénéficié d’une modification des règles environnementales qui a permis d’exclure son projet d’usine de fabrication de l’analyse normalement requise par le BAPE.
Comme La Presse l’a révélé, une analyse faite par le ministère de l’Environnement quelques mois avant que Northvolt achète le terrain où son usine sera construite n’aurait pas tenu compte des parties d’un développement projeté de résidences familiales.
C’est le promoteur du projet qui a dû jeter l’éponge et vendre ses terrains à Northvolt, alors que l’entreprise ne sera pas assujettie aux mêmes restrictions que celles qu’on lui imposait. C’est à se demander si on n’a pas joué avec les règles pour exclure l’un afin de mieux accueillir l’autre!
Il arrive qu’une compagnie ou qu’un projet ait plus d’influence sur nos vies que ceux dont c’est le rôle d’assurer l’intérêt du public.
C’est ce qui arrive avec Legault et Fitzgibbon.
Pour eux, le BAPE doit se tasser lorsqu’un promoteur bénéficie de l’appui de la CAQ.
Notre ministre de l’Environnement, Benoit Charette, ferme les yeux pour mieux accueillir ce qu’il qualifie sans gêne de “beau projet”.
Aucune distance critique n’est maintenue pour faire une analyse objective, qui serait dans l’intérêt des générations futures. Le gendarme se transforme alors en promoteur.
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Dégringolade
La protection des milieux humides est nécessaire pour préserver la biodiversité, certes. Mais ces marais, marécages et ruisseaux ont aussi une fonction cruciale pour filtrer ce qui entre dans nos lacs et rivières, et aider à en contrôler leurs niveau et débit.
Au Québec, les changements climatiques se font ressentir chaque année, avec des inondations accrues et des feux de forêt sans précédent, comme ceux que l’on a connus l’été dernier.
Il est plus important que jamais de respecter intégralement les règles concernant les milieux humides, pas de les changer pour faire plaisir à une industrie.
Depuis des décennies, la construction et l’étalement urbain ont fait des ravages dans la région de Montréal. La densification dorénavant voulue est en train d’avoir des conséquences imprévues. Dès qu’on quitte la zone réglementée, les promoteurs domiciliaires ont les coudées franches.
Des milieux de biodiversité exceptionnels, comme les falaises de Prévost, habitat du faucon pèlerin, sont en péril.
Dans la région des Basses-Laurentides, des forêts et des sentiers anciens sont saccagés et des milieux humides, déviés ou bloqués.
Les petites municipalités ne font pas le poids contre les promoteurs, qui utilisent des stratagèmes pour contourner les règles.
Malheureusement, la CAQ s’en moque et nous sommes les poissons.
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