La Banque d’Angleterre envisage de refuser une licence bancaire à la société de finance britannique Revolut, qui possède une telle licence dans l’Union Européenne et cherche à obtenir la même reconnaissance au Royaume-Uni, selon le Daily Telegraph hier. L’Autorité de réglementation des banques PRA, qui dépend de la banque centrale, a informé le gouvernement en mars qu’elle avait l’intention de mettre en garde Revolut et que sa demande de licence initiale serait rejetée en raison de préoccupations concernant ses comptes, rapporte le journal. Cependant, cette mise en garde n’a pas encore été formulée, et des négociations en privé sont en cours pour tenter de maintenir la demande de licence, ajoute le Telegraph. Revolut n’a pas commenté ces informations, soulignant que la demande de licence est en cours. La Banque d’Angleterre et le ministère des finances n’ont pas non plus souhaité commenter.
Revolut a réalisé son premier bénéfice annuel en 2021, mais ses résultats pour cet exercice avaient été publiés en retard en raison des pressions du régulateur pour améliorer ses contrôles internes après des failles importantes dans l’audit de ses comptes par le cabinet BDO. BDO a noté dans le rapport financier 2021 de Revolut que les systèmes informatiques n’ont pas été conçus pour permettre des contrôles sur certaines transactions initiées directement dans l’environnement informatique du groupe par les utilisateurs, ce qui rendait incertaine leur évaluation d’une partie du chiffre d’affaires. Revolut a depuis fait valoir que l’entreprise avait grandi très rapidement et que ses procédures et systèmes informatiques n’avaient pas été adaptés à sa taille, mais qu’elle avait remédié à ces problèmes.
Si Revolut a obtenu une licence européenne complète en 2021, elle attend depuis plus de deux ans pour obtenir l’équivalent outre-Manche. Cette procédure qui traîne a suscité beaucoup de commentaires au Royaume-Uni, en particulier après la récente crise bancaire qui a emporté plusieurs banques régionales américaines et vu le rachat dans l’urgence de Credit Suisse par UBS. La presse britannique a également souligné le départ récent de plusieurs dirigeants, dont celui annoncé début mai de son directeur financier Mikko Salovaara, “à son initiative”.
Revolut a été valorisée à environ 33 milliards de dollars en 2021, mais Schroders, un gestionnaire d’actifs britannique qui est actionnaire de la fintech, a récemment estimé que sa valorisation avait fondu de 46 %. Revolut a annoncé début mai son projet de passer de près de 30 millions de clients à 100 millions d’ici 2025 et de concurrencer les acteurs bancaires traditionnels, notamment en Europe continentale, en proposant des crédits à la consommation. La FCA, le régulateur britannique des marchés, a également exprimé en mars sa préoccupation quant à un “risque inacceptable” pour les clients et le système financier posé par certaines sociétés de paiement non bancaires en raison de “contrôles insuffisants”, sans cependant les nommer.
Source : AFP
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