Battu au sprint pour le gain de la 13e étape vendredi à Crans-Montana, Thibaut Pinot s’était plaint de l’attitude de ses compagnons d’échappée, notamment Einer Rubio (Movistar), resté attentiste alors que le Français multipliait les offensives. Une tactique payante, puisque c’est bien le Colombien qui avait levé les bras au sommet, devant le grimpeur de la Groupama-FDJ.
Dimanche, c’est Ben Healy (EF Education – Easy Post) qui s’est contenté de la deuxième place à Bergame, à la veille de la seconde journée de repos. Healy est aussi le coéquipier de Jefferson Cepeda. Or c’est bien sur l’Equatorien que Pinot avait déversé son amertume deux jours plus tôt. “Je ne comprends pas comment on peut espérer gagner de cette manière, ce n’est pas ma vision. Il avait peut-être des consignes… Mais quand son excuse, c’est le classement général…”
Alors Jonathan Vaughters a préparé sa “revanche”. Au terme de la 15e étape, sur Twitter, le manager de l’équipe EF Education a salué son coureur Ben Healy, et pas que pour sa performance sportive : “Fier de voir que Ben Healy a félicité le vainqueur et n’est pas venu pleurer devant les médias pour expliquer que la vie est parfois injuste. Belle attitude. Belle personne. Beau coureur”.
L’allusion était limpide. C’est bien Pinot que Vaughters citait ici. Alors que quelqu’un regrettait en réponse à sa tirade qu’il n’ait pas eu le courage de “taguer” le Franc-Comtois, le directeur sportif américain s’est exécuté dans la foulée, toujours sur le monde de l’ironie : “Pas sûr que Thibaut Pinot parvienne à lire ceci à travers ses larmes”. Traité de manière à peine voilée de “pleureuse”, Thibaut Pinot a fini par réagir, lui aussi sur un ton moqueur : “Qui êtes-vous ?”
Excellente ambiance. Trouvant visiblement ce petit échange amusant, Lance Armstrong n’a pas résisté. Il s’est immiscé dans ce dialogue écrit, en profitant pour régler ses (vieux comptes avec son ancien coéquipier devenu un de ses meilleurs ennemis). Qui est-il ? Le Texan a visiblement son idée : “Un putain de clown. En tout cas sur la base des 30 années et plus que je le connais”.
Thibaut Pinot aurait sans doute préféré éviter de se faire cibler de la sorte par Jonathan Vaughters. Mais il se serait probablement passé en prime de ce soutien à distance de l’ancien septuple maillot jaune déchu du Tour de France. Maintenant, tout le monde a 24 heures pour respirer un bon coup et descendre d’un cran.
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