Héros transgenre, coupe afro et peuples autochtones: les studios se tournent vers des jeux vidéo plus inclusifs, sous la pression des joueurs, qui demandent davantage de “représentativité” dans les personnages et les intrigues, et grâce à une nouvelle génération de créateurs sensibles à ces enjeux.
Le meilleur exemple est l’introduction de Lucia dans le très attendu GTA VI, premier personnage principal féminin jouable de l’histoire de “Grand Theft Auto”. La franchise controversée a été critiquée depuis des décennies pour ses représentations misogynes et hypersexualisées des femmes, ainsi que ses caricatures des minorités.
“Nous prenons de plus en plus conscience” du besoin d’une représentation “plus réfléchie” des personnages féminins dans une industrie marquée par des affaires retentissantes de harcèlement. C’est ce qu’explique Ashley Reed, responsable de la narration d’Apex Legends, édité par le studio Electronic Arts.
Les grands studios sont de plus en plus remis en question depuis ces affaires, mais “le déclic vient surtout de la part des joueurs”, selon Jennifer Lufau, consultante en inclusion dans le jeu vidéo et fondatrice d’Afrogameuses.
En raison d’une demande croissante de représentativité dans les contenus consommés, les studios se rendent compte qu’il y a une diversité chez les joueurs, au-delà du stéréotype du “mec blanc”. Un exemple est le “bad buzz” autour du jeu “Animal Crossing”, qui a suscité une pétition pour protester contre l’absence de coiffures afro dans les options disponibles.
“Relecteurs en sensibilité”
Taniesha Bracken, jeune femme originaire de Denver et autrice de la pétition, a exprimé sa joie après la mise à jour de l’éditeur japonais, qui a ajouté des coiffures plus inclusives à “Animal Crossing”.
Pour éviter ce genre de maladresses dès la conception des jeux, les studios nomment des directeurs de l’inclusion, comme Ubisoft depuis février 2021. Ils font également appel à des consultants spécialisés, les “relecteurs en sensibilité” (“sensivity readers” en anglais), pour éviter les incohérences culturelles dans les scénarios et les représentations visuelles.
Cette profession récente, qui se développe surtout aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, consiste à expliquer aux créateurs comment leurs propositions seront perçues et comment éviter de créer des stéréotypes, même si certains les voient comme des censeurs.
Studios indépendants à la pointe
Les studios indépendants, conscients du pouvoir du jeu vidéo pour véhiculer des messages inclusifs et progressistes, sont les premiers à avoir mis ces thématiques à l’honneur. C’est le cas du studio français Dontnod, qui avait fait sensation en 2015 avec la série Life is Strange pour sa représentation crédible de personnages LGBT+.
Ces studios font également appel à des consultants spécialisés pour éviter les incohérences culturelles dans les scénarios et les représentations visuelles, et mettent en lumière les langues natives et peuples autochtones dans leurs jeux.
Cependant, cette tendance n’est pas toujours bien accueillie, comme en témoigne la polémique autour de Starfield, qui a provoqué la colère de certains joueurs pour avoir introduit de l'”idéologie” dans le jeu.
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