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Italie contre Suisse | SalutInternational

Italie contre Suisse |  SalutInternational

2023-10-19 01:25:37

Fred Paccaud et Gavino Maciocco

L’Italie et la Suisse, bien que si différentes dans le modèle de système de santé et dans la disponibilité des ressources allouées aux soins de santé, partagent une condition qui frappe depuis longtemps la plupart des systèmes de santé : la croissance des inégalités sur une base socio-économique, géographique et souvent aussi raciale.

L’Italie et la Suisse, pays voisins et voisins, présentent des similitudes et de grandes différences dans le domaine de la santé et des soins de santé.

Les affinités

Les affinités concernent avant tout l’état de santé des populations respectives. En fait, dans les deux pays, la plupart des indicateurs de santé sont favorables, et généralement meilleurs que la moyenne des pays de l’OCDE.

Le tableau 1 présente certains de ces indicateurs.

L’espérance de vie à la naissance est, en Italie et en Suisse, supérieure à la moyenne de l’OCDE : pour 38 pays, la valeur moyenne est de 81 ans, contre 83 en Italie et 84 en Suisse. L’espérance de vie à 60 ans est légèrement plus élevée en Suisse qu’en Italie, et la différence entre les sexes (environ quatre ans) est identique.

La Le tableau 1 suggère également qu’une amélioration est possible, estimé par le nombre d’années potentielles de vie perdues avant 75 ans ou par la mortalité évitable. Les analyses montrent qu’une grande partie de la mortalité précoce est liée à deux déterminants modifiables, à savoir l’alcool et le tabac (1). La bonne santé de la population italienne est souvent attribuée à des habitudes alimentaires vertueuses, comme le régime méditerranéen. Les migrations européennes du Sud vers le Nord ont modifié favorablement le régime alimentaire des régions d’immigration, dont la Suisse. Cette influence est d’autant plus probable qu’après 1945, l’émigration italienne provenait principalement de l’Italie du Sud, dont le régime alimentaire semble particulièrement vertueux. La santé de la population résidant en Suisse aurait pu bénéficier d’un “effet migrant sain», c’est-à-dire un meilleur état de santé sélectif (non dû uniquement à l’alimentation) pour les migrants de première génération.

La Tableau 2 présente le pourcentage de la population qui se considère en bonne/excellente santé. Cette proportion est généralement élevée dans les populations italienne et suisse. A noter la différence de 10 points entre l’Italie et la Suisse (respectivement 73% contre 83%). Nous considérons également le gradient social de perception de soi en matière de santé, estimé ici par le gradient de revenu. Ce gradient est présent dans les deux pays. Elle est plus marquée en Suisse qu’en Italie : la part de la « perception de l’état de santé » passe de 70% à 80% du premier au dernier quintile en Italie, de 73% à 90% en Suisse.

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Les différences, voire les écarts énormes dans certains cas, concernent les soins de santé, tant en termes de modèle de système de santé que de ressources dont il dispose.

Différences de modèles

Le modèle italien, né avec la réforme de 1978, est universaliste, financé par la fiscalité générale et régi par l’Etat et les Régions. Le modèle suisse est mutualiste, financé par les primes versées par les familles aux 60 caisses d’assurance maladie agréées (lire aussi ici). Celles-ci fonctionnent comme des mutuelles, excluant donc tout profit. L’assurance maladie de base est obligatoire. À la fin de chaque année, le montant des primes pour l’année suivante est négocié entre les caisses d’assurance maladie, les 26 cantons et la Confédération. Ces primes d’assurance de base dépendent du canton de domicile de l’assuré (2). La prime annuelle moyenne s’élève à CHF 3760 (€3904), de CHF 2563 (€2661) (Appenzell Rhodes-Intérieures) à CHF 4915 (€5103) (Bâle-Ville). Cette disparité intercantonale fait partie de la culture politique suisse qui privilégie une gestion locale et décentralisée.

Outre les disparités géographiques, le financement en Suisse est socialement inéquitable: les primes sont régressives car indépendantes du revenu familial. Un rééquilibrage partiel est en cours: les cantons financent une réduction des primes pour les assurés en dessous d’un certain niveau de revenu. Malgré cela, la capacité de payer des familles à revenus faibles et moyens atteint ses limites, comme en témoignent plusieurs signes. Par exemple, 5,2% de la population résidente (>16 ans) a renoncé à consulter un médecin ou un dentiste pour des raisons économiques (3). Ces disparités et inégalités rendent la gouvernance du système difficile, voire chaotique. La publication du montant des primes d’assurance provoque un véritable psychodrame annuel. De nouveaux produits d’assurance ont été développés, notamment franchise, gardien et les systèmes d’assurance complémentaires. Ces nouveaux produits d’assurance augmentent la couverture d’assurance pour les services non couverts par l’assurance maladie de base (comme certaines médecines complémentaires) ou réduisent le prix de l’assurance de base.

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Les différences de ressources

Le tableau 3 montre clairement l’énorme écart de disponibilité des ressources entre l’Italie et la Suisse : par exemple, les dépenses de santé par habitant en Italie (4 290 US$) représentent près de la moitié de celles de la Suisse (8 049 US$), qui est au monde la deuxième derrière celle des États-Unis (12 197 US$).

Le service de santé italien souffre depuis des années d’un processus constant de définancement qui a conduit à une forte réduction du personnel et des lits, elle a considérablement réduit l’offre publique, a provoqué un allongement épuisant des délais d’attente et, par conséquent, a alimenté le recours au secteur privé (qui s’est considérablement développé ces dernières années, en même temps que le marché de l’assurance privée). Dans tout cela, il y a une affinité avec la Suisse : en Italie, le pourcentage de personnes qui abandonnent un traitement ou retardent le traitement pour des raisons économiques est élevé.

La Suisse est riche en ressources (parfois utilisées de manière excessive et inappropriée) (4). et ne connaît pas le phénomène des listes d’attente. Elle dispose d’un nombre de lits 30 % supérieur à celui de l’Italie et le nombre d’infirmières pour 1 000 habitants est trois fois supérieur à celui de l’Italie (18,3 contre 6,2). C’est également la raison pour laquelle les niveaux de mortalité due au COVID-19 en Suisse étaient deux fois moins élevés qu’en Italie (1608 contre 3247 décès par million d’habitants). La « richesse » de la Suisse, et les salaires élevés des professionnels, constituent un formidable facteur d’attraction qui permet au système de santé d’éviter la pénurie de personnel qui touche la plupart des pays européens. En 2020, un tiers des médecins exerçant en Suisse ont suivi une formation à l’étranger (5). Les pays d’origine des médecins migrants en Suisse sont l’Allemagne (20% des médecins migrants) et l’Italie (4%). Les proportions sont sensiblement les mêmes pour les infirmières. Le salaire net d’une infirmière italienne qui part travailler en Suisse est d’environ 3’300 euros (le double de celui de l’Italie).

Conclusions

L’Italie et la Suisse, bien que si différentes dans le modèle de système de santé et dans la disponibilité des ressources allouées aux soins de santé, partagent une condition qui touche depuis longtemps la plupart des systèmes de santé : la croissance des inégalités sur une base socio-économique, géographique et souvent aussi raciale.. Et même la grande disponibilité des ressources sanitaires ne garantit même pas une croissance proportionnelle de l’espérance de vie à la naissance, comme le montre la situation aux États-Unis, aux prises depuis quelques années avec une réduction constante de la longévité de leur population causée par divers facteurs. comme l’incroyable et mortelle épidémie d’opioïdes, mais surtout par la propagation dévastatrice de maladies chroniques (à partir de déterminants modifiables comme l’obésité) qui touchent particulièrement les couches les plus pauvres de la population (principalement les Afro-Américains).

La santé marchande – plus attentive aux profits qu’aux personnes, plus intéressée à la production de services qu’aux soins, à la prise en charge – génère partout des inégalités et pénalise les groupes les plus vulnérables de la population : les pauvres, les personnes âgées (mais aussi les jeunes). personnes, comme nous l’avons vu pendant la pandémie) et les patients souffrant de problèmes de santé mentale.

Fred Paccaud, Unisanté et Faculté de biologie et médecine, Lausanne

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Gavino Maciocco, Département des sciences de la santé, Université de Florence

Bibliographie

  1. OCDE (2023), « Déterminants non-médicaux de la santé », Statistiques de l’OCDE sur la santé(base de données), https://doi.org/10.1787/data-00546-fr (consulté le 20 juin 2023).
  2. https://www.bfs.admin.ch/bfs/it/home/statistiche/salute/costi-finanziamento.html
  3. https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/themes-transversaux/monitoring-programme-legislature/tous-les-indicateurs/ligne-directrice-2-cohesion/renoncement-soins-raisons- financières.html
  4. Lauriola P, et al. Sur l’importance des soins de santé primaires et communautaires par rapport aux menaces sanitaires et environnementales mondiales : leçons de la crise du COVID-19. Santé mondiale du BMJ. 2021;6(3):e004111. est ce que je: 10.1136/bmjgh-2020-00411
  5. https://stats.oecd.org/Index.aspx?QueryId=51879



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