Il travaillait depuis des années sur la réforme controversée de la justice qu’il a ensuite livrée clé en main au gouvernement du premier ministre Benjamin Natanyahu au groupe de réflexion de Jérusalem Kohelet Policy Forum. Fondée en 2012 par Moshe Koppel, double citoyen israélien et américain, un informaticien et étudiant en talmud qui a émigré de New York en Israël en 1980 et vit maintenant dans la colonie d’Efrat, soucieux “de la liberté en Israël”. Pour financer le projet, un autre américain : le multimilliardaire Arthur Dantchik, comme l’a découvert Haaretz. Koppel et Dantchik, dont les actifs sont évalués à 7,2 milliards de dollars, sont originaires du Queens, le plus grand des cinq arrondissements de New York. Les deux aiment opérer loin des projecteurs.
La réforme a donc été élaborée au fil des ans par le Kohelet Policy Forum conservateur, libertaire et d’inspiration religieuse et n’a jamais été discutée au niveau politique auparavant. Même le Likud n’en avait jamais parlé en interne, comme l’a admis le représentant du parti, Keti Shitrit, dans une récente interview. “On ne l’a pas préparé, c’est le Kohelet (qui en hébreu veut dire Ecclésiaste, ndlr)” qui a longtemps fourni des idées et des projets à la droite israélienne et a été publiquement remercié par l’ancien secrétaire d’État Mike Pompeo pour son soutien dans le changement la position américaine sur les colonies.
“Les tactiques de l’institut sont importées de Capitol Hill”, a expliqué une source citée par le Washington Post. Ainsi, parmi les programmes du think tank, il y a des rencontres avec des parlementaires conservateurs américains qui ne doivent plus être considérées comme incompatibles avec le droit international.
À l’heure actuelle, “l’équilibre délicat entre le courant dominant d’Israël et les ultra-orthodoxes qui acceptaient auparavant de dépendre d’une société libérale et prospère dotée d’un appareil militaire puissant est en train de se rompre. La nouvelle génération de politiciens religieux pense qu’Israël laïc viole le Shabbat ou qu’ils ne sont pas attentifs à la pudeur des femmes, que cela entrave l’arrivée du Messie, donc elles essaient de réécrire la vie des Israéliens », a commenté Yofi Tirosh, vice-doyen de la faculté de droit de l’Université de Tel-Aviv.
Le député et ancien colon de Cisjordanie Simcha Rothman, président de la commission de la Knesset suite à la réforme, a engagé le chercheur Kohelet Shimon Nataf comme conseiller juridique. D’autres employés du groupe de réflexion ont commencé à participer aux négociations de réforme entre les personnalités de la coalition et de l’opposition hébergées dans la résidence du président.
