Israël 1948 : l’ouvrage de référence de Benny Morris sur la fondation d’un État a été publié en allemand

Stand : 30.01.2024 | Temps de lecture : 4 minutes

SDepuis des semaines, des mois et malheureusement des années, l’agression verbale d’une scène artistique, culturelle et académique postcoloniale et progressiste contre Israël, le judaïsme et la mémoire de l’Holocauste n’a pas cessé. Cela a commencé avec le chercheur Achille Mbembe (2020), s’est intensifié à la Documenta en 2022 et a été particulièrement inquiétant après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. À une époque où règne un antisémitisme latent et manifeste dans le milieu universitaire, il reste important de noter qu’il existe des éditeurs et des universités qui restent déterminés à éduquer les gens. Celui basé à Oldenburg Société pour l’éducation critique (GFKB) s’efforce constamment – dans l’esprit de la théorie critique de Max Horkheimer et Theodor W. Adorno – d’assurer une éducation politique analytique, qui se perd de plus en plus dans la génération Greta.

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Le réseau de recherche GFKB doit être mentionné positivement car il est apparu récemment avec divers écrits sur la critique du postcolonialisme, par exemple avec des contributions à l’anthologie « Le souvenir est la forme la plus élevée d’oubli ? (Ré)interprétations de l’Holocauste et la controverse des historiens 2.0 » (publié par Criminal Publishing House). Le livre « Antisémitisme et théorie postcoloniale » d’Ingo Elbe est annoncé pour avril aux éditions Tiamat. En outre, le GFKB a récemment rendu disponible en allemand un ouvrage standard sur l’histographie d’Israël – publié dans une traduction impeccable par Hentrich & Hentrich – à savoir l’étude « 1948. La première guerre israélo-arabe par Benny Morris.

Benny Morris fournit des informations générales

Morris est un historien israélien né en 1948, émérite de l’Université Ben Gourion. Il est devenu connu comme l’un des « nouveaux historiens » dans les années 1980, lorsque les archives des renseignements militaires israéliens ont été ouvertes. Le fait qu’il ait examiné de manière critique l’histoire fondatrice d’Israël, par exemple dans son étude « La naissance du problème des réfugiés palestiniens » de 1987, l’a rendu temporairement citable dans les cercles critiques d’Israël. Mais Morris n’a jamais été un antisioniste qui remettait en question le droit d’Israël à exister ; Au contraire, après la Deuxième Intifada – également dans le WELT – il a mis en garde à plusieurs reprises contre un nouvel Holocauste, il a évoqué les dangers que représentent un Iran nucléaire et terroriste et le Hamas, dont la charte appelle depuis 1988 à la destruction d’Israël.

En tant qu’étude historique, « 1948 » propose une chronologie approfondie des événements dans le contexte de la fondation de l’État israélien. Dans un document détaillé de 550 pages et de nombreuses notes, Morris fait d’abord référence au contexte, au plan de partage de l’ONU de novembre 1947.

Ce qui suit est une description des différentes phases du conflit militaire, qui a débuté en 1947 sous la forme d’une guerre civile qui a duré plusieurs mois dans ce qui était alors encore sous mandat britannique et qui a culminé avec une invasion panarabe immédiatement après la fondation de l’État d’Israël. le 14 mai 1948. Morris traite des différentes étapes de la guerre – depuis l’armistice (du 11 juin 1948) en passant par les opérations Yoav, Hiram et Horev jusqu’aux accords d’armistice bilatéraux de janvier 1949 – avec de nombreuses cartes, mais aussi avec 18 pages d’images de reportages contemporains la photographie.

Ouvrage standard sur la fondation d’un État

Avec tous ses détails minutieux, l’étude est particulièrement précieuse pour les études historiques, mais elle peut aider le grand public intéressé à dissiper les mythes et légendes entourant la fondation de l’État d’Israël, qui sont également répandus dans le monde germanophone. Morris, qui consulte les archives israéliennes et internationales ouvertes depuis les années 1980, se caractérise par une approche sobre et documentaire qui contraste agréablement avec les deux autres ouvrages standards récents, plus partisans, sur le conflit de 1948 : « La Palestine trahie » d’Efraim Karsh ( 2011) et le livre d’Ilan Pappé « Le nettoyage ethnique de la Palestine » (2007).

Les lecteurs allemands qui connaissent et apprécient le point de vue de Dan Diner sur la Palestine juive avant et pendant la Seconde Guerre mondiale peuvent bien comprendre Morris. L’édition allemande de l’ouvrage standard de Morris est instructive et réussie, même pour les non-historiens, notamment grâce à trois ajouts utiles. Tout d’abord, à travers une conversation préliminaire au cours de laquelle Morris explique et explique ses découvertes de 2023. Deuxièmement, un avant-propos du politologue Jörg Rensmann explique clairement pourquoi cet « ouvrage standard détaillé de Benny Morris, indispensable également aux débats rationnels en Allemagne », contribue à diffuser des données et des faits vérifiables plutôt que des récits. “Tant que les autorités palestiniennes et la politique étrangère allemande n’indiqueront pas clairement que des millions de personnes qui ne sont pas nées en Israël n’ont pas de droit au retour au cœur d’Israël, il n’y aura pas de paix.”

Troisièmement, Stephan Grigat, professeur de théorie et de critique de l’antisémitisme à l’Université catholique de Rhénanie du Nord-Westphalie, explique dans une postface intéressante pourquoi le débat allemand sur Israël et la Palestine ne peut plus se cacher derrière des représentations unilatérales et anti-israéliennes. . Presque tous ceux qui commentent en Allemagne le complexe de la Nakba, c’est-à-dire la fuite et l’expulsion des Palestiniens en 1948, sont influencés par les écrits de l’activiste antisioniste Ilan Pappé. Cela pourrait enfin changer maintenant, avec Morris.

Benny Morris : 1948. La première guerre israélo-arabe. Publié par la Society for Critical Education. Traduit de l’anglais par Johannes Bruns et Peter Kathmann. Hentrich & Hentrich, 644 pages, 32 euros