Les multiutilities du Nord sont prêtes à concourir pour Egea Energia. Selon les rumeurs, Iren serait prête à entamer des négociations avec le distributeur d’énergie et de gaz Alba, en difficulté en raison de la crise énergétique. Son intérêt s’ajoute à celui déjà formalisé par A2A. La société lombarde a confirmé jeudi des contacts avec Egea, précisant que les pourparlers entamés ne sont pas contraignants : jusqu’à quand ?
C’est ce qu’Iren devrait vérifier la semaine prochaine en rencontrant le top management d’Egea. Ces derniers jours, la société détenue par la municipalité de Turin aurait envoyé à Egea une lettre officielle pour confirmer son intérêt à évaluer un partenariat stratégique, en raison des synergies et des garanties pouvant être obtenues avec les activités menées par Iren dans la région du Piémont . Des collaborations qui seraient plus compliquées à créer avec des opérateurs d’autres régions.
La société présidée par Luca Dal Fabbro avait déjà eu une première rencontre ces derniers mois avec la direction du groupe Alba. L’objectif, prôné par le PDG Vittorio Armani, était de créer une multi-utilité dans le Nord-Ouest capable de rivaliser avec A2A. L’opération s’est ensuite essoufflée, mais pourrait désormais s’avérer indispensable pour alléger la pression financière de la holding dirigée par PierPaolo Carini.
Les opérateurs du marché confirment également que les discussions informelles entre Iren et Egea se sont poursuivies ces derniers mois, notamment à la lumière du soutien que la première avait offert à la seconde dans la période difficile qui a suivi la crise énergétique. Iren est donc intéressée à étudier le dossier et, comme mentionné, il pourrait y avoir bientôt les premiers contacts entre la direction des deux sociétés.
La guerre en Ukraine a pris le groupe d’Alba en plein programme d’investissement. La flambée des prix du gaz a ébranlé les bilans d’Egea Commerciale, la branche de l’entreprise qui achète de l’énergie aux grands producteurs et la revend à plus de 280 000 clients. L’entreprise rencontre des problèmes sur les deux fronts. Certains clients ont commencé à payer en retard. Selon un rapport d’Alvarez & Marsal, au 31 octobre, les crédits en souffrance s’élevaient à 86,8 millions, dont 48,2 auprès des entreprises, 21,8 auprès des consommateurs. Parallèlement, les dettes d’Egea envers des fournisseurs tels que Terna, Edison et Enel s’élevaient à 101,4 millions d’euros au 31 décembre, dont 74,8 échus. A cela s’ajoute le plan d’acompte de 107,7 millions d’arriérés d’impôts.
Pour faire face à ces obligations, Egea a signé en décembre un prêt de 125 millions avec Macquarie Bank, remboursable d’ici juin 2023. Le contrat prévoit que le géant australien peut exiger le remboursement immédiat du prêt et le paiement d’intérêts en cas de survenance de certaines circonstances. Les accords annexes exigent également qu’Egea et sa filiale maintiennent certains paramètres de fonds propres et de trésorerie, dont le respect est vérifié trimestriellement.
D’où la nécessité pour la multi-utilité d’Alba de procéder à une opération de restructuration, telle que définie par le PDG Marco Meo en confirmant la due diligence entamée avec A2A. La manœuvre pourrait aboutir à la vente de la majorité du groupe Egea, actuellement contrôlé par la famille Carini et détenu par différentes municipalités. Lors de la première tentative en mars 2022, Iren avait mis 120 millions sur la plaque pour racheter Egea Commerciale. L’inclusion du rival lombard pourrait faire monter les enchères. Des échéances financières se profilent cependant, raccourcissant le temps des négociations.
