Le sud-est du Brésil est confronté, depuis la nuit de vendredi à samedi, à des intempéries qui ont causé la mort d’au moins 23 personnes – huit dans l’État de Rio de Janeiro et 15 dans l’État voisin d’Espirito Santo – et ont laissé sans abri des milliers de personnes, selon un dernier bilan établi ce dimanche. Les autorités ont décrit une situation chaotique dans la ville de Mimoso do Sul, au nord de Rio, où d’autres victimes pourraient encore être découvertes.
« Chaud comme l’enfer »
La tempête et ses fortes pluies sont dues à l’arrivée d’un front froid, qui contraste avec la vague de chaleur extrême qui a sévi dans la région la semaine précédente. Le dimanche 17 mars, la température ressentie a atteint 62,3 °C à Rio. “Un record sur le papier mais la différence était imperceptible avec les 61 °C ressentis la veille ou les 59 °C de l’avant-veille”, rapportent Marie et Christophe Saliou.
Ce couple de Brestois s’est récemment installé, avec leurs trois enfants de 19, 13 et 7 ans, dans un quartier du sud de la ville, célèbre pour son carnaval, ses plages et sa statue du Christ rédempteur. Depuis leur arrivée au Brésil le 5 janvier, ils n’ont pas eu beaucoup besoin de vêtements chauds. “Depuis trois mois, à Rio, il fait chaud comme l’enfer”, témoigne Marie. Même lorsque le thermomètre indique 34 °C, les immeubles, le trafic, le manque d’air… font que la température ressentie en ville peut facilement grimper de 20 degrés.”
La famille, qui vit dans un petit appartement, n’utilise la climatisation que de manière économique car l’électricité est chère – leur facture mensuelle s’élevant à 200 euros. Un luxe dont ne disposent évidemment pas les habitants des favelas, ces bidonvilles aux toits de tôle où vivent 40 % de la population. “Les Brésiliens s’inquiètent des étés qui s’allongent et des vagues de chaleur un peu plus intenses et durables à chaque épisode, affirme-t-elle.
Catastrophes naturelles à répétition
Ce dimanche, à Rio, la pluie a fait chuter la température à 24 °C. “On respire enfin!”, soupire l’expatriée bretonne, heureuse de goûter “une fine pluie typiquement brestoise” – rien à voir avec les torrents d’eau et de boue qui ont dévalé les rues de Petrópolis, à 70 km au nord.
L’État de Rio n’avait pas minimisé l’alerte météo: “Les écoles étaient fermées ce vendredi, les employés ont quitté leur travail plus tôt et un festival a été annulé. Tant de précautions nous ont un peu surpris. À Brest, la vie s’arrête lorsqu’il fait 40 °C. Ici, on redoute davantage les petites pluies qui persistent que les averses tropicales éphémères”, commente Marie, qui a vu un pan du mur végétal en face de son logement s’effondrer après trois heures de pluie, et les égouts déborder dans la mégapole aux rues en pente.
Le président brésilien, Luiz Inácio Lula da Silva, a exprimé sa préoccupation face aux tragédies qui “s’intensifient avec le changement climatique”. Le Brésil, un vaste pays de 215 millions d’habitants, doit faire face à une série de catastrophes naturelles. De fortes pluies avaient déjà causé la mort de 241 personnes en 2022 à Petrópolis. Dans cette ville touristique, 300 mm d’eau sont à nouveau tombés en 24 heures. D’importantes précipitations étaient encore attendues ce dimanche dans les montagnes et au nord de Rio.