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Inégalités sociales et économiques au Sénégal : la bombe sociale instable

Inégalités sociales et économiques au Sénégal : la bombe sociale instable

Les conversations dans les salons des nantis tournent autour de l’argent, des villas luxueuses et des accouchements aux États-Unis. Les nouveaux riches prennent possession des terres et leurs enfants gâtés volent les militants cachés dans les coffres-forts de leurs pères, faisant des rodéos bruyants entre la Corniche et les Almadies la nuit tombée. Notre société est injuste. Dans les banlieues, les parents se donnent corps et âme pour assurer un repas quotidien à leurs enfants. Dans les villages, les femmes continuent de travailler dur en pilant le mil, en ramassant du bois et en cherchant de l’eau.

Pendant ce temps, les riches se font soigner dans des cliniques et des hôpitaux à l’étranger, tandis que les pauvres luttent pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste dans les trois mois. Les femmes accouchent encore sur des charrettes sur des routes cabossées. Les agriculteurs pauvres n’ont plus de bonnes graines et ont de plus en plus de mal à payer les engrais coûteux. Les éleveurs envient les vaches grasses des riches éleveurs, qui produisent tellement de lait qu’elles enrichissent encore plus leurs propriétaires fortunés.

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Il y a des écoles pour les enfants de riches avec des classes à très faible effectif, tandis que d’autres enfants sont entassés dans des salles de classe mal éclairées ou dans des paillotes en plein soleil. Modou se cache pour ne pas payer son loyer, tandis que son cousin peut maintenant se permettre de construire des maisons et de posséder des terrains convoités grâce à son emploi dans l’appareil d’État.

Les nouveaux riches se barricadent dans leurs quartiers huppés, à l’abri des regards curieux, tandis que les riches commerçants et entrepreneurs vivent parmi la population, apportant assistance et solidarité à leurs proches. Leur richesse mal acquise doit être cachée. Pendant que les enfants des nouveaux riches étudient dans des écoles privées en Amérique et en Europe, les jeunes de banlieues et villages cherchent un moyen périlleux pour atteindre l’Europe, considérée comme leur seule occasion de réussir.

Chaque jour, la fracture entre les nouveaux riches et le reste de la population se creuse dangereusement. Le désespoir et la rancœur augmentent. Les billets distribués lors des élections ne suffisent plus pour étouffer la soif de justice et de refus de l’injustice grandissants.

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Les inégalités sont tellement criantes et l’arrogance des nouveaux riches est si insupportable que notre société est assise sur une bombe sociale instable. La pire des violences est la violence économique, sociale et culturelle. Prions pour que les sentiments justifiés de la population s’expriment dans les urnes, plutôt que dans les rues et les quartiers cossus.

Construisons patiemment, courageusement, intelligemment et pacifiquement les moyens humains, culturels et sociétaux pour transformer notre pays. Faisons de la rage de vengeance une force puissante, irrésistible et pacifique au service de la construction d’un pays pour tous. Après la pluie, viendra le beau temps. Que la protection divine vous accompagne en cette journée.

Professeur Mary Teuw Niane, Dakar, jeudi 4 mai 2023

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